Chapitre Deux

2.2K 82 83
                                    




Nous restons là, assis dans le salon à regarder le sol sans dire un seul mot, Prim toujours dans mes bras. Je sens les yeux de Gale posés sur moi, son regard me brûle et je sens immédiatement le rouge me monter aux joues. Il sait probablement que je fais tout pour reporter le moment auquel il faudra que je l'affronte, mais je veux avoir un moment de répit pour me laisser le temps d'encaisser tout ça et trouver une solution. Je le mérite bien, je crois, après ce baiser public. Ma sœur et ma mère doivent se douter de quelque chose, car elles sont tout aussi mal à l'aise que je puisse l'être. Que ça doit être étrange d'être dans la même pièce qu'une fille qui a tué pleins de gens innocents pour arriver à ses fins ! Je me demande s'ils ont peur de moi, ce qui est très probable, car moi-même je ne me reconnais plus.

Ma mère nous sort de cette ambiance désagréable en annonçant qu'elle va préparer le dîner. Je soupir de soulagement avant d'annoncer que je vais prendre un bain pour me calmer et me débarbouiller un peu avant d'aller à table. Je monte les escaliers à toute vitesse, de peur que Gale me suive pour me demander des explications. Je prends de vieux vêtements - ce sont les seules habits dont je me sens vraiment à l'aise à l'intérieur -, puis je me dirige vers la salle de bain. Je fais couler l'eau qui sort de plusieurs orifices en une sorte de chute, et en seulement une minute, la baignoire est déjà pleine. Sûrement que les gens riches n'aiment pas attendre, pourtant, ils n'ont rien de mieux à faire. Je mets un pied dans l'eau chaude et me brûle à son contact, mais malgré la douleur, je m'y glisse rapidement, car elle me rappelle que je suis belle et bien en vie. Je rentre ma tête sous l'eau, puis écoute les battements irréguliers de mon cœur, espérant que ce dernier retrouve la même fougue qu'auparavant.

Je sors du bain après une vingtaine de minutes. Je m'habille rapidement, me démêle les cheveux, puis descends les marches pour y trouver un merveilleux repas encore fumant sur la table de la cuisine. Une délicieuse odeur de viande parvient à mes narines et je ne peux m'empêcher de sourire. Comme la cuisine de ma mère m'avait manqué ! J'ignore comment elle pouvait s'y prendre, mais elle a toujours réussi à faire de très bons repas malgré les contraintes de nourritures. Mais ça, c'était seulement lorsqu'elle allait assez bien pour mettre la main à la pâte, parce que sinon, c'est évidemment moi qui héritait de cette tâche. J'ai appris à m'y faire au fil du temps, mais ce n'était pas toujours facile en considérant mon jeune âge...

- Tu arrives juste à temps ! Je viens de le sortir du four, annonce ma mère, le sourire aux lèvres.

- Merci, je suis sûre que ça va être délicieux.

Je m'assois à table tout en réalisant que Gale n'est plus là. Une boule se forme dans ma gorge et j'ai soudain de la difficulté à respirer. Pourquoi m'a-t-il quitté ainsi, sans même prendre la peine de me dire au revoir ? Il ne réalise donc pas à quel point j'ai besoin de lui, maintenant plus que jamais ? Je sais que c'est égoïste de ma part de lui demander de rester auprès de moi et de ne pas lui offrir mon amour en retour, mais je ne peux pas m'en empêcher. Depuis mes douze ans, il a toujours été présent pour moi et maintenant que j'affronte la chose la plus difficile de ma vie, il me laisse toute seule pour surmonter tout ça. Je me ressaisis pourtant rapidement, ne voulant pas avoir l'air troublé par quoi que ce soit. Je fais alors comme s'il n'avait jamais été là et me sers à manger comme si de rien n'était, refusant de montrer à ma famille qu'au fond, j'ai mal. J'ai tout de même de la difficulté à contrôler mes émotions et mes yeux commencent à me piquer considérablement. Je suis furieuse contre lui, car je n'aurais jamais réagi de cette façon si la situation avait été inversée. J'aurais tout fait pour l'aider à oublier. Encore une fois, il agit comme un enfant.

- Ça va Katniss ?, me demande ma sœur, inquiète de me voir ainsi.

- Oui, j'ai juste... Une poussière dans l'œil... Ou quelque chose du genre..., répondis-je en m'efforçant de prendre un air indifférent, qui n'est sûrement pas très convaincant.

La Naissance d'un AmourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant