✨Chapitre 36 - De conneries et d'abandons

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— Tu vas partir ! Sortir ! Plus jamais remettre les pieds dans un endroit sûr de ta vie ! En fait tu viens de signer ton arrêt de mort ! Bon sang May, tu te rends compte de ce que tu viens de faire ?!

Zed m'avait attendue à la sortie. Sans une parole, il m'avait traînée à l'écart des couloirs fréquentés des souterrains et nous nous trouvions tous les deux seuls, dans un endroit que je n'avais jamais vu. J'aurais parié que nous étions du côté des Innés. Et le sorcier déchaînait toute sa colère.

— Tu vas crever May ! T'es conne !

Ses mots me faisaient frissonner. Il n'avait pas le droit de me parler comme ça. Même si, à bien y réfléchir, il n'avait pas tort...

— J'aurais dû savoir que tu en étais capable... Mais bon, dit-il en riant jaune, au final t'as eu ce que tu voulais. T'as eu ce que tu voulais depuis le début.

— Oh Zed, tais-toi ! lui criai-je en retour. Hier au repas, tu m'as clairement dit que nous n'avions plus rien avoir l'un avec l'autre, alors arrête de faire comme si mon sort pouvait te faire quoi que ce soit. Parce que si c'était le cas tu ne m'aurais pas lancé cette bombe au milieu du repas le plus festif de l'année !

Il tressaillit. Je ne bougeais pas d'une semelle, clouée sur place.

— Oui, s'esclaffa-t-il en haussant les épaules, c'est ça, j'en ai strictement rien à faire de toi.

Il plongea son regard orageux dans le mien.

— C'est pour ça que je négocie avec mon père depuis l'attaque des voleurs pour t'éviter un entretien avec le Grand Garde qui aurait justement pu te conduire à ça, que je lui ment dès qu'il me questionne à ton sujet comme il le fait dès qu'il a des soupçons à propos d'un sorcier, c'est pour ça aussi que je t'ai aidé quand Guillaume te menaçait et que j'ai toujours été là pour toi quand tu en avais besoin. Ou presque. C'est parce que j'en avais rien à faire. Bien sûr. Si c'est comme ça que tu me remercie... J'aurais peut-être jamais dû t'aider. Au moins tu te serais fait bannir plus tôt et j'aurais jamais pu m'attacher à toi. Ça aurait arrangé tout le monde. Moi qui croyais que j'aurais plus jamais à vivre un moment pareil...

Je fermai les yeux le souffle court. Pleure pas maintenant, t'auras tout ton temps dans le Sauvage, m'assénai-je. Mais je devais avouer que sa tirade était plutôt bouleversante.

Il se prit la tête dans les mains et souffla.

— Je suis tellement désolé... murmura-t-il soudain en rompant le silence qui s'était installé.

— Qu'est-ce que tu racontes ? le repris-je, décontenancée.

Il releva sa tête vers moi.

— Si j'avais agi comme j'aurais dû depuis le début, rien de tout ça ne serait arrivé.

— Qu'est-ce que tu insinues par « comme j'aurais dû » ? lui demandai-je.

— Je n'aurais pas dû me rapprocher de toi. Je n'aurais pas dû...

— Écoute, t'y es pour rien, l'arrêtai-je en me rapprochant de lui. Je suis une tête de mule et c'est moi qui ai tout provoqué. Oui, tu as raison, je voulais partir... depuis le début. Je n'ai jamais été bien au C.I.S.I et je crois que tu le sais.

— Justement May ! Je voulais que tu y sois bien, je voulais que tu y sois heureuse. C'est pour ça que j'ai désobéi à Gorigann.

— Tu as aussi désobéi à Gorigann ? répétai-je choquée.

À qui obéissait-il finalement ?

— Il m'avait demandé de me tenir à l'écart de toi, qu'il ne fallait pas que... que je m'attache parce qu'il savait que nous serions séparés... et que tu te poserais trop de questions qui finiraient par te faire faire l'erreur de trop. Mais je n'en ai fait qu'à ma tête, comme d'hab.

Jusqu'à ce que tout disparaisse derrière la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant