Tous les jours de la semaine, la Réserve nous accueillit et nous y continuâmes nos recherches avec entrain. Le dossier avançait, le groupe s'entendait bien, Guillaume me lançait des piques que personne ne remarquaient mais tout le monde semblait l'apprécier et mon angoisse augmentait sans que rien ne puisse la freiner. J'étais désespérée de trouver un moyen pour le contraindre de ne pas se rendre à son audience avec la Grande Prêtresse.
— Écoutez ça ! s'extasia Spoty en sautant sur ses pieds le matin du sixième jour. « À l'origine, le jour s'unit à la nuit. Le Soleil embrassa le Néant et le Néant rendit son étreinte au Soleil. Le fruit de leur union se nomma la Lune »...
Il releva ses yeux brillants vers son auditoire.
— T'emballe pas, se moqua Stéphane, c'est juste érotique.
— Mais pas du tout ! s'empourpra le garçon. C'est beau ! Laissez-moi continuer. J'ai trouvé cette légende dans ce grimoire-là, expliqua-t-il en désignant un coin de la table.
Sauf qu'il n'y avait rien à cet endroit-là.
— T'es sûr de toi Spoty ? demanda Ethel.
— Mais... mais comment est-ce possible ?! Je l'ai posé là, je vous le jure, il s'est volatilisé !
Guillaume grimaça.
— Ton super grimoire a disparu. C'est pas la mort. Y'a neuf chances sur dix pour qu'il soit sous l'autre pile que t'as ramenée. Mais perd pas notre temps, continue.
— Bien mon général ! s'écria Jac qui passait par là, à ce moment-là.
J'esquissai un sourire. Les labyrinthes de cette bibliothèque grouillaient d'élèves qui ne trouvaient pas la références qu'ils cherchaient alors les trois enseignants sillonnaient les allées en permanence pour aider les sorciers en détresse.
Spoty continua sa lecture.
— « Et l'astre fait de rien, poussière, matière, éclaira grâce à la lumière de son père le Soleil le monde d'obscurité, de froid et de mort qu'était celui de sa mère, le Néant. »
— Et leur petite famille vécut heureuse et eut beaucoup d'enfants, ironisa Guillaume.
— Heu c'est chelou ce que tu viens de dire, remarqua Stéphane.
Guillaume leva les yeux au ciel.
— Passons, intervint Ethel. Moi j'ai cette référence-là qui pourrait nous intéresser. Tiens Spoty, si tu veux jeter un œil. Ça agrandirait nos sources sur le Néant. May, tu voudrais bien aller chercher un prof ? Je crois qu'il faut leur montrer notre synthèse. Et leur dire qu'on a perdu un livre.
Elle termina sa phrase en jetant un regard éloquent en direction de Spoty. Celui-ci leva les mains pour s'innocenter.
— Il était là, je te jure, je ne l'ai pas touché !
— Bref, vas-y May, le coupa Guillaume, avec un peu de chance on sera les premiers à avoir fini.
— Comme vous voulez, grimaçai-je en me levant.
Mais mon agacement n'était que de surface. J'étais en vérité bien contente de pouvoir m'échapper de cette alcôve quelques instants. Et après une heure et demie passées assise, me dégourdir les jambes ne me ferait pas de mal non plus. Je me frayai un chemin parmi les rangées infinies de livres. Lorsque j'arrivai dans une section remplie d'ouvrages gris je fus soudain obligée de m'arrêter.
Un livre lévitait au milieu de l'allée. Comme ça. Lorsque j'essayai de le contourner tout en gardant mes eux sur lui, il se déplaça brusquement pour me boucher le passage.
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Jusqu'à ce que tout disparaisse derrière la Lune
FantasíaMay pense être une ado ordinaire. Elle pense que rêver de créatures d'ombre et de poussière est normal. Et elle ne voit pas pourquoi obtenir un score aussi élevé à l'Évaluation, lorsqu'elle atterrit par hasard dans un monde de sorciers, pourrait la...