chapitre 18 Zora

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Je n'avais eu aucun mal à accepter la nouveauté que l'on m'avait imposé ces derniers jours, mais lorsque Rosa eut fini de me raconter toute l'histoire de la prophétie, un doute incommensurable s'empara de moi. Je commençais à me demander si j'avais bien fait de venir dans ce monde. Bien que l'on ne m'ait pas vraiment laissé le choix, j'avais fini par penser que je me plairais ici. Désormais je n'en n'étais plus si sûre.

- En admettant que tout ceci soit vrai, avançais-je prudemment, qui d'autre serait concerné ?

- Nous n'en savons encore rien, admit-elle à mi-mot en me faisant signe de sortir du bain. Mais désormais que tu le sais, il te faudra être bien attentive à ceux qui t'entoure. Surtout à Sébastien, me mit-elle en garde. Il n'est pas aussi innocent qu'il n'a bien voulu te le dire. L'emprise de son frère sur lui est plus grande que ce que tu pourrais imaginer, et pour avoir vu grandir cet enfant, Aleister est empli d'une souffrance et d'une colère qui brouille son sens moral.

J'acquiesçais en me levant du bain, quittant un peu à contrecœur la chaleur de l'eau. Rosa me tendit une serviette à la matière rugueuse et peu confortable, et je m'y enroulais sans grande conviction.

- Sèche toi mon enfant, me préconisa-t-elle d'un ton très maternel. Il ne faudrait pas que tu attrapes froid. Je reviens très vite.

Et avant que je n'aie pu lui demander où elle allait, elle disparue par la porte d'où elle était venue. Je restais un moment, seule et nue comme un vers, à me demander ce que je pouvais croire ou non et à qui je pouvais me fier. Cette vieille dame avait beau être la gentillesse même et l'instinct maternel incarné, rien ne me disait que je pouvais lui faire confiance. Elle m'inspirait, sans grande surprise, plus de sympathie que le roi, que tout le monde paraissait craindre. Cependant, je ne savais plus vraiment si me fier à mon instinct était une bonne idée.

Avant que je ne finisse de mener cette réflexion, Rosa revient, une robe verte et blanche dans les mains. Elle la déplia soigneusement pour me le présenter fièrement.

- Elle appartenait à ta mère autrefois, m'apprit-elle, nostalgique. Je pense qu'elle t'ira à merveille.

Elle la posa sur le lit, puis sortit de nouveau de la chambre en prenant soin de refermer la porte derrière elle pour me laisser le temps de l'enfiler. Ce que je ne tardais pas à faire. La matière n'était pas des plus agréable non plus, mais c'était un réel soulagement de pouvoir enfin me changer. Lorsque j'eus terminé, je constatais que le tissu était lourd et qu'il me pesait, mais j'oubliais ces désagréments au moment même où mes yeux se posèrent sur mon reflet. Le miroir me renvoyait l'image d'une fille que je ne reconnaissais pas. Une jeune fille que je pensais plus être ma mère, et pourtant il ne faisait aucun doute que c'était bien moi.

Les récents évènements ne m'avaient pas beaucoup laissé le temps de penser à elle, du moins pas comme je le faisais en ce moment. Une vague de tristesse m'envahie et une larme roula sur ma joue, sans que je ne cherche à l'arrêter. J'ignorais ce qu'elle aurait pensé de tout cela. Ce n'était probablement pas l'avenir qu'elle aurait voulu pour nous. Inconsciemment, je commençais à me demander si le destin n'était pas une chose toute tracée, à laquelle il était impossible d'échapper.

Quelques coups frappés à ma porte me firent sursauter et j'essuyais ma larme d'un geste rapide.

- Entrez, répondis-je en haussant la voix pour que mon interlocuteur m'entende.

La porte s'ouvrit, laissant apercevoir Sébastien qui se tenait de l'autre côté. Il ouvrit la bouche, mais lorsque son regard se posa sur moi, aucun son n'en sortit. Il resta planté là, à me fixer d'un air béat jusqu'à ce que je me racle la gorge pour le ramener à la réalité. Il secoua la tête et se reprit, battant plusieurs fois des paupières.

IslynnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant