« Seluç a ghanti nome gdulux. »
Je n'avais aucune idée de ce que cela voulait dire. Pourtant cette phrase résonnait dans ma tête à l'infini. Endroit où je ressentais d'ailleurs une douleur atroce.
Je me redressai sur un coude. J'étais allongée par terre, dans l'herbe. Mon sac à dos m'empêchait de toucher le sol et cambrait mon dos dans une position loin d'être confortable. Le ciel était couvert de nuages tous plus menaçants les uns que les autres. Il y avait du vent et dans l'air flottait l'odeur de la pluie. Les arbres qui m'entouraient agitaient leurs branches dans tous les sens et leurs feuilles bruissaient, chantant l'arrivée imminente d'une averse.
J'avais mal. La douleur vive qui me traversait venait de mon épaule droite. Avec maintes précautions, j'y portai ma main gauche pour tâter l'étendue des dégâts. À la vue du sang qui imprégna mes doigts, je compris que la blessure était plus importante que ce que je pensais.
— May ! Tu vas bien ? appela une voix.
Charly entra dans mon champ de vision.
Je ne répondis rien en me contentant de le fixer. Il était couvert de terre, son pantalon avait mangé de l'herbe et son visage était plein d'égratignures. Il aurait vraiment eu mauvaise mine s'il n'affichait pas son sourire généreux caractéristique.
— Qu'est-ce qu'il nous est arrivé ? demandai-je d'une voix pâteuse qui me surpris.
Le garçon sembla stupéfait.
— Quoi ? s'étonna-t-il. Tu ne te souviens pas de ce qui s'est passé ?
Je secouai la tête.
— Tu peux m'expliquer, s'il te plaît ? lui demandai-je.
Charly vint s'asseoir près de moi en me faisant face et commença le récit des événements.
— On marchait le long de la rivière depuis deux semaines...
— Ça je m'en souviens, le coupai-je.
— ... quand on s'est rendu compte que la rivière changeait de direction. On a décidé de s'enfoncer dans la forêt pour voir si on trouvait quelque chose. Je sais plus trop ce qu'on cherchait, mais c'était pas une bonne idée parce qu'on est arrivé dans une clairière où un animal qui mangeait les restes d'une carcasse
— Et il m'a foncé dessus l'imbécile ! m'écriai-je tout à coup.
— Tu t'en souviens maintenant ? me demanda Charly en haussant les sourcils.
— Oui ! Et puis... puis... tentai-je en vain de me remémorer, les sourcils froncés, puis plus rien en fait.
— Puis tu t'es faite percuter par le Tériatome et t'as fait un graaaand vol plané, avant d'atterrir... là, termina-t-il en illustrant ses propos en faisant un grand geste avec son bras.
— C'était un Tériatome ? m'étonnai-je. Comment tu sais ?
Le garçon hocha la tête.
— Je le sais parce que... je te l'ai déjà dit mais je suivais les cours du C.I.S.I, me rappela-t-il d'un air assuré et nonchalant à la fois. Cette boule de fourrure aussi grosse qu'une vache a une sorte de tête ratatinée sur le côté du corps et deux pattes de l'autre et elle charge en roulant à toute vitesse vers sa proie.
— Oh, m'empressai-je de répondre, surprise par la description de Charly et frustrée de ma propre ignorance.
Mais je n'avais rien à répondre en fait. Moi aussi j'avais passé un temps en cours, à me rentrer des manuels entiers dans le crâne sur la hiérarchie des planètes, les plantes maléfiques et l'équilibre interne du sorcier mais je ne me souvenais en rien d'un cours sur la description des Tériatomes. Et encore moins depuis l'arrivée de Charly. Mais je le connaissais si peu qu'il avait très bien pu s'instruire dans son coin sans que je n'en sache rien et ce n'était pas comme si j'étais censée en savoir quelque chose...
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Jusqu'à ce que tout disparaisse derrière la Lune
FantasíaMay pense être une ado ordinaire. Elle pense que rêver de créatures d'ombre et de poussière est normal. Et elle ne voit pas pourquoi obtenir un score aussi élevé à l'Évaluation, lorsqu'elle atterrit par hasard dans un monde de sorciers, pourrait la...