✨Chapitre 42 - D'échecs et d'arc-en-ciels

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Nous nous étions remis en route. Le soleil jaune s'était couché ; le soleil rouge avait pris sa place. Une teinte orangée laiteuse fascinante maquillait le ciel. Tellement fascinante qu'au premier caillou rencontré je me cassai la figure. 

— Bah alors ? rigola Charly. Tu regardes où tu mets les pieds ?

Je profitai d'être au sol pour souffler deux secondes en m'asseyant et me frottant les mains pleines de terre.

— Je suis fatiguée, me défendis-je.

— Moi aussi, renchérit le garçon. Je pensais pas que je le serais si tôt mais j'en peux plus.

Je fronçai les sourcils. La façon dont il avait prononcé ces paroles m'intriguait. On aurait dit qu'il était frustré. Des frissons me parcoururent en repensant aux paroles de Soleil Levant. Charly la dérangeait aussi. Elle voulait s'en débarrasser. À cause de son passé. Je me demandai alors si je courais un risque de faire le chemin avec lui. Une seconde plus tôt il me paraissait inoffensif et voilà que je le craignais ! Il fallait que j'arrête de voir le mal partout. Je faisais une overdose de stress. Déjà. Je ne savais pas comment j'allais survivre.

— Tu m'écoutes May ?

Les paroles du garçon me tirèrent une fois de plus de mes pensées. Je clignai des yeux et les levai vers lui.

— Pardon... m'excusai-je contrite. Tu peux répéter ?

— Il y a un arbre, là, qui pourrait être bien pour dormir.

— Un arbre ? demandai-je confuse.

Pourquoi voulait-il dormir dans un arbre ?

— On sera plus en sécurité que sur le sol. T'as jamais lu de livre ou quoi ?

Il se moquait de moi.

— Bien sûr que si, je lisais des livres ! me défendis-je. Bref, il est où ton superbe arbre ?

Je lui tendis ma main pour qu'il m'aide à me relever et après un certain temps de consternation, il comprit ce que je voulais et m'aida à me mettre debout avant de me tirer à travers l'épaisse forêt. Le garçon se planta devant l'arbre en question et je l'imitai.

Le végétal était grand, très grand et large, très large. D'au moins deux mètres. De son tronc se partaient plusieurs branches épaisses. Il ne ressemblait à rien de connu. En regardant de plus près, je m'aperçus que le tronc était épineux. En plus elles étaient longues ces épines. Et Charly comptait nous faire monter là-dessus.

Comment tu veux qu'on atteigne les branches ? La première est  au moins à trois mètres du sol ! me plaignis-je en tendant un bras vers celle-ci pour illustrer mon propos.

— Comme ça ! s'exclama le garçon en s'éclairant soudain d'une lumière blanche qui le rendit... translucide.

Je reculai d'un bond en poussant un cri strident. Décidément, le petit sorcier avait décidé de me faire mourir de peur.

La forme lumineuse qu'il était devenu se recroquevilla et se propulsa en l'air à une allure fulgurante qui me valut encore un sursaut. Elle atterrit sur la branche que je venais de lui désigner.

La lumière se dissipa puis disparut, laissant place à un Charly tout sourire, assis sur la branche, les jambes dans le vide. Impossible de nier qu'il était très fier de sa démonstration et que j'en étais impressionnée.

— À toi maintenant ! me cria-il.

Bizarrement, je me sentais ancrée dans le sol. Et mes pieds refusaient de coopérer.

Jusqu'à ce que tout disparaisse derrière la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant