Chapitre 36 / Maia - Tyler

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- Réveille toi chérie ! Le petit-déjeuner est prêt ! chantonne un homme bien trop familier à présent en balançant à mes pieds un plateau.

Je louche d'un coup d'œil rapide la purée immonde qui se trouve devant moi. En voyant le sourire malsain qu'il m'adresse, je peux vous assurer que mes hôtes prennent un malin plaisir à m'intoxiquer en attendant le moment venu. Un regard noir le fait éclater de rire avant qu'il ne tourne les talons et me laisse une fois de plus seule.

Ma joue est douloureuse, tout comme mes poignets. En effet, la dernière visite m'a laissé d'innombrables entailles plus ou moins profondes. Celle au visage étant un avant-goût avant de s'occuper plus particulièrement de mes bras nus. Mon mutisme valait une entaille et la profondeur dépendait de l'importance de la question. Néanmoins, des fois c'était juste par pure plaisir de me voir souffrir.
Évidement, ils ont pris la peine de me soigner avec le strict minimum pour les plus importantes blessures afin d'éviter que je ne me vide de mon sang et demeure aussi consciente lors de leurs "jeux".

Encore une fois, mes yeux se posent sur la nourriture non loin de moi. Ils ont aussi un grand sens de l'humour étant donné que j'ai les poignets attachés, tout comme les chevilles. J'ignore alors le plat dégoûtant et ferme les yeux pour me concentrer. Tout en me remémorant mes cours des derniers moi, je cherche un moyen de me sortir de ce pétrin hors cela me paraît compliqué. Je ne connais pas du tout l'endroit où je me trouve, alors comment trouver la sortie ? D'autant plus que je suis affaiblie et pas armée.

Pitié Asher ... Vient me chercher !

~~~

Mes poings partent à toute allure et s'échouent sur le sac. La douleur qui nait sur mes phalanges ne compte pas le moins du monde, tout comme les traces que je laisse avec mon sang. Je ne peux plus m'arrêter depuis plusieurs heures, bien trop angoissé. Asher est enfermé dans son bureau et ne veut voir personne hormis les informateurs à propos de cette affaire et les autres sont dans leur coin en train de faire comme si de rien n'était. Mais tout ne va pas bien. Maia n'est pas là.

Pour la énième fois, je frappe dans le sac de toutes mes forces en espérant que le vide en moi s'apaise et disparaisse. Hors, chaque minute qui passe me plonge un peu plus dans l'idée de ne jamais la revoir. Encore un coup. Je refuse de la perdre comme ma sœur. À cette idée, je serre les dents et frappe toujours plus fort. Elle me manque et personne ne mérite de vivre ce qu'elle a vécu. Je ne survivrais pas une seconde fois.

Je cherche une explication à son absence, une raison valable. Tout est flou pourtant. Je ne parviens pas à trouver une raison rassurante pour expliquer qu'elle ne soit toujours pas à la maison. Si elle est entre les mains des Blue Devils, je ne veux même pas imaginer ce qu'ils lui feront subir.

La sueur se mêle au sang sur mes mains. La douleur n'est plus que lointaine et ne m'importe plus le moins du monde. Elle ne m'arrache même plus de grimace sous les coups que je donne. Au contraire, pendant même pas une seconde, cela me fait penser à autre chose avant que le visage de Maia ne se dessine encore dans mon esprit. Je frappe à nouveau mais elle revient en force.

Je suis à bout. Une larme, une seule, dégringole le long de ma joue et je m'effondre sur le sol. La tête entre les mains, j'essaie de me sortir de la tête l'image du cadavre de ma sœur avec, à ses côtés, celui de Maia. Je secoue la tête de droite à gauche, voulant chasser à tout prix ces images morbides. Une seconde larme s'échappe de mes paupières et se mêle à la sueur sur mon visage. Les poings en sang, je les retire de mon visage pour les regarder.

C'est alors que deux petits bras viennent s'enrouler autour de ma taille. La porte de salle s'est ouverte entre temps et je devine au parfum floral à qui appartient ses bras qui m'encerclent.

FrénésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant