Chapitre Onze

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Lorsque je rentre à la maison, je retrouve Prim en train de lire l'un de nos nombreux romans, bien installée devant le foyer. Elle se tourne immédiatement vers moi avec le visage rayonnant, puis ferme son livre avant de s'asseoir sur le divan tout en tapotant d'une main la place à côté d'elle pour me demander de venir la rejoindre. Je soupire en roulant les yeux au ciel tandis que je prends place à sa suite, incapable de lui refuser quoi que ce soit.

- Tu n'avais pas des devoirs à faire toi ?

- Oh oui oui, je les ai terminés il y a une dizaine de minutes, me répond-elle avec l'envie de rire.

- Tu n'es qu'une petite peste, j'espère que tu le sais !, lui dis-je en chatouillant ses côtes, voulant en quelque sorte la punir pour son comportement.

- C'était plus fort que moi ! Il fallait que je vous laisse un moment juste les deux.

- Prim... Tu sais que je ne veux pas de petit-ami. Tu lui fais du mal pour rien.

Sa joie de tout à l'heure disparaît d'une seconde à l'autre, la remplaçant avec un sérieux qui est très rare chez elle. Son expression me prouve qu'elle veut discuter avec moi comme une adulte. Elle le fait de temps en temps et c'est devenu encore plus fréquent depuis mon retour des Jeux, me prouvant une énième fois à quel point elle a grandi.

- Et s'il était le garçon qui réussirait à te faire changer d'idée sur les relations amoureuses ?, me questionne-t-elle doucement, comme si elle voulait me laisser le temps d'assimiler cette possibilité.

- Je ne pense pas...

- Mais comment vivre sans amour ?

- Prim, je suis parfaitement bien comme je suis, avec maman et toi.

- Un jour, je vais me marier et partir de la maison. Tu ne resteras certainement pas seule pour le reste de ta vie, à vivre avec maman !

Ça me fait étrange d'entendre une telle chose sortir de sa bouche. Oui, un jour elle va se marier et avoir des enfants, mais pour moi, elle restera toujours mon petit canard. Ce sera sans aucun doute une immense épreuve de la laisser s'envoler de la sorte... Je ne pense que très peu à ce moment-là, ça me donne à chaque fois un sentiment de vertige qui prend un temps fou avant de disparaître. Elle a raison en disant que rester avec ma mère toute ma vie est absolument pathétique. Pourtant, j'ai encore plus de difficulté à m'imaginer vivre seule avec un garçon.

- C'est dans encore bien longtemps, pourquoi penses-tu à ça ?, lui chuchotais-je en jouant nerveusement avec mes mains.

- Parce que ça ne sera plus le moment de trouver l'homme de ta vie lorsque je serai partie. Les meilleurs seront tous pris. Et Peeta assurément le premier.

- Alors tant mieux pour lui s'il trouve la personne avec qui il sera bien !

J'essaie soudainement de l'imaginer dans quelques années se marier et avoir des enfants avec une fille de la Ville, mais j'en suis pourtant incapable, ça me procure immédiatement une sensation étrange dans le ventre. Je remplace alors inconsciemment cette fille pour moi-même et je ne peux retenir une petite grimace de faire surface sur mon visage. Je ne devrais pas penser à une telle possibilité, car je sais que ça n'arrivera pas. De toute façon, je ne veux pas que ça arrive.

- Tu me décourages tellement !, m'accuse Prim en se tapant le front de façon complètement théâtrale. Au moins, il peut être ton ami, non ?

- Et si la même situation que je vis avec Gale se produit ?

- Peeta n'est pas comme Gale.

Ça je le sais parfaitement bien. Tout en lui est différent de mon meilleur ami. Jamais je n'aurais envisagé passer d'un garçon comme Gale à un garçon comme Peeta.

La Naissance d'un AmourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant