Le lendemain matin, je racontai mes aventures de la veille à une Ethel pas bien réveillée et un Thomas ronchon, en omettant la découverte de Gorigann sur mon vrai score. Assis à l'une des tables massives du réfectoire, ils m'écoutèrent sans manifester la moindre réaction. Le lieu était d'ailleurs drôlement silencieux. Je leur demandai alors ce qu'ils avaient fait pendant mon absence. Thomas parut troublé. Ethel écarquilla les yeux sans toutefois me répondre.
— Mais qu'est-ce qui vous arrive ? leur demandai-je en haussant la voix, inquiète.
— Il ne faut pas... commença Ethel avant de replonger dans son mutisme.
— Qu'est-ce qu'il ne faut pas ? la relançai-je.
— Chut ! m'intima Thomas. Tu vas les déranger pendant leurs recherches...
— Comment ? Mais soyez plus claires je ne comprends rien ! m'emportai-je.
J'avais envie de les prendre tous les deux par le col de leurs uniformes trop frais et les bousculer très fort pour les réveiller. Ethel secoua la tête d'un air résigné en fermant les yeux. Cette fois-ci c'est Thomas qui écarquilla les siens.
Je regardai autour de moi et manquai de tomber de ma chaise. La plupart des sorciers présents au réfectoire paraissaient aussi groggy que mes amis. Trop concentrée sur eux et mon récit, je ne l'avais même pas remarqué. Tout ça était louche.
— Attendez-moi là, je reviens, leur dis-je.
Ils hochèrent la tête avec plus ou moins de conviction. Je secouai la tête d'un air dépité et me levai. J'étais convaincue que quelque chose clochait.
Je ne savais pas où aller, mais décidai de quitter le réfectoire et m'enfonçai dans les couloirs au hasard, le cerveau tourbillonnant, jusqu'à ce que je décide de me rendre dans le bureau de Lera. Bien entendu, j'avais à peine fait trois pas que Zed surgit devant moi. Et le pire est que lui avait l'air d'être en pleine forme et parfaitement lucide car il arborait son sourire favoris.
— Dyha ! me lança-t-il sur un ton jovial.
Je le regardai sans rien dire.
— Salut, répondis-je aussi sèche qu'il m'était permis de l'être, mes mains sur les hanches.
— Et ben, je suis content de voir que tu vas bien. Tu as même l'air en pleine forme, dit-il sans se départir de son sourire.
— Ce qui n'est pas le cas de mes amis et de la majorité des gens au réfectoire, le contrecarrais-je.
— Ah oui, se souvint-il, abandonnant tout sourire et en fronçant les sourcils. C'est pour ça que je venais.
— Ah donc je dois te déranger, dis-je en faisant la moue.
— Hm, non. Je venais pour vérifier l'état de tout le monde pour le conseil intérieur.
Je m'écartai du passage en lui faisant une révérence théâtrale.
— Alors allez-y Monsieur ! Surtout qu'une simple apprentie comme moi ne vous gêne pas.
Je le regardai droit dans les yeux, les poings de nouveau sur les hanches attendant une réaction qui tarda à venir. Il parut gêné deux secondes. Je fis une tête interrogatrice qui fit sourire mon interlocuteur. Il se reprit et me répondit enfin :
— Oui, mon père est membre du conseil intérieur du C.I.S.I. Et il m'a chargé de faire un rapport sur l'état des sorciers.
— Ah ?
J'arquai un sourcil.
— Mais qu'est-ce qui s'passe ? m'enquis-je.
Il parut gêné sur le coup. Et vraiment beau, mais ça c'était habituel.
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Jusqu'à ce que tout disparaisse derrière la Lune
FantasyMay pense être une ado ordinaire. Elle pense que rêver de créatures d'ombre et de poussière est normal. Et elle ne voit pas pourquoi obtenir un score aussi élevé à l'Évaluation, lorsqu'elle atterrit par hasard dans un monde de sorciers, pourrait la...