Chapitre 26 Zora

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Il me fallut plusieurs heures pour me calmer et me remettre de mes émotions, durant lesquelles je restais prostrée en position fœtale. J'attendis de ne plus avoir la moindre larme en moi, plus une once de tristesse ou de colère non plus, d'être totalement vide en somme, pour me lever avec difficulté. Je marchais machinalement jusqu'à mon Cavalli, encore sous le choc de ce qui venait de se passer.

Durant le trajet, je gardais les yeux fixés devant moi, abattue. Même le fait d'être dans les airs ne parvenait pas à m'amuser ne serait-ce qu'un peu. La seule chose qui me vint quand j'atterris dans la cour du château, fut une peur irascible de croiser Sébastien. Je ne l'aurais pas supporter. Heureusement, j'arrivais dans ma chambre sans croiser personne.

Là je me laissais tomber sur mon lit, décidée à attendre mon heure sans provoquer plus de catastrophe. Mais quelques coups à ma porte me firent sursauter. Dans un espoir inavouable, je l'ouvris à la volée, m'attendant à trouver Sébastien. Mais ce fut Rosa, une expression inquiète sur le visage qui se tenait devant moi. Je m'effaçais pour la laisser entrer, ne pouvant m'empêcher d'être terriblement déçue.

- Que s'est-il passé ? Me demanda-t-elle sans s'en focaliser. Sébastien vient de rentrer et de s'enfermer dans sa chambre. Il refuse de parler à qui que ce soit, et ne veut rien avaler. J'ai eu si peur qu'il te soit arrivé quelque chose...

- C'est pour lui que tu aurais dû avoir peur, répliquais-je amèrement.

Elle me jeta un regard interrogateur et il ne m'en fallut pas plus pour craquer et tout lui avouer. Elle m'écouta patiemment, et alors que je craignais de me remettre à pleurer, il n'en fut rien. Sans doute avais-je écouler mon quota pour la journée. Surement, même. Lorsque j'eu fini, elle me prit dans ses bras et me berça affectueusement.

- Ne soit pas trop dur avec toi-même, mon enfant. Il arrive souvent que l'on dise des choses que l'on ne pense pas quand on est en colère, me rassura-t-elle. Ce n'est pas la fin du monde. Je sais que cela peut te sembler dur à croire, mais il s'en remettra et finira par te pardonner, tout comme tu le feras.

- Je ne vois pas comment il pourrait, soupirais-je en repensant avec douleur au visage affreusement blessé qu'il avait eu. Il doit me détester.

- Allons, ne dis pas des choses pareils. Que vous le vouliez ou non, vous êtes liés à vie, me rappela-t-elle avec douceur. Je suis certaine que vous vous retrouverez, tôt ou tard. Pour l'heure, chasse ses mauvaises pensées de ton esprit, et réjouis-toi, tu vas enfin revoir ta famille.

J'aurais aimé pouvoir suivre son conseil, mais j'en étais bien incapable. Au lieu de cela, des images et flashs de notre dispute tournaient et retournaient dans ma tête.

- Tu prendras soin de lui, quand je serais partie, n'est-ce pas ? La suppliais-je d'une voix chevrotante.

- Bien-sûr mon enfant, m'assura-t-elle en hochant la tête. Je veillerais sur lui, comme je l'ai toujours fait. En attendant, je vais t'apporter de quoi te remplir le ventre. Tu as un long voyage à faire, et je refuse que tu le fasse le ventre vide.

J'eus un triste sourire, touchée par la gentillesse et l'attention dont elle faisait toujours preuve envers moi, sans jamais faillir. Elle avait été un pilier essentiel pour moi lors de mon séjour ici, et mon cœur se serra en pensant que je ne la reverrais peut-être plus. Pourquoi étais-ce si dur de quitter ce château ?

Je me forçais à avaler le copieux repas que Rosa m'apporta, néanmoins mon estomac était noué et plus d'une fois, je crains de régurgiter tout ce que je mettais dans ma bouche. Au dehors, le soleil commençait à peine à décliner dans le ciel, et l'heure de mon départ me paraissait si lointaine. J'essayais de me coucher, me disant que j'allais avoir besoin de repos pour la suite de la journée, et alors que je pensais ne pas trouver le sommeil, tourner en rond dans mon lit, sans pouvoir fermer l'œil, je m'endormis instantanément. J'étais épuisée, mentalement et émotionnellement, et apparemment c'était suffisant pour me laisser emporter dans les bras de Morphée.

IslynnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant