Chapitre 36 Zora

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Le lendemain, alors que je profitais une fois de plus du savoir sans faille d'Allana, Archibald vint me trouver. Je sus aussitôt qu'il se passait quelque chose. Il avait ce même air que ma mère arborait lorsqu'elle nous réservait une surprise. Ce même air qu'elle avait eu lorsqu'elle nous avait offert notre premier petit chiot. Je compris tout de suite de quoi il en retournait. Il n'eut pas besoin de prononcer un mot pour que je ne me lève d'un bond, me précipitant à la porte. Il l'ouvrit pour moi, laissant découvrir Leslie.

Elle ouvrit de grands yeux et si cela avait été possible, sa mâchoire se serait décrochée. Je jubilais de la revoir, mélange d'un amoncellement d'émotions allant de la joie à l'extase. Nous passâmes quelques secondes à nous regarder dans le blanc des yeux, elle se remettant de sa stupéfaction, moi, hésitante à la prendre dans mes bras. Mais elle n'eut pas cette gêne et me sauta dessus. Dès lors que nos corps furent collé l'un à l'autre, une explosion intense me traversa, déclenchant à toutes deux une vague de larmes qui se déversait sur nos visages.

Je ne pensais pas que sa présence puisse un jour me procurer un tel bonheur. Je ne pouvais m'empêcher de la serrer fort contre mon cœur, pleurant bruyamment sans pour autant m'en soucier. Je n'arrivais plus à la lâcher, par peur qu'elle ne disparaisse si je le faisais, emportant avec elle le sentiment de plénitude qui avait empli mon être à la seconde même où je l'avais vu.

Nos larmes ne tarissaient pas, et je ne parvenais à ouvrir la bouche pour ne pas enlever la magie du moment que nous vivions. Elle était la seule chose dont j'avais envie pour l'heure. Je venais de réaliser qu'au-delà de toute connexion magique que j'avais avec mes Arsifs, ou qu'elle pouvait avoir avec Quentin, la notre était bien réelle. Je n'en n'avais simplement jamais pris conscience. Elle avait toujours exister et ne cesserait jamais. Elle était bien plus puissante que n'importe qu'elle autre.

Notre gémellité, que j'avais autrefois tenté de renier, était en réalité la chose la plus précieuse que nous possédions. Elle avait toujours été à mes côtés, hormis les quelques minutes que j'avais passé hors du ventre de notre mère, précédent sa naissance. Elle avait grandi à mes côtés, nous nous étions construites ensemble, de nos plus grosses bêtises, à nos rires les plus sincères, et nos chagrins les plus tristes. Nous avions faits nos premiers pas ensemble, main dans la main, et à cet instant je n'espérais rien de plus de passer mes derniers moments avec elle.

Autour de nous, la pièce était calme, uniquement rompu par nos reniflements. Allana et Archibald s'étaient éclipsés discrètement, nous laissant seules. Au bout d'un long moment, qui ne me parut que trop court, elle s'éloigna un peu de moi, sans pour autant me lâcher les épaules, qu'elle tenait à bout de bras.

- Je t'ai cru morte pendant si longtemps, murmura-t-elle, la voix cassée par l'émotion.

- Je te croyais dans l'autre monde, si loin de moi, soufflais-je, brisée par mes sentiments.

- Je ne veux plus jamais te perdre.

- Plus jamais.

Sur cette promesse, notre étreinte reprit, plus courte que la précédente, mais pas moins chargée d'amour. Ce furent les seuls mots que nous parvenions à prononcer de ce moment puissant que nous partagions.

Puis vint le moment fatidique où nous dûmes nous séparer à nouveau, Archibald ayant annoncé une grande fête en l'honneur de notre retour dans notre monde. Et les festivités furent en effet grandiose. D'immenses tables avaient été dressé dans les rues, éclairés des lampions pour l'occasion. Des plats de toutes couleurs et de toutes saveurs avaient été placés sur ces dernières, et l'entièreté du refuge y fut convié. Des musiciens furent engagés mettre du baume au cœur, et des fleurs colorées furent dispersés un peu partout dans les rues. Nous fûmes installés de chaque côté de notre grand père, Allana à mes côtés, Quentin aux siens.

IslynnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant