Deux heures plus tard, je repassai par la petite porte en saluant Elisa, c'est ainsi que se prénommait la coiffeuse.
— À bientôt May ! me répondit-elle, un grand sourire illuminant son visage.
— Ça te va super bien ! me complimenta Ethel, une fois de retour dans l'arrière-boutique du magasin. Par contre tu vas devoir remettre ton uniforme, me conseilla-t-elle. Tu n'auras le droit de porter ces tenues que lorsque tu seras avec les Gardes du Palais et pour les fêtes.
Je retournai alors dans la cabine d'essayage où j'enfilai en vitesse mon uniforme et remplaçai mes bottines par les ballerines.
Une fois ressortie, Ethel nous guida jusqu'au comptoir où elle déposa tous les articles. Et soudain je me tournai vers Thomas.
— On paye avec quel argent ? chuchotai-je en paniquant.
— Il n'y a pas d'argent, t'inquiète pas, me sourit-il. Le vendeur va juste reporter dans son registre tout ce que nous avons pris, pour en garder une trace. Comment vivrions-nous s'il fallait de l'argent ? Tous les Transferts sont des sortes d'orphelins et la communauté prend soin de nous. Elle nous nourrit, nous habille et nous instruit. En contrepartie, on apprend à devenir des sorciers responsables qui puissent servir la communauté.
Ses explications étaient sûrement celles qui m'avaient le plus aidée depuis mon arrivée. Voilà qui était clair. Voilà qui expliquait comment cette drôle de société fonctionnait. Nous étions des esclaves en devenir. Fantastique.
Nous regagnâmes le dortoir. Ethel continua de m'en apprendre plus sur les règles de vie de la prison. Cela la fit rire que j'appelle mon nouveau lieu de vie comme ça.
— Même après ta séance de shopping tu trouves encore le moyen d'appeler ça une prison ?! Tu vas voir la vie n'y est pas si horrible. Et tu habites dans les souterrains d'une communauté solidaire, que l'on appelle aussi le palais, gouvernée par une prêtresse. Tu piges ?
— Ouais, répondis-je pas très convaincue.
— Bon, il nous reste une demi-heure avant le dîner. Tu veux faire quoi ?
— Tu pourrais m'indiquer où se trouve Lera ? Ou Caly ?
Elle hocha la tête. Thomas nous avait laissées en entrant dans le dortoir et était accoudé sur son bureau, visiblement agacé par un devoir quelconque. Nous le prévînmes que nous sortions et quittâmes le dortoir.
Le bureau de Lera, parce que d'après Ethel, il était plus proche que celui de Caly, se trouvait dans le quartier des salles de contrôle où je l'avais rencontrée dans la matinée.
— Merci Ethel, dis-je en arrivant devant la porte. Tu peux me laisser. On se retrouve au réfectoire.
— Tu es sûre que tu veux pas que je reste ? Tu sais ici on n'a pas de secret.
Oh que si, pensais-je.
— Non vraiment. C'est gentil de ta part, dis-je en lui offrant un sourire désolé.
— Comme tu voudras. À tout à l'heure alors. Et sois pas en retard !
— Promis !
Sur ce, elle me quitta. Je frappai à la porte et entrai dans le bureau. La pièce spacieuse était pourvue d'un bureau aux pieds en métal et au plateau transparent, sur lequel ne se trouvait absolument rien. Lera était assise sur un fauteuil anthracite, les mains placées devant elle comme si elle tenait une sphère invisible dans le vide.
Des murs blancs émanait une lumière de source inconnue, qui constituait l'éclairage de la pièce et créait une atmosphère particulière. Elle inspirait la confiance. Lorsque j'entrai, la jeune femme cligna plusieurs fois des paupières avant de secouer la tête et de laisser ses bras retomber sur la table. Elle me sourit.
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Jusqu'à ce que tout disparaisse derrière la Lune
FantasyMay pense être une ado ordinaire. Elle pense que rêver de créatures d'ombre et de poussière est normal. Et elle ne voit pas pourquoi obtenir un score aussi élevé à l'Évaluation, lorsqu'elle atterrit par hasard dans un monde de sorciers, pourrait la...