Chapitre 3

5.8K 427 6
                                    

Aussitôt dit, aussitôt fait. En seulement quelques jours, mes valises étaient bouclées et j'étais mise à la porte par mes parents complètement excités à l'idée de ce mariage. C'était bien les seuls ! Je crois qu'ils ne comprennent vraiment pas le fait qu'ils sont en train de m'enchaîner pour le reste de ma vie à un homme, certes beau et riche, mais que je ne connais pas.

Lors de la soirée, son regard était principalement porté sur ma personne. Savait-il déjà que nous étions promis l'un à l'autre ? Est-ce lui qui a demandé ma main ?
Plus j'y pense et plus je trouve cette histoire surréaliste. Moi, me marier ? Forcée en plus ! Après avoir cherché pendant des nuits entières, sûrement mes dernières nuits en tant que femme libre, je ne comprends toujours pas ce que j'ai fait pour mériter mon sort.

Aujourd'hui, je me retrouve plantée devant une immense villa construite dans un des quartiers mondains de Los Angeles. L'air chaud et maritime, qui ressemble pourtant drôlement à l'air des vacances, ne parvient pas à apaiser mon mal-être. Les températures basses de New-York, le bruit des voitures, les rues bondées, tout ce que je maudissais auparavant me manquait à présent. Mon chauffeur a pris mes deux valises et je tiens quant à moi mon sac à main, le serrant de toutes mes forces. Il s'approche de la porte d'entrée alors que je reste stoïque quelques pas plus loin, près de la voiture. Je dois me faire violence pour ne pas retourner à l'intérieur et m'enfermer jusqu'à ce que l'on décide de me laisser vivre ma vie comme je l'entends. Malheureusement, je suis bien trop consciente que ce n'est pas une solution, même pas une possibilité. Donc, à contre coeur, je m'avance vers l'immense porte en verre qui s'entrouvre pour laisser apparaitre deux silhouettes.
Je retiens ma respiration et tout mon être se tend en découvrant le couple Henderson armé d'un sourire éblouissant.

- Maia, nous sommes tellement heureux de te revoir ! lance gaiement Christine en s'empressant de venir me claquer la bise sur les deux joues avant de saisir mes deux mains dans les siennes.

Elle était comme toujours magnifique, vêtue d'une jupe beige près du corps et d'un chemisier blanc où pend dans le décolleté un délicat pendentif en or. Malgré tout, je lui offre un léger sourire et elle ne semble pas prendre en compte mon malaise.

- As-tu fait bon voyage ? s'empresse-t-elle de me demander en indiquant d'un signe de tête au chauffeur de donner mes affaires à un de leur domestique.

- Christine, laisses la rentrer voyons, me secourt Charles en passant un bras autour des épaules de sa femme.

Je lui adresse un regard reconnaissant tandis que cette dernière lâche mes mains en retrouvant son sourire d'un blanc immaculé.

- Brandon n'est pas là pour l'instant. Il aurait voulu être présent pour ton arrivée mais il avait une urgence ... soupire Charles, son regard se voilant quelques instants.

Les sourcils froncés, je détaille l'expression encore étrangère à ma personne de cet homme. Jamais je n'ai jamais eu la chance ou le malheur de le voir autrement que souriant et plein de vie, tout comme sa femme, mais je dois avouer qu'il parait beaucoup plus commun, mais aussi intimidant, avec cette expression ... Pour ne pas qu'on s'éternise sur le sujet, j'hoche lentement de la tête, épuisée par le voyage. De toute façon, je ne lui aurai probablement pas adressé la parole et ça m'arrangeait qu'il ne soit pas là pour le moment. En attendant qu'il rentre, je peux tranquillement m'habituer à ma nouvelle demeure. Est-ce que je retrouverai encore ma maison d'enfance avant de me marier ? Aucune idée ... Même si j'ai encore l'espoir que mes parents reviennent à la raison.

- Bien, on va te conduire dans ta nouvelle chambre en espérant qu'elle te convienne, déclare Charles en adoptant à nouveau son air enjoué.

L'homme qui avait saisi mes valises me fait signe avec un sourire professionnel de le suivre et je ne me fais pas prier plus longtemps. On arrive rapidement dans un escalier qu'on gravit pour se retrouver dans un couloir où se trouvent sur les murs plusieurs portes. Il s'avance jusqu'à celles du fond et m'indique celle de droite. J'entre la première et tombe face à une chambre grande et épurée, aux murs blancs, au lit imposant recouvert de draps gris et remarque deux portes dans un coin de la pièce. J'explore et tombe évidemment sur un dressing et une salle d'eau tout à fait convenable ! Une fois sortie, mes valises trônaient à l'entrée et le domestique s'était poliment éclipsée.
Ma chambre était simple : un lit, une commode et un miroir. J'ai au moins le loisir de la décorer comme bon me semble ! Sur la commode, je remarque un vase rempli de roses rouges qui étaient accompagnées d'un mot : « En espérant que tu aies fait bon voyage ... B. »

Au moins je sais qu'à l'avenir, si il est beaucoup absent j'aurai la chance d'avoir des fleurs pour me remonter le moral ! J'en suis ravie ... Je soupire et balaye une fois de plus ma chambre du regard. Je n'ai aucune raison de me plaindre, surtout qu'ils ont eu la décence de m'approprier une chambre à moi toute seule et de ne pas m'envoyer directement dans le lit de mon futur mari. Même si je suis plutôt contente qu'il ne soit pas là, je ne peux que faire remarquer que dès le début de notre "relation", Monsieur répond absent ... Comment ça se passera à l'avenir alors ?

Épuisée, je m'effondre sur mon lit et reste pendant un temps allongée ainsi sur le dos, les bras écartés de part et d'autre de ma tête. Le temps se faufile sous mon nez pendant que je me torture à nouveau l'esprit au sujet de ces jours à venir. Comment ça va se passer ? Mon estomac se noue et se dénoue dans mon ventre, sans cesse. J'angoisse comme jamais et hésite à envoyer un message à Shawn mais il est près de 17:00 et il doit sûrement courir comme à son habitude à cette heure là dans les rues de New-York ... Qu'est-ce que je l'envie ! Pas de courir. Je n'ai jamais aimé courir, même si il a souvent essayé de me convertir à son footing habituel, mais je l'envie de se balader dans les rues de New-York, puis de rentrer chez lui ...

Je pose mes mains sur mon visage pour chasser toutes mes idées noires qui ne font qu'accroitre mon mal-être. Ça ne sert à rien. Ça ne changera rien. Peu à peu, mes paupières se font lourdes et, pour échapper quelques instants à tout ça, je sombre dans un profond sommeil ...

FrénésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant