C'est donc le sourire aux lèvres que mon bras gauche s'éleva à nouveau dans l'air. Les yeux fermés, je sondai mon environnement. Je sentais les particules énergétiques contenues dans tous les êtres, dans toutes les choses, c'était à la fois infime et infini, diverse et indivisible. Mais seules certaines particules magiques m'intéressaient. Celles de la Lune. En repliant mes doigts les uns après les autres, j'examinai l'air, écartai les poussières qui ne me seraient d'aucune utilité et appelai à moi celles dont j'avais besoin.
Un flux magique apparut alors à travers mes doigts. Couleur de la Lune, il dégoulinait le long de mon bras. À son contact, je frémis. Il semblait liquide mais j'avais l'impression qu'on effleurait ma peau. Le fluide était doux, envoutant, enivrant.
Sensation de confort.
Mes doigts continuaient leur manège et la caresse argentée s'épaissit. Je récupérai le flux dans mon autre main, il ressemblait à un serpent. Lentement et toujours avec une infinie délicatesse, je refermai mes doigts les uns sur les autres avant de replier ma main et de la ramener près de l'autre de telle sorte à créer une boule d'énergie avec le fluide lunaire que je venais de récupérer.
— C'est... c'est pas possible, elle a pas pu apprendre à faire ça, balbutia Guillaume, qui malgré l'obscurité je le voyais, était livide. On n'a jamais appris à faire ça. Elle peut pas savoir faire ça.
Il m'avait l'air bien incrédule. Mais ce devait être à mon avantage. Et je ne pouvais pas me déconcentrer de ma tâche. Pour être franche, à cet instant je ne savais pas trop ce que je faisais. J'avais eu une intuition lorsque mon pouvoir s'était libéré dans mon corps et depuis, je le suivais à l'aveugle.
— Elle a pas besoin d'apprendre, répondit Zed. À ton avis ça veut dire quoi avoir un score aussi élevé ? C'est inné chez elle...
Je donnai un sens à l'énergie. Peu à peu, la boule se dissout pour se diriger vers Charly. Un filament argenté entoura son bras, puis s'y colla. Le garçon secoua son bras puis, n'y parvenant plus, il respira de plus en plus rapidement. Il faisait de l'hyperventilation.
— Qu'est-ce qu'elle fait ? s'alarma Guillaume. Zed, dis-moi, c'est quoi ce bordel ?!
Je réitérai mon ordre et un deuxième filament se détacha de la boule d'énergie mouvante qui flottait entre mes mains pour s'accrocher à la première, entourant l'avant-bras du pauvre garçon. Le visage écartelé par la peur, en sueur, il observait impuissant son bras s'endormir sous l'effet du fluide paralysant.
— ZED ! Répond-moi ! hurla Guillaume, hors de lui.
Lui aussi, avait peur. Ce n'est pas suffisant, me souffla une petite voix enfouie en moi. Encore, encore. Je transpirais. J'étais incertaine. Une partie de moi voulait suivre la petite voix alors qu'une autre savait qu'il ne fallait pas, que c'était mal. Mais je me sentais bien, sereine, en contrôle et j'aimais ça. Alors je continuai.
Un troisième filament prit exemple sur ses frères et se greffa au bras de Charly. Le garçon hurla.
— Je peux plus bouger le bras ! Guillaume ! J'ai froid ! C'est glacé ! Dis-lui d'arrêter, s'il te plaît, oh s'il te plaît, arrête.
— Ok, ok, capitula Guillaume en tombant à genoux à côté de son frère. May, arrête, c'est bon, t'as gagné... Je, je vais...
Il prit une grande inspiration avant de se résoudre :
— Je vais annuler le rendez-vous avec la Grande Prêtresse. Je l'annule tout de suite, promis, mais par pitié lâche mon frère. J'en ai déjà perdu un, je vais pas en perdre un deuxième... Non, je n'en perdrai pas un deuxième ! hurla-t-il, le visage déformé par la peur et la colère.
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Jusqu'à ce que tout disparaisse derrière la Lune
FantasyMay pense être une ado ordinaire. Elle pense que rêver de créatures d'ombre et de poussière est normal. Et elle ne voit pas pourquoi obtenir un score aussi élevé à l'Évaluation, lorsqu'elle atterrit par hasard dans un monde de sorciers, pourrait la...