Chapitre Trente-Trois

1K 50 0
                                    

                   

Lorsque Peeta retourne au rez-de-chaussée, je suis en mesure de percevoir des paroles, mais je n'arrive pas à en comprendre un mot. Je sais par contre qu'il quitte peu de temps plus tard puisque j'entends la porte d'entrée se refermer derrière lui. Presque immédiatement, des pas font le chemin jusqu'à ma chambre. On dirait bien qu'on ne comprend pas que j'ai besoin d'être seule... On cogne trois petits coups et je doute instantanément la présence d'Haymitch venu pour s'expliquer, ce qui m'encourage à ne pas donner aucun signe de vie. La petite voix de Prim résonne alors, donc je me force pour me lever tout en me séchant vigoureusement les joues à l'aide de mes mains. C'est bien la seule personne qui a le pouvoir de me faire ouvrir cette porte. Dès qu'elle me voit, elle me fait une moue triste, ce qui me prouve que mon visage n'est pas beau à voir du tout, surtout à cause de mes yeux qui doivent être tout bouffis. Elle ne pensait probablement pas me voir aussi amochée et je la comprends, mon état m'étonne moi-même.

- Oh Katniss, chuchote-t-elle en s'avançant pour me serrer dans ses bras. Qu'est-ce qui a bien pu se passer ?

- Je l'ignore..., avouais-je d'une voix encore faible, toujours sur le choc par les derniers événements puisque tout s'est déroulé tellement vite.

- Maman a foutu Haymitch dehors, il commençait à balancer des insultes à ton sujet. Elle était furieuse !

J'expire bruyamment, très peu surprise par la réaction de mon mentor. Il doit être furieux contre moi d'avoir gâché son plan. Au moins, ma mère a réussi à prendre ma défense pour une fois. Prim vient me rejoindre dans mon lit et elle passe le reste de la soirée en ma compagnie, ce qui m'aide grandement à me retenir de ne pas fondre en larmes une seconde fois. Après m'être plus ou moins ressaisie mentalement, je me décide de lui raconter la situation, fatiguée de tout garder à l'intérieur. Une fois que tout est dit, je ne me sens même pas mieux comme j'aurais pu le croire, ce qui me prouve encore plus que je ne peux pas prendre mes émotions à la légère cette fois-ci.

- J'espère que tout ça s'arrangera rapidement..., déclare-t-elle tandis que je n'ose rien ajouter, ignorant ma position sur notre relation dorénavant. Peeta et toi êtes fait l'un pour l'autre, ce serait stupide de laisser une petite dispute tout gâcher, tu ne trouves pas ?

- Mais ce n'est pas une simple petite dispute Prim.

- Donc tu veux tout abandonner ?, me demande-t-elle en fronçant les sourcils.

Mes yeux ne quittent pas une seconde mes doigts qui jouent nerveusement les uns avec les autres. Jamais je n'ai été aussi mélangée de toute ma vie... D'un côté, il y a ma tête qui n'arrête pas de me dire que ce serait bien mieux de l'oublier et de passer à autre chose, mais d'un autre, il y a mon cœur qui s'efforce de me convaincre que je l'aime toujours et que je devrais lui pardonner. Pourtant, ce n'est pas aussi facile... Je ne veux pas écouter aucun des deux, étant chacun bien trop drastique. Il n'y a pas d'entre milieu, c'est soit noir ou blanc et je déteste ça.

- J'en sais rien..., murmurais-je en enfouissant ma tête dans mes mains, n'ayant toujours pas trouvé comment me sortir de cette histoire.

Pendant tous les jours suivants, je n'ose même plus aller reconduire Prim à l'école, ni la rechercher d'ailleurs, ne voulant surtout pas voir d'autres jeunes par risque de me faire jeter des coups d'œil ou par risque de me faire rire de moi par les filles stupides qui sont absolument folles de Peeta. De plus, dès qu'on manque de pains à la maison, j'envoie immédiatement quelqu'un d'autre en acheter à la boulangerie, refusant catégoriquement de le revoir. Je suis au courant que je me montre complètement immature, mais j'ai seulement peur de ma réaction si l'on venait à se croiser. Je ne peux pas me cacher que je suis absolument terrifiée de l'affronter à nouveau. Je suis certaine que s'il était en face de moi, il réussirait à se faire pardonner immédiatement et ce n'est pas ce que je souhaite. Même si avoir coupé les ponts avec lui me fait souffrir d'une manière que jamais je n'aurais cru possible, je ne peux pas le laisser gagner encore une fois. Comme si ce n'était pas suffisant, toute cette situation me provoque une quantité encore plus impressionnante de cauchemars qu'avant et je sais que les cernes sous mes yeux n'améliorent en rien mon air décrépi, raison de plus pour ne pas sortir de ma maison.

La Naissance d'un AmourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant