Je dormis très peu cette nuit-là. Mon sommeil était agité de rêves étranges, que j'oubliais aussitôt que je me réveillais. Je m'étais glissé dans le lit de Johanna, qui ne se sentait la force de dormir seule en ce lieu inconnu non plus, mais sa présence ne suffisait pas à me rassurer. Je me tournais et retournais dans tous les sens, sans réussir à me laisser emporter dans les bras de Morphée. Et lorsqu'enfin j'y parvins, je fis un rêve qui ne me quitterait plus.
J'étais au beau milieu d'un lac à la profondeur si faible que seuls mes mollets étaient immergés. Des pierres scintillantes reposaient au fond de ce dernier, de toutes les couleurs et aussi brillantes que des étoiles. L'eau était tiède et me laissait une douce sensation sur les jambes. Je fis quelques pas dans cet univers mystérieux, jusqu'à ce que je ne tombe sans aucune raison dans les profondeurs sombres et glacés de ce lac, qui n'existaient pourtant pas. Loin de m'y noyer, j'y flottais étrangement, jusqu'à ce qu'un visage diabolique n'apparaisse devant moi.
C'était indéniablement une femme, mais c'était bien là la seule chose qu'elle avait d'humain. Ses yeux luisaient d'un éclat démoniaque, sa peau était d'une pâleur cadavérique, et son sourire était tordu en une grimace menaçante. Je tentais immédiatement de fuir cette atrocité qui me toisait d'un air mauvais, mais elle me souleva comme si je n'avais jamais été autre chose qu'une poupée de chiffon. Je me débattis du mieux que je pus, mais force était de constaté que je pouvais peu. La créature informe et énorme m'arracha le cœur dans un rire d'outre-tombe, avant de me laisser mollement retomber sur le sol.
Je gisais sur ce qu'il me semblait être de l'herbe, un trou béant dans la poitrine. Un rayon de soleil pointa le bout de son nez, éclairant un miroir qui était apparu là, au milieu de nulle part. Je me trainais jusqu'à lui, rampant faiblement sur le sol, pour me glisser à l'intérieur de ce dernier, où je retrouvais Quentin, qui me fixais, debout. Il se pencha sur moi, pour examiner ma blessure, puis s'arracha lui-même le cœur pour le couper en deux et placer une partie dans le trou de ma poitrine.
Je me réveillais brusquement, en sueur, mon cœur bien en place mais palpitant trop vite. Je me sentais mal, oppressée et incapable de respirer correctement, comme si ma poitrine était compressée. Je me levais sans un bruit et quittais la chaleur étouffante de la pièce pour retrouver l'air frais du château. Mais ce n'était pas assez et je décidais de sortir dehors pour me permettre de me calmer. J'eus un peu de mal à trouver la sortie, car s'il ne m'avait pas parût si grand de l'extérieur, il l'était bien assez pour que je m'y perde. J'atterris par hasard dans les jardins de celui-ci, que je ne connaissais pas, et me laissais tomber là.
La nuit était calme et silencieuse, hormis quelques bruits de feuilles, soulevées par le vent. Néanmoins, il y avait quelque chose qui me semblait inhabituel. Je mis un long moment à savoir ce qui n'était pas ordinaire, ne le remarquant que lorsque je levais les yeux au ciel. Les étoiles, bien qu'aussi brillante que dans notre monde, étaient teintées de toutes les couleurs. Le spectacle me laissa sans voix tant il était beau et singulier. Je le contemplais avec admiration, incapable d'en détacher mon regard, jusqu'à ce que des bruits de pas se fasse entendre derrière moi.
Je me retournais vivement, pour découvrir mon grand-père, enveloppé d'une longue robe de soie rouge qui s'avançait lentement vers moi.
- Tu ne dors pas ? Me demanda-t-il doucement en s'asseyant à mes côtés.
- Je n'y arrive pas. J'ai fait un mauvais rêve, avouais-je en frissonnant, me souvenant avec horreur de celui-ci. Comment avez-vous su où j'étais ?
- Je t'ai vu de ma fenêtre, m'expliqua-t-il en me la désignant du doigt.
Il y eut un court silence
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Islynn
FantasyLeslie et Zora sortent tout juste du lycée, fraîchement diplômées, prêtes à affronter leurs études. Mais il semblerait que le destin en ait décidé autrement. Les voici donc toutes deux projetées dans un monde dont elles ne savent rien, excepté qu'e...