Chapitre 15

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Le son du nettoyeur de la piscine me parvient tandis que je suis toujours et encore sur ce même transat, à regarder Los Angeles ainsi que les petits points noirs sur la plage. À l'intérieur, des bruits me sont parvenus mais je les ai simplement ignoré. Rien ne m'importe, j'en ai simplement marre. J'ai atteint un stade où même le chant apaisant des oiseaux me parait comme un son crée pour me rappeler à quel point ma vie est nulle. Mon stade de pathétisme bat les records. Au moins ai-je réussi une chose dans ma vie ! Je me remémore mes ambitions que j'avais il y a encore de cela quelques mois ... Celles d'aider ma mère dans les associations, faire un voyage pour abandonner un peu ma vie pour la consacrer aux autres, et aussi pour me trouver un petit boulot ainsi qu'un appartement loin du cocon familial lorsque je ne suis pas dans des pays exotiques.
Au final ? Je me retrouve avec un fiancé bien plus désagréable qu'il en a l'air au premier abord, un presque beau frère complètement attirant même si désagréable au possible et des journées désastreuses à me lamenter sur mon triste sort.

Décidément, je ne sais pas si c'est le karma ou bien le seigneur qui me fait endurer ça car j'ai fait baver mes parents. Peut-être ? Mais je trouve ma punition légèrement excessive. Des gens commettent de véritables crimes, et on m'embête moi pour avoir été une adolescente turbulente ?

- Je deviens complètement folle, je soupire en prenant mon visage entre mes mains après m'être rendue compte des âneries que j'accumule dans mon esprit.

- Je confirme, en tout cas tu as la tête et le look qui va avec.

Le mal de crâne revient au triple galop, comme si le reste ne suffisait pas. En plus de ça, Asher doit me voir dans cet état et redevenir l'homme aux remarques désagréables.

- J'ai passé une fin de soirée pas très agréable et un réveil encore moins agréable donc c'est pas le moment de venir me chercher Asher, je grogne tout en me redressant pour poser à nouveau mon regard sur la vue face à moi.

J'entends dans mon dos ses pas qui se rapprochent et mon coeur se serre. J'ignore pourquoi il me fait toujours avoir de drôles de sensations, même dans les pires situations. La fatigue est néanmoins bien présente, et tout ce que je souhaite à cet instant c'est de me débarrasser de tout mes problèmes.

- Je l'ai entendu, ça m'a même réveillé. Tu as une sacrée répartie, tigresse, ricane-t-il doucement.

Il se place à mes côtés pour regarder le paysage ensoleillé de cette belle matinée. Les mains dans les poches, il demeure silencieux quelques instants.

- Tu n'as pas l'air d'une prostituée comme ça, lâche-t-il.

Je me tourne vers lui mais pas la moindre émotion ne se lit sur son visage après ses dernières paroles. Sûrement à cause de l'ironie de la situation, je souris.

- Ça me touche de ta part.

- Ne t'y habitue pas, poursuit-il.

- Il y a peu de chance.

Un second silence s'installe avant que l'homme à mes côtés pose enfin un regard sur ma petite mine. Ses sourcils se froncent.

- Tu as vraiment une sale mine.

- Je m'en doute bien, merci, je marmonne en passant mes doigts dans mes cheveux pour essayer de retrouver un semblant de tête convenable.

- Je sais pas à quel point t'as pris une cuite hier, mais j'imagine bien le mal de tête que tu dois avoir. Allez viens, on va te trouver quelque chose.

Je le dévisage quelques instants d'un air ébahis tandis qu'il marche vers l'intérieur de la maison. Remarquant que je ne le suivais pas, il se tourne à nouveau vers moi avec une allure nonchalante, les mains toujours dans les poches.

- Ne t'inquiète pas, ton "fiancé" est parti à son boulot. Tu ne le croiseras pas de si tôt.

Cela finit par me convaincre même si une certaine tristesse s'empare de moi. Voilà à quoi je vais me marier, voilà à quoi je vais devoir faire face jusqu'à la fin de mes jours. Épuisée, des larmes de fatigue s'échouent sur mes joues mais je les essuie immédiatement. Asher se tait, toujours impassible, et attend que je me lève avec un regard presque attendri. Je dois rêver.

- Tu viens ? insiste-t-il en me voyant hésiter.

Je souffle bruyamment, bien trop fatiguée pour lutter, et me lève péniblement. À la suite d'Asher, j'entre dans la cuisine avant de m'effondrer sur un tabouret. Mes yeux suivent l'homme nonchalant avec attention tandis qu'il fouille dans un placard avant d'en sortir une boite de médicament.

- T'as de la chance, c'est bien la seule chose que je peux trouver dans cet endroit, avoue-t-il d'un air lasse avant de me tendre une plaquette.

J'en prends un et il range la boite avant de me demander ce que je veux à boire. J'hésite puis demande :

- Tu me servirais dans ta bonté d'âme un truc bien fort ?

- D'habitude j'aurais proposé à une fille autant de verres qu'elle souhaite chez moi mais toi tu n'as le droit qu'à un verre d'eau ou, demandé gentiment, un jus de fruit.

- Bah alors sers moi un verre d'eau, monsieur Pauvre Con.

- Fais gaffe à ce que tu dis ou je pourrais m'énerver, grogne-t-il tout bas en me tendant ma boisson sans grand enthousiasme.

- Merci, je lâche en roulant des yeux.

J'avale le médicament et le fais glisser avec plusieurs gorgées d'eau. Le silence s'installe ensuite entre nous deux pendant un temps et je me contente de regarder l'objet dans mes mains en faisant tournoyer doucement l'eau à l'intérieur, la mine songeuse.

- Enfaite, vivre avec toi n'as pas que des désavantages, déclare Asher en s'appuyant sur le mur d'en face, les bras croisés sur sa poitrine et son regard arrogant posé sur ma personne.

- Ravie de l'apprendre, mais aurais-tu la gentillesse de me dire en quoi ?

- C'est pas à moi que mon frère casse les couilles de bon matin.

Je ris doucement, sûrement un tic nerveux.

- Je suis heureuse que cela puisse t'aider.

Les sourcils froncés, il me dévisage, plutôt m'observe ou m'étudie même, du regard. Légèrement embarrassée par son regard pénétrant posé sur moi, je crains de rougir légèrement et détourne le regard vers la terrasse où j'étais auparavant, les baies vitrées offrant une vie parfaite sur le jardin.

- Tu l'aimes ?

- Tu connais la réponse.

Ma réponse était brusque, tranchante. Il parait à peine étonné et continue de me regarder avec une intensité déstabilisante.

- Pourquoi alors ?

- Je n'ai pas vraiment le choix.

- Je ne pensais pas que tu étais du genre de filles à faire ce qu'on lui dit de faire, tigresse, dit-il en haussant les sourcils, l'air mesquin.

- Désolé de te décevoir, mais je n'ai pas vraiment le choix.

- On a toujours le choix, réplique-t-il aussitôt.

- C'est sûr que toi, tes parents ont abandonné quand ils ont compris que tu étais un cas désespéré, je contre-attaque.

- Au moins je peux faire ce que je veux. Toi tu vas vivre avec un homme complètement chiant et encore, tu ne connais pas toutes ses facettes, dit-il d'un air songeur en lâchant enfin mon regard pour le poser dans le vide.

Je fronce à mon tour les sourcils. On s'imagine facilement qu'il ne se rappelle pas des souvenirs super agréable face à cette triste mine.

- Toutes ses facettes ? je demande d'un ton incrédule.

- Il n'est pas celui que tout le monde croit, gronde-t-il tout bas.

Je m'apprête à lui demander plus de détails, la curiosité piquée à vif, mais il se contente de s'en aller sous mes yeux écarquillés après m'avoir accordé un simple regard chargé de diverses émotions auxquelles je ne peux pas mettre de nom.

Que s'est-il passé entre eux enfin ?

FrénésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant