Soleil Levant, notre Grande Prêtresse adorée, celle dont le sort avait été décidé par les dieux fit son apparition majestueuse, cachée derrière ses longs voiles blancs, un sourire bienveillant étirant ses fines lèvres. Elle avançait d'un pas décidé mais souple à la suite de ses serviteurs. À ce moment-là je me demandai si elle y croyait vraiment, elle, à cette histoire de choix des dieux. Qui était-elle vraiment ? Était-ce elle qui avait instauré tout cela ou bien ses prédécesseurs ?
À sa suite défilèrent deux autres portes drapeaux et quatre derniers gardes vêtus de blanc complétèrent la procession. La musique prit fin et le cortège se dispersa autour du trône où Soleil Levant s'assit. Les sorciers se mirent alors à genoux comme un seul homme. Je suivis le mouvement avec un temps de retard et me tordis le cou afin de voir ce qui se passait au-devant de la salle, tout en glissant au passage un œil du côté de Zed. Le visage inexpressif, il faisait comme tout le monde. Il était entouré de sa sœur et d'un sorcier en cape noire que j'imaginais être son père. J'apercevais à peine la Grande Prêtresse. D'un geste de la main, elle invita ses sujets à se rasseoir sur leurs sièges.
— Mes chères sorcières, mes chers sorciers, commença-t-elle d'une voix lente et froide. Nous voilà réunis pour rendre hommage à ceux qui nous ont créés, nous aiment et nous protègent.
Sa voix portait dans toute la salle, sans aucun doute avait-elle recourt à la magie.
— Au commencement étaient les dieux, continua-t-elle, au nombre de trois : le Soleil, la Lune et le Néant.
Ses mots éveillèrent mon attention. Entendre les mythes sorciers de la bouche de la Grande Prêtresse était intriguant. C'était bien différent d'en faire un exposé. L'histoire semblait prendre vie et surtout, être réelle. Je donnai un coup de coude à Ethel. Elle me le rendit en souriant de manière espiègle. Ok, elle n'avait rien compris. Je me reconcentrai sur les paroles qui se propageaient dans la pièce et s'insinuaient de toutes parts, comblant le moindre espace, nous englobant totalement.
— Ensemble, ces trois dieux régnaient sur le Dashgaïh. Une terre paisible et harmonieuse où chacun avait son rôle à jouer. À la tête de son peuple, la Grande Prêtresse avait comme devoir de faire régner l'ordre et d'honorer le Soleil, le Lune et le Néant.
Là se trouvait la réponse à ma question : Soleil Levant perpétuait un héritage, ce n'était pas elle qui avait monté tout ça. Même si elle aurait bien aimé, j'en étais certaine.
— Un jour, des rebelles s'en prirent au palais. Animés par le feu de la Jalousie, ils l'assiégèrent et le brûlèrent, conduisant leur souveraine à la mort, puis ils partirent se réfugier dans le Sauvage, afin de ne pas avoir à subir le sort destiné aux traîtres.
Le Grande Prêtresse animait son discours comme si elle éprouvait chaque mot qu'elle prononçait. Question talents théâtraux, elle était douée. Son visage changeait d'expression à chacune des phrases qu'elle prononçait. Elle continuait cependant à parler avec une lenteur démesurée afin de faire raisonner chacun de ses mots dans le creux de nos oreilles.
— Fort heureusement, continua-t-elle, la Grande Prêtresse avait une fille, Halia, qui ramena son peuple sur la voix de la sagesse après avoir reçu une vision du dieu Soleil. Elle prit le pouvoir, mena le peuple de sorciers plus au nord et créa le C.I.S.I. Ainsi, tel le Phoenix, le royaume renaquit de ses cendres.
Elle fit une pause, inspecta son assemblée un léger sourire flottant sur ses lèvres puis reprit :
— C'est la voix d'Halia que nous devons suivre. Celle, qu'il y a trois cent elle a trouvé, montré et suivi, pour nous permettre à tous, sorcières, sorciers, de vivre dans la sérénité, loin des barbares du Sauvage. En gardant la foi, en honorant nos dieux...
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Jusqu'à ce que tout disparaisse derrière la Lune
FantasíaMay pense être une ado ordinaire. Elle pense que rêver de créatures d'ombre et de poussière est normal. Et elle ne voit pas pourquoi obtenir un score aussi élevé à l'Évaluation, lorsqu'elle atterrit par hasard dans un monde de sorciers, pourrait la...