Chapitre Quinze

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Je me précipite vers la Ville et plus j'avance, plus que je réalise que l'idée de demander à Peeta de me peindre des toiles pour mon talent n'est peut-être pas la meilleure qui soit. Prim a raison. C'est dangereux, énormément dangereux. Si le Capitole l'apprenait, je pourrais courir de grands risques. Je sais à quel point ils peuvent être sévères parfois dans leurs pénitences, surtout envers leurs vainqueurs... Pourtant, je ne m'arrête pas pour autant et continue ma route, résolue de n'en faire qu'à ma tête et pour une fois, ne pas suivre à la lettre toutes les règles que je me fais imposer par ceux qui contrôlent maintenant ma vie.

Je ne suis plus très loin maintenant, je suis capable de percevoir l'odeur de la boulangerie parmi tous les autres produits de la Grand-Place. Cette senteur n'est peut-être que l'effet de mon imagination à force de penser au garçon des pains, mais ça m'a l'air tellement réel que je me rattache à ça pour me redonner courage et ne pas rebrousser chemin.

Lorsque j'entre dans la boutique, j'ai un soudain sentiment de rébellion envers le Capitole qui m'envahi. Je devrais en avoir peur, faire marche arrière, mais je me retrouve à apprécier cette sensation de quasi-liberté.

Cependant, mon inexplicable joie disparaît aussi vite qu'elle a pu apparaître lorsque le regard glacial de la mère de Peeta m'accueil. Moi qui croyais avoir droit aux magnifiques yeux océans de son fils, je me suis bien trompée ! Elle s'empresse pourtant de me faire un sourire et devant ce changement de comportement, je me dis que son attitude envers moi me semble être une pure comédie. Elle ne voudrait surtout pas faire fuir une cliente potentielle de sa boutique, surtout si c'est la personne la plus riche du District !

Je dois me faire de fausses impressions, c'est la mère de Peeta après tout, elle ne peut pas être si horrible que ce que les rumeurs le font entendre... Bien évidemment, je me rappelle de ce jour sous la pluie comme si c'était hier, elle m'avait chassé comme un déchet, disant qu'elle n'en pouvait plus que les jeunes de la Veine viennent fouiller dans ses poubelles. Elle devait avoir ses raisons... Je ne peux pas me résoudre à lui en vouloir, sans elle, il n'y aurait pas de garçon des pains. La détester serait comme le détester lui, indirectement. Son sang coule dans ses veines quand même ! Je réponds timidement à son sourire, aussi faux peut-il paraître, ne voulant surtout pas me la mettre à dos.

- Si ce n'est pas notre nouvelle célébrité ! Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?, me dit-elle en me priorisant des autres clients présents, sachant que mon porte-monnaie est beaucoup plus rempli que le leur.

Je reste bouche-bée devant sa réaction, la raison de ma présence a soudainement disparue face à cette femme qui se trouve à être la cause principal de mon stress. Mon cerveau pédale à toute allure, mais je finis enfin par dire avec le plus d'assurance possible :

- Eum... En fait, je suis venue voir Peeta. À qu'elle heure fini-t-il de travailler ?

- Eh bien, il finira tard ce soir. Hier, il n'a pas fait son temps habituel, il doit donc faire des heures supplémentaires pour compenser, me répond-elle en me regardant de ses yeux qui peuvent vous transpercer l'âme, mais elle se reprend bien vite, sûrement dû aux quelques personnes dans la boutique.

- Oh d'accord, lâchais-je simplement, faisant mine d'acheter quelques trucs pour ne pas être venue pour rien, mais surtout pour ne pas la contrarier en partant les mains vides.

Je sors de la boulangerie à toutes jambes après lui avoir dit poliment merci et au revoir. J'entends toujours dans ma tête sa voix accusatrice lorsqu'elle m'a dit que le soir d'avant, Peeta n'avait pas assez travaillé, comme si c'était de ma faute. Bon, c'est sûr que si ça n'avait pas été de moi, il n'aurait pas eu à faire des heures supplémentaires, mais ce n'est pas comme si je l'avais obligé à venir à notre dîner. C'est quand même injuste, ce n'est qu'une petite soirée, il ne devrait pas être puni pour s'être amusé un peu pendant un vendredi soir ! De plus, c'est un commerce familial, entre proches d'habitude, ça ne devrait pas être aussi sévère, non ? Je suppose qu'ils doivent avoir un horaire très précis et strict, devant suivre de façon très sérieuse les heures attribuées à chacun. Je ne connais pas énormément le fonctionnement intérieur des commerces, n'ayant jamais connue des gens de la Ville. C'est vrai qu'il y a Madge, mais de son côté, elle n'a pas besoin de travailler comme une forcenée pour avoir de quoi manger et vivre, ayant la chance d'être la fille du maire.

La Naissance d'un AmourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant