✨Chapitre 35 - De confidences et de philosophie

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J'étais bannie. Avec Charly. J'avais du mal à déglutir. Tous les sorciers avaient quitté la salle et il ne restait plus que la Grande Prêtresse, le dénommé Fergal, Charly et moi. Et j'étais toujours effondrée par terre, à genoux. Je devais faire pitié.

— Ma chère May, commença Soleil Levant, un sourire se voulant compatissant sur les lèvres. J'ai l'impression que nous n'avons même pas eu le temps de devenir amies que déjà, il te faut partir.

— Je ne... croassai-je, désireuse de lui faire savoir que ce n'était AB-SO-LU-MENT PAS mon point de vue.

— Tut-tut, laisse-moi parler. Nous ne pouvons certainement pas laisser deux meurtriers errer dans nos murs longtemps. C'est pourquoi nous vous octroyons le reste de la journée et une nuit à tous les deux avant que l'on ne vous accompagne à la frontière entre la forêt dorée et le Sauvage ce qui est, tu ne manqueras pas de m'approuver, d'une clémence remarquable. Vous aurez de ce fait tout le temps nécessaire pour faire vos adieux et emporter les maigres possessions que vous souhaitez garder. À présent vous pouvez parler. Des questions ?

Un silence répondit à sa question.

— Non ? Dans ce cas, Fergal, Charly, je vous libère, termina-t-elle avec ironie. Mais May, il faut que nous ayons une petite conversation rien que toutes les deux.

Je déglutis tellement fort que même ma grand-mère dure d'oreille aurait pu m'entendre. Je devais être horriblement pâle. Si ça pouvait effrayer la sorcière, tant mieux ! Mais mieux valait ne pas trop compter là-dessus. En faisant de mon mieux pour éviter de tomber, je me relevai pour tenter de retrouver un semblant de dignité. J'avais la tête qui tournait ce qui ne rendit pas la tâche très... évidente. Fergal avait quitté la pièce et Charly, visiblement choqué, les yeux exorbités, s'apprêtait à sortir.

Le garçon referma la porte derrière lui. J'étais seule face à la souveraine.

— Asseyons-nous sur ces sièges, m'invita-t-elle en prenant place sur une des chaises qu'avaient occupées les juges.

Je me posai à quelques places de Soleil Levant en évitant tout contact avec ses yeux. Pas question de me retrouver trop près de ce serpent, quoique, j'étais déjà seule dans la même pièce qu'elle... Je me sentais vulnérable et j'avais peur de ce qu'elle voulait.

— Tu te méfies de moi, commença la Grande Prêtresse, amusée. C'est bien.

Ses yeux de lynx me dévisageaient de biais. Est-elle lucide sur le fait que je suis une sorcière, comme elle, et presqu'aussi puissante, magiquement parlant ?!

Mais je ne répondis rien. Après ce que je venais d'accomplir, il était peut-être temps de faire profil bas.

— Tu as, oui, un grand pouvoir en toi. Trop même. Trop pour que tu ne sois qu'une simple Transfert... On te l'a déjà dit ?

— Non, répliquai-je sur la défensive en reculant d'instinct, mon pouls s'accélérant.

Soleil Levant me scruta. 

— Eh bien... je te le dis. Tu as dû entendre, par contre, qu'il fallait te méfier de moi, que j'étais une méchante sorcière, pas vrai ?

Oh je ne l'ai pas seulement entendu ! Ça transpire sur toute votre personne que vous êtes mauvaise !

— Comment savez-vous que mon pouvoir est grand ? demandai-je pour ne pas avoir à répondre à sa question.

La Grande Prêtresse partit dans un rire qui me glaça le sang.

— Ce que tu es naïve... Je sais tout May. Absolument tout. Je sais que tu viens de me mentir car tu te poses des questions sur ton identité – peut-être Maître Gorigann est-il responsable de cela, à moins que ce ne soit Feuille d'Automne ? Ah... ces braves sorciers... Je sais aussi que ton score est de neuf, que tu portes en toi un vieux chagrin, que May n'est pas ton vrai nom ou encore que tu nourris un amour voué à l'échec pour le mystérieux Zed Gueigher... Je continue ? 

Jusqu'à ce que tout disparaisse derrière la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant