Il m'avait fallu du temps pour accepter le fait que je ne pourrais pas accompagner les valeureux Arsifs qui partaient secourir ma sœur. J'avais beaucoup pleuré au début, puis j'avais fini par comprendre que c'était mieux ainsi. Que je ne serais qu'un poids de plus, dont ils n'avaient aucun besoin. Que je ne serais pas de la moindre utilité. Aussi, je les regardais partir, non sans un pincement au cœur, espérant de toute mon âme qu'ils soient en compagnie de ma sœur lorsque je les verrais de nouveau.
Cela avait plombé le reste de ma journée. Sur demande de mon grand-père, j'avais moi aussi pris quelques leçons d'escrime, sans grande conviction. Alors que Clément et Maria, dont j'avais enfin compris les agissements, s'entrainaient à la magie, Maxime, Johanna, Quentin et moi nous regroupions autour d'Enguerrand pour notre leçon du jour. Il nous fit longuement répétés un enchaînement, se montrant sévère quant à notre travail. Il corrigeait le moindre écart dans nos positions, nous montrant avec une agilité que je doutais égalée un jour les réflexes à adopter.
Je fis de mon mieux pour mettre ma frustration de côté et me concentrer sur ce que je faisais. Mais j'étais indéniablement distraite, et cela se fit ressentir plus encore lorsque nous passâmes aux entrainements en duo. Selon les ordres de notre professeur, je me battais contre Johanna et Quentin contre Maxime. Ni elle ni moi ne prenions cela très au sérieux, ce qui nous valut quelques remontrances de la part d'Enguerrand.
Mais alors que je commençais à prendre de l'assurance, et que mes mouvements me paraissaient devenir plus fluides, un hurlement déchirant me projeta à terre, m'obligeant à me boucher les oreilles. J'eus soudainement l'impression que ma tête était sur le point d'exploser, et la puissance du cri m'empêcha de bouger ou de me relever. Ma vue se brouilla, et l'agitation autour de moi me semblait sourde, comme étouffer par de l'eau. Je sombrais peu à peu dans les ténèbres, et avant que je ne perde entièrement connaissance, une voix s'infiltra dans ma tête.
- Viens à moi, me disait-elle. Il y a si longtemps que je t'attends.
Ce fut la dernière chose que j'entendis avant de m'évanouir pour de bon.
Quand je rouvris les yeux, avec difficulté, la première chose que je vis fut Quentin, penché sur moi, un air inquiet gravé sur son doux visage. Un large sourire remplaça bien vite son anxiété lorsque nos yeux se croisèrent. J'essayais de me relever, mais ma tête se mit à bourdonner.
- Doucement, me conseilla-t-il, en posant sa main sur la mienne.
Une délicate et agréable chaleur envahit la zone de contact de nos peaux. Je me sentais rassuré de le savoir à mes côtés, surtout que mon esprit embrouillé ne me permettait pas encore de réaliser ce qu'il venait de se passer. Je frottais mes yeux de ma main libre, prenant soin de ne pas bouger celle qu'il tenait dans la sienne, pour ne pas rompre ce moment d'intimité que nous partagions. Au bout de quelques minutes, le temps que mon cerveau ne se remette de son choc, les récents événements me revinrent en mémoire.
- C'était quoi ces hurlements ? Demandais-je d'une voix pâteuse, en m'étirant difficilement.
- Aucune idée, avoua Quentin en fronçant les sourcils. Je viens seulement de me réveiller. Mais quelque chose me dit que ça n'a rien de normal.
- Et cette voix ? Tu l'as entendu ? Voulus-je encore savoir.
- Celle qui m'appelait ?
Je hochais la tête en signe de confirmation, vaseuse et dans l'incompréhension la plus totale.
- Oui, mais j'ignorais que toi aussi. Je croyais qu'elle était dans ma tête, répondit-il en passant sa main dans ses cheveux.
- Elle était également dans la mienne, lui appris-je en repoussant mes couvertures. Je ne sais même pas comment c'est possible.
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Islynn
FantasiLeslie et Zora sortent tout juste du lycée, fraîchement diplômées, prêtes à affronter leurs études. Mais il semblerait que le destin en ait décidé autrement. Les voici donc toutes deux projetées dans un monde dont elles ne savent rien, excepté qu'e...