Chapitre 11 Leslie

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Nous arrivâmes à la gare de la ville la plus proche une demi-heure plus tard. J'étais toujours dans un état presque léthargique, étrangement détendue alors même que ma vie partait en un écran de fumée. Heureusement pour nous, l'endroit était quasiment désert à cette heure tardive de la nuit, et tout autour de nous semblait calme. Sans ajouter un mot, Maxime et Clément descendirent de la voiture et si Johanna s'agrippa immédiatement au bras de ce dernier, terrifiée, je ne pouvais me résoudre à bouger.

J'étais bien ainsi, dans les bras de Quentin, en sécurité à l'intérieur de la voiture. Quelque chose en moi me criait que quitter ce cocon n'était pas une bonne idée et que rien n'irait en s'arrangeant. Mais l'on ne me donna pas réellement le choix, et bientôt je fus tirée hors du véhicule pour l'air chaud et presque étouffant, car sans la moindre brise, de l'extérieur.

Je passais une main dans mes cheveux blonds désormais sérieusement emmêlés. J'avais du mal à retrouver mes esprits, et je n'étais pas sûre de le vouloir, pourtant mon instinct luttait pour reprendre ses droits. Sans lui en laisser le temps, Maxime tendit la main vers moi.

- Leslie, donne-moi ton téléphone, ordonna-t-il d'un ton doux. Je sais que tu es perdue, et je te promets de tout t'expliquer, mais pour le moment j'ai besoin que tu me fasses confiance.

Je hochais la tête, mécaniquement, et tâtonnais mes poches pour y trouver mon cellulaire. Je le lui donnais, d'un geste vide. Dans un sourire d'excuse, il le fracassa violemment contre le sol, et l'acheva à coups de pieds, avant d'en ramasser les plus gros morceaux pour les jeter dans les petits bosquets qui bordaient partiellement le parking.

Je ne réagis pas à son geste, bien que je ne le comprenne pas plus que je ne comprenais ce qui m'arrivais depuis cinq jours. Maxime posa une main réconfortante sur mon épaule et se tourna vers Quentin, qui l'imita sans poser de question, mais tout autant empli d'incompréhension. Ils se tournèrent ensuite vers Johanna, qui affichait une mine choquée. D'une main hésitante, elle saisit son téléphone, mais ne put se résoudre à l'exploser. À la place, elle le tendit à Clément d'un air résigné. Ce dernier le prit et s'exécuta rapidement, plaçant ensuite un bras rassurant autour de ses épaules.

- Prenez les sacs dans le coffre, et allons-y, déclara-t-il solennellement, nous ferions mieux de ne pas traîner ici.

Ce que nous fîmes tout de suite, peu désireux de s'attarder au milieu d'un lieu si exposer. Nous rejoignîmes la gare, où seul un couple d'étranger, hollandais probablement, et un groupe restreint de sortie scolaire lycéen attendait à l'intérieur. Maxime jeta un coup d'œil au panneau d'affichage, et nous informa qu'il nous restait le temps de nous changer avant d'embarquer. Alors que je m'apprêtais à lui demander où nous nous rendions, Johanna me tira en direction des toilettes.

Une fois seule, elle se tourna vers moi, et je trouvais soudain cette scène étrange. De n'être plus que nous deux, et toujours dans les vapes, en pyjama, dans une toilette étrangère, me donnais l'impression de faire une mauvaise soirée à base d'alcool fort et de drogues hallucinogènes.

- Comment tu te sens ? S'enquit ma meilleure amie d'un air préoccupé.

- Vaseuse, avouais-je honnêtement. J'ai du mal à savoir si tout ça est réel. Au fond je crois que j'ai juste peur d'ouvrir les yeux.

- Waouh, et depuis quand tu es philosophe ? Se moqua-t-elle gentiment, en me souriant dans un clin d'œil amusé.

Je souris faiblement. Je savais bien que son enjouement forcé n'était que pour m'aider, mais je ne parvenais pas à lui rendre la pareille pour la rassurer.

- Je suis terrifiée aussi, me confia-t-elle après un petit moment de silence où je m'appliquais à sortir mes habits de mon sac. Mais moi je crois que si on cède à la peur, on pourra pas surmonter tous ces... trucs étranges. Et puis, on est ensemble, et je sais pas pour toi, mais je me sens capable de beaucoup quand je suis avec toi.

IslynnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant