Chapitre 32 Zora

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Les quelques jours que nous passions à dos de Cavalli furent certainement les plus agréables de notre voyage. Même si j'avais les fesses meurtries et contusionnées à la fin de la journée, nous étions bien plus rapide et nous nous fatiguions bien moins vite que si nous avions été à pieds. Comme prévu, le détour ne nous pris que peu de temps, et si nous dûmes passer une deuxième nuit dans une ferme aussi désolée que l'était le village de la veille car Allana nous avait refusé l'accès à une auberge en bord de route, le soir du troisième jour nous atteignîmes enfin le versent Nord de la montagne.

Ce fut là que nous décidâmes de laisser nos Cavalli et de continuer à pieds. Nous avions beau avoir bien alléger nos sacs de leurs repas, il nous en restait suffisamment pour traverser la montagne. Il ne nous fallut pas plus de deux heures pour atteindre la montagne, et seulement une de plus pour trouver l'entrée des souterrains. Le soleil avait désormais fait place aux magnifiques étoiles colorés que je ne me lassais pas de contempler.

- Nous devrions attendre demain matin pour entrer là-dedans, songea Thomas en frissonnant à la vue du long tunnel noir qui s'étendait devant nous.

- Tu sais qu'il y fera toujours aussi sombre ? Se moqua Maelys. Les vilaines bébêtes n'attendent pas la nuit pour sortir et essayer de nous manger, ajouta-t-elle en éclatant de rire.

- Non, en revanche les soldats auront moins de chance de nous trouver si nous sommes à l'intérieur, suggérais-je en haussant les épaules, attendant le verdict d'Allana.

- Zora à raison, nous devrions profiter de l'énergie que les Cavalli nous ont permis d'économiser pour avancer autant que possible, acquiesça-t-elle. Plus vite nous serons au refuge, mieux cela vaudra.

Thomas grimaça mais ne dit rien de plus, se contentant de rentrer la tête dans ses épaules. D'un (quasi) commun accord, nous nous mîmes aux préparatifs de cette excursion. Allana me réquisitionna pour aller ramasser quelques branches de bois, que nous entourions ensuite de bande de tissus déchiré de l'un des vêtements que m'avait donné Rosa, puis nous les enduisirent d'huile, que nous avions également trouvé dans mon sac.

- D'ordinaire nous utilisons du miel, m'avait expliqué Thomas, mais faute de mieux on va prendre de l'huile. Et maintenant, admire ça.

Il recula de quelques centimètres la torche qu'il tenait dans sa main, et positionna son autre main sur la paroi rocheuse de la montagne. Il ferma les yeux, se concentra un instant et d'un coup, la torche s'embrasa. Je ne pus retenir un petit cri de surprise et d'admiration.

- Comment as-tu fais ça ? C'est incroyable ! M'exclamais-je emplie d'une excitation nouvelle.

- C'est mon truc de Nylice, me glissa-t-il dans un clin d'œil.

- Tu veux dire que tu maitrise le feu ? M'étonnais-je encore. Tu peux en faire apparaître n'importe quand ?

- Pas tout à fait. Je le contrôle mais je ne peux pas le créer, avoua-t-il. Je me suis seulement servie de la chaleur de la montagne pour la rediriger sur la torche. Et, magie !

- Arrête de te vanter, le réprima gentiment Maelys. Voyons plutôt si tu as le cran d'entrer dans les souterrains en premier.

- Ça suffit vous deux, les stoppa Allana en allumant les autres torches à l'aide de la première. C'est moi qui passe devant.

Chacun désormais muni d'une torche, nous nous enfonçâmes dans le tunnel qui s'ouvrait à nous. Si Thomas avait paru effrayé de savoir ce qui vivait ici-bas, je m'inquiétais plutôt de ne pas finir sous un éboulement.

Rapidement, l'air se rafraichit et je frissonnais sans pouvoir m'en empêcher. L'humidité des souterrains n'arrangeait rien, et la flamme de torches était trop faible pour réchauffer autre chose que le bras par lequel nous les tenions. Les stalactites et stalagmites projetaient leurs ombres peu rassurantes et mouvantes au rythme de nos pas, qui résonnaient longtemps après notre passage.

IslynnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant