Chapitre Dix-Huit

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Je suis là, à attendre en me rongeant les ongles que la sonnerie annonçant la fin des cours résonne. J'essaie de mon mieux d'arrêter d'être aussi nerveuse, mais ce n'est pas très efficace. Je remarque soudainement que mon index est en train de saigner après avoir arrachée un trop gros bout de peau avec mes dents. Le carillon nasillard du bâtiment scolaire se fait entendre tandis que ma tête commence à me tourner après qu'une goutte de ce liquide rouge se soit retrouvée malencontreusement sur ma langue. Je déteste la vue du sang et encore plus son goût de fer totalement dégoûtant. Plusieurs diraient que ce fluide représente la vie, car sans ce réseau de veines dans notre corps, nous ne pourrions vivre, mais pour moi, avec mes pensées noires et mes mauvais souvenirs, ce rouge sombre est un signe de mort. C'est ce qui afflux de nos plaies lorsque nous sommes blessés, lorsque nous sommes si proche de quitter ce monde si injuste, lorsque nous sommes sur le point de laisser tous les gens qu'on a aimé pendant notre existence derrière nous. Beaucoup s'entendraient pour dire que je suis totalement cinglée, mais s'ils avaient vécu le tiers de ce que j'ai dû affronter, ils comprendraient peut-être un peu plus mon point de vue.

Je détourne mon attention pour ne plus penser aux choses horribles que j'ai en tête. Je m'efforce donc à me focaliser sur Peeta que je vois au loin pour ne pas perdre connaissance, mais lorsque je fixe à nouveau mon doigt et que je remarque que la quantité de ce liquide rougeâtre a encore augmenté, je me sens défaillir peu à peu. Le sang m'a toujours répugné, mais là, c'est pire que jamais.

La dernière chose que je vois est le visage inquiet de Peeta qui regarde en plein dans ma direction. Malheureusement, faible comme je suis face aux tourbillons d'émotions que je ressens devant ses yeux qui me bouleversent toujours autant et face à ce saignement qui fait remonter en moi des images que je tente d'oublier, je suis de plus en plus étourdie, et même si j'essaie de me rattacher à un arbre, je finis par tourner de l'œil et tomber au sol.

Quelques secondes plus tard, je me réveille avec une douce odeur qui me chatouille les narines. Des bras des plus sécurisants me soutiennent, m'empêchant ainsi de me retrouver entièrement sur le sol rocailleux de la cour d'école. Le derrière de ma tête me fait mal, mais j'ai déjà vécu bien pire. Je cligne lentement des paupières et constate, plus ébranlée que jamais, que le torse robuste sur lequel je suis à moitié étendue est celui du garçon des pains. Je crois un instant rêver, mais sa voix me parvient et je réalise que tout est bien réel. Je suis pourtant incapable de dire un seul mot, toujours sur le choc par cette situation embarrassante. Je sens parfaitement bien les muscles de son ventre et de ses bras, ce qui me fait rougir immédiatement. Mon cœur accélère et je prie pour ne pas qu'il le remarque.

- Hey Katniss ! Tu m'entends ?, répète-t-il alors que je réussis à émettre un grognement pour ne pas qu'il s'inquiète d'avantage sur ma condition.

Qu'on prenne pitié de moi est la dernière chose que je voudrais. Je retrouve peu à peu mes sens et ne prends pas de temps avant de constater qu'il y a un attroupement de gens autour de nous qui ne cesse de chuchoter entre eux. Je sens mes joues me brûler encore plus dû au malaise que je ressens devant autant d'attention, surtout dans la position dans laquelle je me trouve... Peeta semble le remarquer, car il me souffle gentiment :

- Tu penses être capable de te lever ?

J'acquiesce de la tête et tente de me mettre sur mes deux pieds, mais dès que je suis debout, je sens mon malaise réapparaître alors qu'il essaie de me retenir tant bien que mal. Tout ce que je désire en ce moment est de disparaître et que tout le monde oublie ce petit spectacle que je viens d'offrir à tous. Peeta n'aide en rien à essayer continuellement de me soutenir pour ne pas que je retombe. Quel beau duo nous offrons ! N'avions-nous pas assez de rumeurs à notre sujet ? Cependant, tout ça ne semble pas le déranger. Bien qu'il a encore cet air d'inquiétude plaqué sur le visage, je sais que ce n'est pas à cause du jugement des autres, mais bien à cause du soucis qu'il se fait pour moi.

La Naissance d'un AmourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant