Jusqu'à ce que tout disparaisse derrière la Lune

✨Chapitre 31 - D'une vieille amie et de gourmandises

Ethel s'empourpra de nouveau.

— Excusez-moi, je récitais le songe.

Thomas soupira et se passa une main dans les cheveux.

— Tu as dit « ils nous protègent » mais... de quoi ? Je sais pas vous, mais j'ai l'impression que ça ressemble à plus qu'une simple vision. 

— À une prédiction peut-être ? demandai-je incrédule.

— Pourquoi pas, oui. Trois éléments connectés qui réagissent grâce aux autres. Nous sommes ces trois éléments. Mais je ne vois pas comment on peut l'interpréter et j'avoue que si on valide cette théorie ça à quelque chose d'un peu flippant !

— Rien qu'un peu, rigolai-je.

Ethel accrocha enfin son bracelet, qui se trouvait être vert et marron. Les mêmes couleurs que son collier. Y avait-il une coïncidence ? J'allais lui poser la question mais elle me coupa dans mon élan.

— Désormais nous sommes unis et il nous faudra ne jamais et je dis bien ne jamaisne serait-ce qu'envisager nous séparer de ce lien, sinon, c'est le sort des autres liés que nous mettons en péril. Jurez que vous ne vous en séparerez pas, peu importe la menace. 

Le ton avec lequel elle avait prononcé ces dernières paroles balayait n'importe quel soupçon de plaisanterie qui aurait pu subsister à notre conversation.

— Je le jure, prononça Thomas, grave.

Hésitante, je les observai. Je ne savais pas trop ce dans quoi je m'étais engagée mais tant qu'à être dans un monde de fous, autant l'être complètement et depuis que nos bracelets étaient noués, impossible de faire marche arrière.

— Je le jure, finis-je par articuler.

Ethel ferma les yeux et dans un léger froncement de sourcils recula d'un pas. Je crus ressentir comme une légère décharge dans la poitrine, puis elle nous sourit avec une expression de grand soulagement et nous prit par la main.

— Je suis désolée de vous faire un peu peur...

— Tu veux dire que c'est carrément bizarre, la coupai-je.

— Mais maintenant je suis rassurée ! reprit-elle en nous écrasant les mains. Ce songe résonnait presque comme une menace dans mes oreilles depuis que je l'ai entendu, mais dès que vous avez juré, le bourdonnement a cessé.

J'allais répliquer mais un son de cor retentit. La Grande Prêtresse se leva de son siège et le brouhaha de la salle que j'avais oublié devant les agissements de mon amie se tut d'un coup.

— Mes chères sorcières, mes chers sorciers, à présent il est temps pour nous de regagner nos sièges et de passer au festin que les dieux nous accordent. Régalez-vous !

Des acclamations suivirent cette tirade et un flot de sorciers endimanchés se rua sur les tables de buffet qui étaient disposées contre les murs de la salle. Mes amis et moi nous dispersâmes, Ethel se joignit de tout cœur à la foule, Thomas se rassit à sa place en contemplant son bracelet les sourcils froncés, tandis que je regagnai ma table, slalomant du mieux que je pouvais à contre-courant entre les sorciers.

Soit Zed n'avait pas bougé, soit il était déjà revenu, mais il m'accueillit de sa manière favorite lorsque je me laissai tomber comme une masse sur mon tabouret de bois brut.       

— Contente de tes cadeaux ? Oh, un nouveau bracelet ? me demanda-t-il en désignant du menton mon poignet droit.

— Heu oui, ça vient d'Ethel. C'est parce qu'elle aime bricoler.