Chapitre Trente-Cinq

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Je passe toute la soirée dans ma cabine, bien trop troublée pour me montrer à qui que ce soit dans un état aussi lamentable. De toute manière, je n'ai envie de discuter avec personne, je suis bien trop furieuse et risquerais de m'en prendre à Effie si elle venait à parler de n'importe quoi qui est relié aux Hunger Games. Même si une montée d'affection m'est apparue depuis quelque temps pour ce personnage des plus excentriques, elle vient néanmoins du Capitole, là où vivent tous ces gens exécrables qui ne savent pas faire la différence entre le bien et le mal.

Je me retrouve donc étendue dans mon lit à réfléchir aux derniers événements avec un goût amer dans la bouche. Si au moins Peeta était là avec moi... J'en ai assez d'être laissée à moi-même, j'aimerais sentir ses bras sécurisants autour de mon corps ainsi que son torse robuste contre le mien. On n'aurait même pas besoin d'échanger un seul mot, juste être ensemble comblerait parfaitement mon petit coup de cafard. Je prends soudain un mouvement de recul en réalisant que jamais au grand jamais j'aurais voulu la présence de quelqu'un à mes côtés dans ce genres de moments si j'étais encore 'la Katniss d'avant les Jeux' et, surtout, 'la Katniss d'avant Peeta'... C'est fou comme il me manque. Nous avons cessé de nous parler pendant près d'un mois et juste pour me titiller un peu, je dois l'embrasser comme une déchaînée avant de partir, ce qui fait évidemment en sorte que ce rapprochement ne me sert à rien d'autre que souhaiter en avoir un second au plus vite et c'est malheureusement impossible.

Je prends l'un de mes oreillers et l'enfonce sans ménagement dans mon visage en espérant faire disparaître la moindre pensée de mon esprit, quitte à manquer d'air, mais ça ne s'avère pas du tout efficace. Je dois absolument cesser de réfléchir sans arrêt, surtout à mon garçon des pains, ça n'améliore jamais ma condition puisque ça ne fait que me rendre encore un peu plus dépressive. Mon grognement se fait étouffer dans la matière moelleuse avant que j'entende à moitié la voix d'Effie qui me dit de sortir de ma cachette en m'annonçant que le trajet est presque terminé.

Je me lève en rejetant le coussin sur le matelas avec un horrible nœud dans l'estomac à la pensée de revoir cette ville que je déteste tant en plus de devoir faire face avec le pire homme que la terre ait jamais porté. J'avance à pas lourds jusqu'à la porte que j'ouvre après une grande inspiration servant à me ressaisir. J'ai beau ne pas être dans mon assiette, les autres n'ont pas l'obligation de me voir ainsi pour autant. Mes problèmes restent mes problèmes et je n'ai pas à les démontrer à qui que ce soit.

- Revoilà enfin ton jolie visage !, dit-elle gaiement en me donnant un petit coup sur le nez avec son index.

Je me force à lui faire un sourire, appréciant soudainement sa joie presque contagieuse qui réussit à me remonter un peu le moral. Ce n'est certainement pas Haymitch qui le ferait d'ailleurs ! Je la suis alors jusqu'à mes préparateurs qui me font quelques retouches maquillage et coiffure avant de m'insérer dans une tenue assez simple de Cinna. Je suppose que ce dernier garde la plus belle de ses créations pour l'événement de ce soir qui se déroulera chez nul autre que le président Snow. Quelle chance que j'ai !, pensais-je subitement en me renfrognant un peu plus, mais je n'essais toutefois pas de le faire paraître à Venia qui s'occupe de me repoudrer le visage.

Enfin prête, les portes du train s'ouvrent en grand, me laissant à la vue d'une foule de gens venue pour m'accueillir. Je les salue comme je le dois en tant que vainqueur avant de m'engouffrer dans un véhicule qui m'emmènera jusqu'au bâtiment du centre d'entraînement. Dès que celui-ci apparaît parmi tous les édifices plus hauts les uns que les autres, je me retrouve à nouveau avec un malaise qui refuse de me quitter en repensant à ce que ce lieu représente et que je reverrai malencontreusement année après année. J'y retrouve d'ailleurs Ceaser Flickerman, toujours aussi éblouissant dans son ensemble tout en bleu et c'est sans parler de ses dents qui pourraient - j'en suis certaine - me faire perdre la vue face à leur blancheur éclatante. Il m'accapare d'un nombre ridicule de questions qui tournent souvent autour de Peeta et de mon supposé talent qu'il trouve absolument à couper le souffle, tandis que j'ai l'impression que ce manège lassant ne va jamais se terminer. Il me libère enfin après je ne sais combien de temps - probablement une éternité - et je peux enfin regagner un peu de solitude dans le penthouse qui est réservé au District 12 lors des Jeux annuels. Je le fixe avec un œil mauvais alors qu'une bouffée d'angoisse apparaît dans mon ventre en me rappelant tous les sentiments bouleversants que j'ai dû affronter il n'y a que six mois dans ce même endroit. Heureusement, je n'ai pas vraiment le temps de m'abandonner à mes pensées très longtemps puisque mes préparateurs me retrouvent une seconde fois aujourd'hui pour me faire une véritable beauté pour la soirée qui se déroulera dans quelques heures.

La Naissance d'un AmourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant