Ce matin quand je me suis réveillée, je sus automatiquement que je n'allais pas aimer cette journée. Il y a des choses comme celle-là, que l'on sent sans pouvoir se l'expliquer. Seulement, il faudrait qu'on apprenne à s'écouter et que l'on ne se lève pas quand ce ressentiment pointe le bout de son nez. Ce n'est pas ce que j'ai fait. Je suis sortie de mon lit, ai enfilé un pyjama rapidement et suis descendue dans la cuisine. J'ai su que quelque chose clochait quand j'ai capté un échange de regard entre ma mère et mon père. C'est ce dernier qui prit la parole en premier :
- Ça tombe bien que tu sois là, Zora, commença-t-il.
Sa remarque m'énerva tout de suite, où voulait-il que je sois d'autre ? Avait-il oublié que j'étais sa fille et que j'habitais sous le même toit que lui ?
Et aux vues de mon humeur, il était grand temps que je me prenne un bon café, bien fort. Je ne dis rien, attendant la suite des évènements, en me servant une tasse.
- On a à te parler, ta mère et moi, continua-t-il, mal à l'aise. On a décidé que tu irais toi aussi au Chalet, pour les vacances « trop géniales » dont Leslie nous rabâche les oreilles, plaisanta-t-il en imitant les intonations adolescentes de ma sœur, espérant surement adoucir l'atmosphère.
Mais c'était trop tard pour blaguer. Je faillis m'étouffer avec mon café. Je recrachais la moitié de la gorgée que j'étais en train d'avaler, aspergeant la table au passage, toussotant. Quand enfin je parvins à reprendre mon souffle, je peinais à articuler :
- J'ai aucune envie d'y aller.
J'avais dit cela d'une petite voix, ne pouvant la hausser plus pour le moment.
- Que tu en ai envie ou non ne change rien, ma belle, répondit ma mère sans même me regarder.
- Vous n'avez aucun droit de m'y forcer, la contrais-je, m'emportant peu à peu.
- On est tes parents, réagit aussitôt mon père, durcissant son ton, on a tous les droits.
- Me pourrir la vie ne devrais pas être dans vos droits, rétorquais-je en m'énervant.
- Sur un autre ton je te prie, asséna mon père, sèchement.
Ma mère posa sa main sur le bras de mon père, pour tenter de le radoucir. Ce qui sembla fonctionner. En revanche, de mon côté, je ne décolérais pas. Ce fut ma mère qui poursuivit :
- Nous avons pensé que ce serait bonne idée que tu y ailles aussi, cela te permettra de sortir un peu de ta chambre, et pourquoi pas de rencontrer d'autres amis, me dit-elle. Et puis, je suis sûre que tu t'y plairas beaucoup.
Elle avait pris une voix douce et cajoleuse, qui ne fonctionnait pas avec moi. J'étais bien trop en colère pour me laisser amadouer de la sorte.
- Des amis, je n'en ai pas besoin ! Ma vie me va très bien, seule. C'est toi que ça dérange ! M'emportais-je. Arrêtez de toujours vouloir changer ma vie.
- On essaye pas de « toujours changer ta vie », s'interposa mon père. Mais ça nous rassurerait aussi que tu ne laisses pas Leslie seule... Tu sais, que tu gardes un œil sur elle.
Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase.
- Mais ce n'est pas juste ! Je ne suis pas sa nourrice ! J'en ai assez de toujours devoir me plier à ce qu'elle désire juste parce qu'elle est incapable de s'occuper d'elle-même. Et en plus de ça j'avais autre chose de prévu ! M'écriais-je, hors de moi.
Je n'arrivais pas à le croire.
- Ça suffit ! S'emporta soudain mon père, je commence à en avoir marre de tes caprices de petite fille ! Je crois qu'on ne t'a pas demandé ton avis, de toute façon. Alors tu iras et basta, point final !

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Islynn
FantasyLeslie et Zora sortent tout juste du lycée, fraîchement diplômées, prêtes à affronter leurs études. Mais il semblerait que le destin en ait décidé autrement. Les voici donc toutes deux projetées dans un monde dont elles ne savent rien, excepté qu'e...