✨Chapitre 12 - De lumière et d'un rendez-vous

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— Tu t'es transformée... comme ça, reprit Ethel. Sans évènement précurseur, sans invocation, sans formule, sans contexte, débita-t-elle avant de froncer les sourcils et de poursuivre : « c'est im-po-ssible ».

— Et pourtant tu l'as fait, compléta Thomas, ahuri.

— Quoi ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Vous pouvez m'expliquer s'il vous plaît ! les suppliai-je.

J'étais totalement déstabilisée. Je ne pouvais croire ce que je voyais dans le miroir. Parsemés de pépites dorées, mes yeux étaient couleur émeraude. Mon teint avait pâli et en même temps paressait plus lisse. Mes taches de rousseur s'étaient transformées en paillettes dorées. Sous l'œil gauche, mon grain de beauté semblait briller. Par réflexe je portais une main dessus pour tenter de le dissimuler. Déjà que d'habitude je le trouvais trop voyant mais alors là, j'avais juste l'impression qu'on ne voyait que lui. C'était déstabilisant, irréel. Et mes mains étaient illuminées d'une lumière orangée. La même que mes yeux. La même que lors de mon Évaluation, réalisai-je alors. Je relevai les manches de ma chemise, et sursautai lorsque je vis que mes bras étaient couverts de motifs lumineux, comme des tatouages, qui s'entrelaçaient. C'était magnifique et effrayant. J'avais peur. Terriblement peur. De mon reflet. De toutes ces absurdités. C'était pire qu'un cauchemar.

— Oh May ! s'écria Ethel. On n'en sait rien. On connaît très peu de choses, mais si y'en a bien une dont on est sûr, c'est que pour nous transformer on doit faire une série de gestes ou dire une formule... Ça se fait pas par la pensée !

— Enfin maintenant on a la preuve que si, reprit Thomas.

— Mais expliquez-moi comment on fait pour reprendre son apparence naturelle, alors !

— La forme que tu as maintenant est tout aussi naturelle que celle que tu as d'habitude, m'expliqua Ethel. Regarde, tu vois ce halo qui t'entoure ? Cette faible lumière qui émane de ton corps ? 

Abasourdie, je hochai simplement la tête. 

— C'est ton champs énergétique. Tout être vivant en possède un. Les humains aussi. C'est la représentation physique de l'énergie qui est en toi. Ton fluide magique. Seulement, d'ordinaire, il est trop faible pour être perçu à l'oeil nu. 

— Lorsque tu te transformes, embraya Thomas, tu débrides ton énergie et lui permet de circuler librement dans ton corps. Du coup, elle est plus puissante parce qu'en pleine possession de sa force et ton champs énergétique se décuple, ce qui fait qu'il devient visible. 

Ces explications me retournaient le cerveau mais quelque part, elles coulaient de source. Voilà pourquoi je me sentais si bien, depuis que je m'étais transformée. L'impression de sérénité et de plénitude qui m'avait envahie - avant mon instant de panique en découvrant mon corps métamorphosé - était due à la circulation sans entraves de mon énergie. Enfin libre, semblait-elle me crier. Ce sentiment me grisait, mais il était encore trop tôt pour que je puisse l'accepter et en profiter. Je me sentais toujours mortifiée.  

— Si tu t'es transformée par la pensée, tu dois pouvoir redevenir normale de la même manière, avança alors Ethel, qui donnait l'impression d'avoir lu en moi.

— Pense très fort que tu veux redevenir comme avant, renchérit Thomas.

Tout cela me paraissait absurde mais il fallait que j'essaie. Je fermai les yeux et me concentrai fort sur mon apparence. Mes yeux verts, mes bras pâles, mon visage et ses tâches de rousseurs. J'eus l'impression de me vider et tombai.

Quand je rouvris les yeux, j'étais allongée par terre, Ethel et Thomas penchés sur moi.

— Tu nous as fait peur ! On aurait dû te prévenir que se transformer demande beaucoup d'énergie.

Jusqu'à ce que tout disparaisse derrière la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant