chapitre 9 Leslie

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Bien que personne ne puisse ignorer l'ambiance macabre qui pesait sur nous, mais chacun fit en sorte de la faire taire, pour le bon déroulement de la soirée. Le temps de quelques instants, j'oubliais un peu ce qui était arrivé pour retrouver un semblant d'euphorie enfantine dans laquelle je nageais autrefois. Blottis dans ma chambre, nous enchainions les comédies nulles que nous étions habitués à regarder, en se gavant de soda et de bonbons.

Pelotonnée contre Johanna, sous un plaid doux, je me sentais un peu mieux. Les répliques culte de nos films préférés furent récités, des piques et autres blagues fusèrent entre nous, dans une ambiance plus légère dont j'avais réellement besoin.

Au milieu de la soirée, ma mère fit irruption dans la pièce et réclama un peu d'aide pour nous préparer des pizzas. Je me proposais aussitôt, toutefois avant même que je n'ai pu repousser ma couette, ma mère s'interposa :

- Non, me stoppa-t-elle précipitamment. C'est gentil, mais je pense que Maxime sera ravi de venir me donner un coup de main. Reste où tu es, ma chérie.

- Moi ? Releva Maxime, râleur. C'est ma scène préférée, protesta-t-il vivement.

Il tourna la tête vers ma mère, et changea catégoriquement d'avis lorsqu'il croisa son regard.

- Bien sûr, j'arrive ! De toute façon, je l'ai déjà vu plein de fois, se ravisa-t-il sagement en se levant d'un bond pour suivre cette dernière dans le couloir.

Je jetais un regard interrogateur à Johanna, qui haussa les épaules dans un geste d'indifférence avant de se replonger dans le film. Ni Quentin ni Clément ne réagirent non plus, aussi je décidais de mettre cela sur le compte du côté « mère poule » de celle-ci. Je me repositionnais et me laisser happer de nouveau par l'écran. Cinq minutes plus tard, un grognement jaillit du ventre de Clément, couvrant le son du film et faisant éclater de rire Johanna.

- J'ai tellement la dalle ! Se plaignit se dernier en appuyant sur son ventre à l'aide de ses mains pour le faire taire. Il fait quoi Maxime, là ?

- T'as avalé trois paquets de bonbon, riposta Quentin en riant. Tu vas finir par exploser, se moqua-t-il.

- Ne me sous-estime pas, le prévint Clément dans un clin d'œil.

- Je confirme, s'amusa Johanna. Ce serait une mauvaise idée.

- En attendant, j'ai faim aussi, intervins-je en me relevant. Je vais voir ce qu'il fabrique.

La vérité, c'était que l'insistance de Maxime pour appeler ma mère le soir du massacre et de ma mère pour voir Maxime, qui durait plus que cela n'aurait dû, avait attisé ma curiosité. Je me glissais hors de la chambre, et sans allumer une seule lumière, descendait l'escalier sur la pointe des pieds. Je me glissais dans le salon sans un bruit pour accéder à la cuisine, mais celle-ci était vide. Étonnée, je restais plantée devant le four pendant quelques secondes, contemplant la pizza en train de cuire.

- Vous êtes profondément inconscients !

La voix de ma mère me parvint aux oreilles, comme étouffée. Je la suivis jusqu'au bureau de mes parents. La porte était entrouverte, et s'échappait de la pièce un mince filet de lumière. Je me penchais discrètement pour apercevoir l'intérieur du bureau et découvrait mon meilleur ami face à ma mère, qui paraissait folle de rage. Je me rabattis aussitôt contre le mur pour continuer à écouter la conversation :

- ... c'est ce qui nous a sauvé la vie, se défendait Maxime.

À son ton, je devinais sans peine sa fierté blessée.

- Un simple coup de chance ! S'énerva ma mère. Vous auriez pu vous faire tuer dans la forêt !

Il y eut une pause, puis un soufflement du nez.

IslynnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant