Nous traversâmes des couloirs en tous sens et de plus en plus étroits. Parce que j'avais eu la bonne idée de marcher à côté de lui, ma main frôla la sienne plus d'une fois... Et à chaque contact, j'avais l'impression de me brûler alors je la retirai aussi vite qu'elle frôlait celle du sorcier.
À force, il me regarda de biais, dans ses yeux se mêlaient curiosité et amusement, accompagné de son éternel sourire en coin et... il finit par me prendre la main. Son contact était quelque chose d'étrange. Il était plus doux que ce que j'aurais imaginé.
Si un jour je m'étais imaginée quoi que soit.
C'est ainsi dans cet état de béatitude et de confusion que nous finîmes par débarquer dans une petite pièce poussiéreuse et encombrée. Zed referma la porte derrière nous et alluma une torche d'un claquement de doigts.
Ayant laissé courir son regard sur les étagères remplies de fioles de toutes tailles et de toutes formes qui tapissaient les murs, il dénicha un petit flacon de verre qu'il observa pendant un nombre incalculable de minutes avant d'hocher la tête, l'air satisfait. Il dévissa le couvercle d'un coup sec et me le tendit.
— Bois ça.
Je le pris avec hésitation et le portai à mon nez. L'odeur qu'il renfermait était tellement nauséabonde que je me dépêchai de l'éloigner de mon visage. Et puis une question me vint : Qui me disait que ce que contenait le flacon n'était pas un poison visant à me nuire ? Zed m'avait bien affirmé plus ou moins explicitement que le Conseil intérieur du C.I.S.I. voulait ma mort...
Puis une autre interrogation fit son chemin dans mon cerveau ralentis : Et si tout cela n'était qu'une ruse de la part de Zed pour m'amener à boire un poison ?J'étais paralysée de doutes.
Le sorcier à mes côtés était-il vraiment sincère ? Pouvais-je lui faire confiance ? La réponse allait de soi : non. Mon instinct de survie – qui était aussi vite apparu que j'étais arrivée au C.I.S.I. – me soufflait de ne pas croire un mot de ce qu'il disait. Après tout, il m'avait menti une fois, rien ne me disait qu'il ne recommencerait pas...
Ma tête me faisait souffrir tant je me posais de questions. Mes tergiversations me donnèrent le vertige et je m'appuyai contre le mur à ma droite d'une main, l'autre tenant toujours le petite fiole.
— Non, répondis-je. Je... Je suis désolée. Je ne me sens pas bien. Je ne boirai pas.
Le visage de mon demi-sauveur s'arrondit de surprise et une lueur d'inquiétude passa dans son regard, tandis que je le regardais, une envie de vomir grandissante s'emparant de tout mon être.
— Qu'est-ce qu'il y a May ? On n'a plus beaucoup de temps. Les Gardes vont me chercher. Et t'es toute pâle.
Sans blague que je devais être toute pâle.
— Je... ne peux pas avaler ce truc, dis-je en désignant le flacon d'un doigt tremblant d'une voix de demi-morte – allez vous imaginer ce que ça faisait. Je ne veux pas, me repris-je avec plus d'aplomb.
Il fronça les sourcils pour la millième fois de la journée.
— Mais... Tu ne me fais pas confiance ?
Sa voix sembla se briser et je vis l'inquiétude grandir dans ses yeux sombres.
Je baissai la tête faute de mieux.
— Écoute, tu dois me faire confiance, reprit-il à toute vitesse. Tu sais que tu risques gros si on découvre l'étendue de tes pouvoirs, ton immunité, et je ne sais quoi d'autre encore. Il y a cinq ans, un garçon qui venait d'arriver ici comme toi, a aussi eu neuf à l'Évaluation. Il a commencé à les développer et c'est là que ça a mal tourné. Lors d'une fête, il devait faire une représentation surprise et elle était mieux que celle de la Grande Prêtresse ! Le lendemain ils ont dit qu'il était malade. Mais il n'était pas dans le repaire de Feuille d'Automne, il était dans le sous-sol, caché de tous, une prison d'où on ne ressort pas et que personne ne connaît, pendant que les évaluateurs se faisaient juger pour trahison et que le conseil s'occupait de tisser un sort altérant la magie de chaque Transfert et ainsi, leur mémoire pour qu'ils oublient jusqu'au nom de Mike. Certains disent qu'il a succombé là-bas, mais une autre rumeur dit qu'il se serait enfui. En tout cas ce que je sais est que je ne veux pas qu'il t'arrive la même chose.

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Jusqu'à ce que tout disparaisse derrière la Lune
FantasyMay pense être une ado ordinaire. Elle pense que rêver de créatures d'ombre et de poussière est normal. Et elle ne voit pas pourquoi obtenir un score aussi élevé à l'Évaluation, lorsqu'elle atterrit par hasard dans un monde de sorciers, pourrait la...