Charly s'écroula par terre, inconscient. À sa place j'en aurais probablement fais autant, vu mon propre état en tant que simple spectatrice...
Dans le public, les Transferts furent secoués d'un frisson d'horreur mais les Innés présents se mirent à bavarder et commenter les évènements avec enthousiasme, pas plus ébranlés que cela par l'annonce d'une mise à mort. Certains allaient donner une tape amicale sur les épaules voutées des parents endeuillés. D'autres, se levaient même de leurs places, prêts à reprendre leur train-train habituel. Quelques « Trifoïs ablas catrum » résonnèrent dans la salle, Ethel fondit en larmes.
Mon hypothèse selon laquelle Charly était tout sauf coupable faisait bouillonner mon cerveau. Et après ce que je lui avais fait subir... je lui devais bien ça. Je ne pouvais pas les laisser tuer un innocent. Je ne pouvais pas—
— Arrêtez ! criai-je en me levant. Arrêtez tout !
Tous les regards convergèrent vers moi. Un affreux silence s'abattit sur l'assemblée.
Mais qu'est-ce que je fais ?!
— Charly n'est pas coupable ! Charly est innocent ! Ne le tuez pas ! terminai-je, ma voix se brisant sur la dernière phrase, submergée par l'émotion et l'effroi.
Le sorcier qui avait annoncé la sentence se leva et redressa suffisamment la tête pour ancrer ses yeux rouges dans les miens. Comme il venait de le faire à peine une minute plus tôt. Un frisson me parcourut. Je reçus comme une décharge électrique dans la poitrine et des mots résonnèrent dans ma tête :
« Rassied-toi. Immédiatement. »
Le sorcier s'était insinué dans ma tête ! J'eus un haut-le-cœur et titubai en arrière, épouvantée. Je percutai le banc et retombai dessus dans un bruit sourd. Tous les yeux étaient toujours braqués sur la scène qui se déroulait devant eux. Je tremblais de la tête aux pieds. Et j'avais mal à l'endroit où j'avais ressenti la décharge.
« Excuse-toi », continua le sorcier. « Répète ces mots : Je me suis emportée à cause de l'émotion mais je reconnais Charly comme étant le coupable. Je vous prie, Vos Excellences les Juges, Votre Grandeur la Grande Prêtresse, les dieux du Soleil, de la Lune et du Néant de bien vouloir m'accorder votre clémence et votre pardon. »
Il continuait de me donner des ordres. Comme ? Attendez... comme le jour de mon Évaluation ! C'était la même voix que le jour de mon Évaluation, sauf que cette fois-ci, elle était dans ma tête... Fantastique.
Je faisais un vrai bras de fer mental pour éviter d'exécuter l'ordre du sorcier. Les mots faillirent franchirent mes lèvres quand je reçus une bouffée d'adrénaline – et de chaleur par la même occasion – qui m'octroya la force de repousser les paroles que l'on attendait de moi.
Victoire.
— Non, répondis-je calmement à voix haute, entêtée comme jamais. Je suis sûre de moi. Charly. N'est. Pas. Coupable.
Je l'aurais bien dit en sircien pour enfoncer le clou mais je n'avais pas la moindre idée de la traduction. Pour tout de même prouver ma détermination, je me relevai et défiai le sorcier du regard.
Mauvaise idée. Je ressentis immédiatement en retour comme un grand poids contre mon buste qui me tirait vers l'arrière. Il utilisait ses pouvoirs contre moi ! J'avais là la preuve criante que les Innés adaptaient leurs propres règles selon leur bon vouloir... s'ils les appliquaient du tout d'ailleurs.
Mais ce n'était pas une créature en lévitation aux yeux perçants qui allait ébranler la conviction profonde qui m'animait. Je savais que je me battais pour quelque chose de juste. Etau passage on paye nosdettes, me murmura la petite voix dans ma tête.
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Jusqu'à ce que tout disparaisse derrière la Lune
FantasíaMay pense être une ado ordinaire. Elle pense que rêver de créatures d'ombre et de poussière est normal. Et elle ne voit pas pourquoi obtenir un score aussi élevé à l'Évaluation, lorsqu'elle atterrit par hasard dans un monde de sorciers, pourrait la...