✨Chapitre 14 - D'une chute et d'un soleil rouge

345 42 65
                                    

Il nous emmena à travers la forêt qui portait bien son nom. Elle étincelait. Elle brillait de mille feux. Les arbres étaient tous orangés, jaunes ou rouges. C'était éblouissant. Cela me rappela des après-midis d'automne que je passais dans la forêt près de chez moi en compagnie d'Amy ou de mes frères. Nous nous amusions comme des fous à sauter dans des tas de feuilles mortes et faisions des batailles de feuilles en riant aux éclats. Nous ramassions des châtaignes, les bois en regorgeaient et le soir nous les faisions cuir à la cheminé avant de les déguster ou d'en faire de la crème de marrons dont nous raffolions durant l'hiver.

Ces pensées ravivaient trop de souvenirs. Des souvenirs pourtant si agréables qui maintenant me brisaient le cœur. Je fermai les yeux que je sentais se gorger de larmes et serrai les poings pour refouler cette partie révolue de mon existence que je me refusais pourtant d'abandonner derrière moi.

Zed vint se placer à côté de moi. Et voilà que sans que je ne puisse rien faire, mon cœur faisait des bonds dans ma poitrine. L'instant de nostalgie était passé... Pourvu que je ne devienne pas toute rouge ! Mais c'était sans compter sur mon fabuleux corps, pour reprendre l'expression de Maître Gorigann, qui comme à son habitude, n'en faisait qu'à sa tête.

Nous continuions donc notre marche dans cette forêt irréelle à la recherche de je-ne-sais-quoi, les racines et les feuilles crissant sous nos pas.

Je ne m'intéressais pas aux garçons, alors je trouvais très bizarre la façon dont je régissais en le voyant. C'était presque comme si je ne me contrôlais plus. Je n'allais tout de même pas tomber amoureuse ! Non mais, de Zed en plus ! C'est vrai qu'il avait un certain charme avec ses cheveux noirs en bataille et ses yeux gris à tomber par terre mais je n'allais pas me laisser attendrir. J'avais d'autres problèmes à régler, les garçons viendraient après.

Tandis que je m'enfonçais dans mes pensées troubles, Gorigann nous arrêta devant une sorte de rideau de lierre scintillant.

— May, à toi l'honneur, annonça-t-il en s'effaçant pour me laisser passer.

J'écartai le volet de feuillages humides et me figeai de stupeur.

— C'est sublime, soufflai-je.

Devant moi s'étalait une immense zone de verdure. À ma gauche, une prairie verte où broutaient des animaux bizarres s'étendait à perte de vue. Ils ressemblaient à des bisons avec des pics partout sur leur corps. Leur couleur aussi était étrange, d'un noir indéchiffrable. Au loin, de l'autre côté, se trouvait une énorme cascade d'eau entourée d'une végétation luxuriante, s'écoulant d'un amas de rochers. Je décelai toutes sortes de végétaux et toutes les teintes de vert. Cette jungle semblait immense.

Le paysage que j'avais devant les yeux était digne d'une carte postale. Et au milieu de tout cela voletaient des oiseaux d'une multitude de couleurs. L'un d'eux attira mon attention. Il était coloré mais avait un éclat particulier et me rappelait vaguement quelque chose de... commun.

— Un Pic-vert ! m'écriai-je enfin. Il y en avait dans mon jardin des fois...

— Et vois-tu comme il se rapproche de nous l'air de rien, de branche en branche ? me demanda Maître Gorigann.

J'hochai la tête, trop abasourdie par ce que je voyais.

— Parce que c'est l'oiseau de Zed. Chaque sorcier a un oiseau totem qui les représente.

Je tournai la tête vers l'intéressé, qui avait lui aussi le regard perdu dans ce paysage divin. À la mention de son nom, il tourna la tête vers nous et parut perdu un instant. Je le trouvai encore plus... craquant. Stop May ! Mauvaise idée ! Très mauvaise idée !

Jusqu'à ce que tout disparaisse derrière la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant