Chapitre 1 : Leslie

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Ce matin-là, était censé être mon premier jour de vacance officiel. Je venais de terminer mon année de Terminale et j'avais obtenu une place dans l'Université de mon choix, et je m'apprêtais à passer mon été en compagnie de mes amis avant que nous ne soyons tous dispersés dans les quatre coins de la France pour nos études.

Ce matin-là, donc, je m'étais levé tôt et en pleine forme. Mes vacances commençaient mieux que bien. Je partais au centre commercial avec ma meilleure amie, Johanna Laville, plus couramment surnommés Jo', faire les boutiques en prévision de nos futures vacances. C'était notre activité favorite, tant pour les magasins et les merveilles que l'on pouvait y trouver, que pour passer du temps ensemble et se goinfrer de nourriture en tout genre. Je crois d'ailleurs que ces moments passer avec Johanna sur les bancs du centre à regarder la foule en mangeant une glace, un kebab ou bien en sirotant un latte caramel froid du Starbucks d'à côté, étaient de loin mes préférés.

Un rapide coup d'œil à mon réveil m'appris qu'il était à peine neuf heures. Je pris le temps de bailler largement et de m'étirer autant que possible avant de sortir de mon lit. Dans ma chambre, le soleil avait percé et mes rideaux rouges filtraient une lumière joliment colorée. Un matin plutôt idyllique dans un cadre agréable, ça n'aurait pu être mieux. Au dehors de ma chambre, dans la rue sur laquelle donnait ma fenêtre, rien ne bougeait. C'était, autour de moi, le calme parfait. J'ouvris ma fenêtre et m'aperçue que les arbres frissonnaient à peine sous l'effet d'un levant agréablement frais. Le bruissement léger des feuilles était le son le plus approprié à la scène qui s'offraient à mes yeux. Loin devant, la forêt s'étendait sur tout un pan de ma vision et je n'en voyais pas la fin. L'air avait une odeur fraîche et fleurie qui me charmait plus que tout. Je pris une grande inspiration et fermais un instant les yeux. Je me sentis étrangement bien.

Quand j'eus fini, je passai devant mon miroir et m'y arrêtais, interpellée. Je me trouvais différente, ce matin. Ni plus, ni moins belle, non ce n'était pas une question de beauté. C'était plutôt un changement quasi imperceptible qui me faisait paraître un peu plus vieille peut-être même plus mature. Je n'avais pris aucune ride, ce qui m'aurait inquiété à dix-sept ans seulement, bien que j'approchasse fatalement de la majorité. Mais je trouvais mes traits durcis. Mon regard, ordinairement calme et rassurant était moins doux, plus froid. Mes yeux d'ordinaire bleu ciel me paraissaient glaciale. Mes cheveux blonds encadraient mon visage de façon stricte et mes lèvres semblaient presque pincées. Étonnée de ces soudains changements, je descendis dans la cuisine, distraite, et ne vit pas mon chien débarqué à toute vitesse pour me sauter dessus. Je fus un peu déstabilisée et manquais de tomber, mais au dernier moment réussi à retrouver l'équilibre. Une chance que nous ayons un border-colis et non un berger allemand pensais-je en mon fort intérieur, en me penchant pour caresser l'animal surexcité. Il se coucha sur le dos et se roula dans toutes les positions possibles pour que chaque centimètre carré de son corps profite de mes gratouilles. Je ne pouvais me résoudre à arrêter, tant tout en lui était mignon, jusqu'à ces halètements. Je ne m'interrompis que lorsque j'entendis une dispute éclater dans la cuisine. Je me relevais et m'avançais en direction des cris.

- Mais ce n'est pas juste ! Je ne suis pas sa nourrice ! J'en ai assez de toujours devoir me plier à ce qu'elle désire juste parce qu'elle est incapable de s'occuper d'elle-même. Et en plus de ça j'avais autre chose de prévu ! Criais Zora, ma sœur jumelle, hors d'elle.

Comme souvent, en réalité.

- Ça suffit ! S'écria soudain mon père visiblement très énervé lui aussi. Je commence à en avoir marre de tes caprices de petite fille ! Je crois qu'on ne t'a pas demandé ton avis, de toute façon. Alors tu iras et basta, point final !

- David ! Calme-toi je t'en prie, intervint ma mère plus calme mais très ferme. Zora, ton père à raison nous avons déjà pris notre décision.

IslynnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant