Je pris le bras d'Ethel et nous couvrîmes le reste du chemin en silence. Pas un silence oppressant. Un silence... religieux.
Le Temple ressemblait beaucoup à un intérieur d'église gothique, sauf qu'il n'y avait ni vitraux ni représentations religieuses qui m'étaient familières mais des fresques, dans le même style que celles de la salle d'astrologie, et des sculptures. Je savais déjà les sorciers peintres, mais sculpteurs... pas encore.
Les œuvres étaient plus raffinées les unes que les autres dans une matière qui pouvait se confondre avec du marbre. J'apprendrais plus tard qu'il s'agissait de bois qui venait d'une forêt très éloignée du C.I.S.I et qui avait cette particularité d'avoir à la fois la même densité que le marbre mais aussi le même aspect. Les sculptures étaient de couleurs diverses : crème, bleues ou rose pâle, quelques-unes noires même. Celles de petite taille reposaient dans les coins ou sur des promontoires, les plus volumineuses étaient incrustées dans les murs du Temple ou dans ses colonnes qui remplissaient l'espace de manière désordonnée. Dès que je posai un pied à l'intérieur, j'eus le souffle coupé par tant de grâce et de finesse. Il fallait admettre que les sorciers avaient du goût.
Spoty qui avait vu mon ébahissement – entendez par là qu'il était tout content de trouver quelqu'un appréciant la beauté des lieux – s'avança vers moi et entreprit de me délivrer tout son savoir, car c'était là son plus grand plaisir.
— Cette pièce est la plus ancienne des souterrains, tu sais ? commença-t-il.
Voyant que je ne l'arrêtais pas et que mieux encore, je l'écoutais, il reprit :
— Lorsque le peuple de sorciers qui s'apprêtait à fonder le C.I.S.I arriva dans cette immense plaine, il y a trois cent ans, il vit le soleil pour la première fois depuis des mois et l'interpréta comme un signe des dieux pour qu'il s'y installe. La première chose que les sorciers construisirent alors fut un temple dédié d'abord au Soleil, puis plus tard à la Lune et au Néant pour les remercier de les avoir guider et de leur avoir donner cette terre.
— C'est très intéressant, franchement. Merci Spoty, lui souris-je.
Charly et Stéphane nous avaient rejoints et avaient écouté avec intérêt les explications de Spoty. Ils hochèrent la tête et le remercièrent à leur tour avant de s'éloigner rejoindre leurs amis. J'étais toujours un peu gênée lorsque je me trouvais à proximité de celui que j'avais effrayé, pour ne pas dire torturé. La culpabilité et le remord que j'éprouvais étaient paralysants. Haha quel humour, May.
— Je peux te demander pour qui ou quoi tu vas prier ? demandai-je à Spoty, une fois seuls.
À ces mots, le garçon rougit et je regrettai instantanément mes paroles.
— Je suis désolée, je ne voulais pas te mettre mal à l'aise... m'excusai-je en bafouillant, honteuse. Je n'aurais pas dû de demander ça, c'est privé...
— Oh non, ne t'inquiète pas ! Tu as le droit de me poser cette question, c'est normal, se reprit-il. Je suis persuadé que nous sommes tous là pour une raison, tu vois ? Et... je vais t'avouer un truc. Mais tu le dis à personne, ok ?
— Heu, oui, bafouillai-je, prise au dépourvu.
— Je vais faire une expérience, reprit-il sur le ton de la confidence, les yeux plissés, l'air tout ce qu'il y avait de plus sérieux.
— Comment ça, une expérience ?
— Je vais faire une demande aux dieux et je vais voir s'ils me répondent. S'ils me répondent, alors je serai sûr que je suis là pour une raison et que ma présence ici va jouer un rôle pour les sorciers, le monde, la vie même !
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Jusqu'à ce que tout disparaisse derrière la Lune
FantasyMay pense être une ado ordinaire. Elle pense que rêver de créatures d'ombre et de poussière est normal. Et elle ne voit pas pourquoi obtenir un score aussi élevé à l'Évaluation, lorsqu'elle atterrit par hasard dans un monde de sorciers, pourrait la...