Chapitre Vingt-Sept

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Près d'une heure plus tard, nous quittons la demeure de Madge en la remerciant pour son hospitalité. Je ne manque pas de lui dire avant de partir que j'aimerais bien la voir plus souvent, c'est d'ailleurs une proposition qu'elle semble ravie d'entendre vu son sourire et sa manière enjouée de me répondre qu'elle en serait très heureuse. Elle doit se sentir bien seule à l'école maintenant que je n'y vais plus, j'ai toujours été son unique amie. Au moins si Gale était là pour l'accompagner au début et à la fin des cours, sa solitude serait probablement un peu moins présente. Même ses parents n'ont pas énormément de temps à lui accorder, elle ne s'en ait jamais plaint, mais je suis certaine que ça lui fait quelque chose.

Peeta et moi nous dirigeons ensuite vers le Village des vainqueurs en gardant un silence de plomb. Je me sens totalement dans l'impossibilité de parler suite aux derniers événements. J'enfouis chacune de mes mains dans les poches de mon pantalon, voulant à tout prix l'empêcher de prendre l'une d'elle dans la sienne, comme il en a l'agréable habitude. J'ignore pourquoi je réagis aussi fortement face à ce qui s'est passé tout à l'heure entre mes deux amis, si ça se trouve, leur petit «secret» n'est même pas quelque chose d'important. C'est juste que j'en ai assez que tout le monde me met dans l'ignorance. Haymitch et ses cachotteries me rendent déjà assez furieuse comme ça, je n'ai pas besoin que Peeta en ajoute une couche de plus. C'est ce qui me dérange le plus, de ne rien savoir. Il est évident que je lui en veux de me cacher quoi que ce soit. Je me sens mise à part et c'est un sentiment que je déteste par-dessus tout. Surtout venant de mon garçon des pains. 

J'ai toujours eu une grande difficulté à contrôler mes émotions et il est certain qu'il s'est rendu compte de ma soudaine distance. Ce n'est pas de coutume pour moi de me montrer un tant soit peu froide envers lui et ça me fait plutôt étrange, puisqu'il ne m'a jamais vraiment donné une raison de l'être auparavant. C'est une première, une première que je déteste et que je souhaite en aucun cas qu'elle se reproduise de sitôt.

Après avoir franchi l'immense mur de pierres du Village des vainqueurs, je le sens me jeter un regard que j'ignore intentionnellement en m'efforçant de contempler tout ce qui m'entoure au lieu de plonger mes yeux dans les siens. Savoir qu'il me cache quelque chose me rend mal à l'aise, je suis incapable de le regarder et de faire à semblant que tout va bien en me montrant aimable, c'est plus fort que moi. Je ne sais pas comment aborder le sujet, donc je préfère grandement attendre qu'il en parle le premier, cependant, je crains fortement ce qui se passera à ce moment-là. Je l'entends soupirer légèrement en me voyant aussi méprisante, ce qui me pince le cœur malgré tout. Même si les derniers événements m'agacent énormément, j'ai beaucoup de difficulté à arborer une attitude aussi détachée que celle que je m'efforce de lui montrer. Je veux surtout qu'il comprenne que je suis loin d'être enchantée d'être mise à l'écart.

Il commence soudainement à caresser mon bras avec douceur, en descendant lentement jusqu'à mon poignet, comme s'il voulait m'encourager à sortir ma main de sa cachette pour qu'il puisse la tenir entre ses doigts. Au lieu de lui faire un petit sourire timide comme à chaque fois qu'il se montre aussi affectueux, je continue à faire comme si de rien n'était, ne pouvant tout de même pas empêcher mes joues de rougir un peu plus. Je déteste le repousser de la sorte, n'empêche que j'ai de bons arguments pour le faire. Il continu son petit manège sur ma peau maintenant frissonnante, alors que je me révolte contre mon corps de réagir aussi facilement à son touché, particulièrement dans ce genre de situation où tout ce que je souhaite, c'est qu'il ne remarque surtout pas l'effet qu'il a sur moi.

Après un immense débat intérieur, l'attraction que je lui porte prend le dessus sur ma bonne conscience : il atteint enfin son objectif lorsque nos mains se lient l'une à l'autre. Lorsque je sens cet agréable contact, je ne peux me cacher que j'en avais incroyablement envie depuis le moment où il a commencé à effectuer ses petits gestes sur mon bras.

La Naissance d'un AmourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant