Ethel et Thomas déboulèrent haletants et couverts de sueur dans la large pièce, l'air se froissant en une onde à peine perceptible lorsqu'ils en franchirent l'entrée. Un garde de l'escorte rapprochée de Soleil Levant les avait interrompus en plein cours de pratique les sommant de se rendre dans les quartiers de la Grande Prêtresse qui les mandait.
Les joues rouges et reprenant son souffle avec difficulté, Ethel examina la pièce les yeux écarquillés. Ses yeux se posant sur des tentures tissées de fils d'ors recouvrant la totalité des murs, elle fut frappée par la richesse des lieux. Des meubles qu'elle imaginait d'une grande valeur tant les ornements sculptés dans leur bois poli étaient fins et délicats étaient disposés avec soin au travers de la pièce. Des vases en porcelaine que la jeune fille pensait chinois recouvraient un buffet qui s'étalait sur la moitié de la pièce, disposés en alternance avec de curieux miroirs. En somme la jeune fille était étonnée. Elle ne pensait pas trouver tant d'objets humains dans les quartiers de la sorcière la plus puissante et la plus fière de la communauté.
Quant à Thomas, dès qu'il posa un pied dans la pièce son regard se porta sur les occupants du vaste espace, prêtant à peine attention à la précieuse décoration qui l'entourait. Il reconnut d'abord la Grande Prêtresse, assise dans un imposant fauteuil contre le mur lui faisant face. Sa garde habituelle l'entourait et le sorcier qui avait servi de messager auprès des deux enfants regagna sa place sans un mot ou un regard pour eux.
Vêtue d'une somptueuse robe blanche aux multiples volants qui couvrait jusque ses poignets et ses pieds, les cheveux couleur d'argent relevés une coiffure sophistiquée et les avants-bras solidement ancrés dans les accoudoirs, l'expression de la souveraine était indéchiffrable. Ses yeux de la couleur du ciel tourmenté se posèrent sur les jeunes Transferts qui commençaient à se sentir comme à l'étroit dans ce qu'ils avaient compris être les appartements privés de Soleil Levant.
D'autres personnages complétaient le tableau. Ayant repris sa respiration, Ethel s'en rendit compte et ses yeux s'agrandirent un peu plus en reconnaissant Zed et Lumia qui, assis de dos face à la Grande Prêtresse, ne les avaient pas encore remarqués.
Thomas toussota.
— Bonjour à vous, amis Transferts, commença la Grande Prêtresse d'une voix mielleuse en adressant un sourire à ses convives.
Zed et Lumia tournèrent leurs têtes dans la direction des deux jeunes qui se tortillaient sur place, intimidés, ne sachant où se mettre.
Comme devinant leur pensée, Soleil Levant reprit :
— Mais je vous en prie, prenez place sur ces sièges, énonça-t-elle en désignant d'un geste las les deux fauteuils inoccupés à sa gauche, en tous points identiques à ceux de Zed et Lumia.
Ethel et Thomas s'avancèrent et s'assirent en retenant leur respiration, Ethel ayant tout juste murmuré un « Merci, Votre Grandeur » du bout des lèvres.
— Voilà qui est mieux, sourit la Grande Prêtresse. Mais assez patienté. Il me faut maintenant vous révéler la raison de votre présence en ces lieux car le Soleil décline et le Mal n'attend pas.
Les quatre jeunes assis dans leurs fauteuils retinrent leur souffle. Être convié dans les appartements de la souveraine n'était pas chose courante, à tel point que Zed et Lumia portaient un regard tout aussi neuf qu'Ethel et Thomas sur l'espace qui les entourait.
Cela faisait deux semaines que le Jugement avait pris fin, l'exil de May et Charly avec lui. Deux semaines que Thomas faisait de mauvais rêves qui le réveillaient en sueurs, deux semaines qu'Ethel tripotait sans cesse le fin bracelet de fils entremêlés noué à son poignet. Et deux semaines que le front de la Grande Prêtresse était plissé d'une ride presque imperceptible, signe chez elle d'une grande tension.
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Jusqu'à ce que tout disparaisse derrière la Lune
FantasyMay pense être une ado ordinaire. Elle pense que rêver de créatures d'ombre et de poussière est normal. Et elle ne voit pas pourquoi obtenir un score aussi élevé à l'Évaluation, lorsqu'elle atterrit par hasard dans un monde de sorciers, pourrait la...