Chapitre 28 Zora

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Nous avions marché une bonne partie de la nuit, sans que je ne prononce un mot. Allana avait respecté mon silence, ressentant probablement l'agitation qui m'habitait. Ce qui n'avait pas empêché Maelys et Thomas de se chamailler tout le long du trajet, d'une façon si fusionnelle que j'en déduisis qu'ils le faisaient presque constamment. Au lever du jour, alors que le soleil pointait le bout de son nez, nous venions d'atteindre la lisière de la forêt qui s'étendait jusque sur les montagnes que j'observais de loin depuis la fenêtre de ma chambre.

Là, épuisés par notre route, nous décidâmes de nous accorder une petite pause. Je ne pouvais détacher mes yeux de ces hauteurs titanesques qui nous surplombaient, et tandis que Thomas et Maelys s'asseyaient un peu plus loin, Allana vint se poster à mes côtés.

- C'est là que nous allons, m'apprit-elle en me les désignant du doigt. Elles paraissent lointaines vu d'ici, mais nous y serons vite.

- J'espère que tu as raison. J'ai tellement hâte d'y être et de revoir ma sœur, soupirais-je.

Elle posa une main sur mon épaule et la caressa doucement pour me réconforter. J'étais encore étonnée de la connectivité que nous avions si instantanément développé. Elle n'avait pas besoin de me parler pour que je ne me sente mieux, même si le son mélodieux de sa voix m'apaisait plus que je ne l'aurais pensé.

- Je suis désolée, murmurais-je en baissant la voix pour qu'elle seule m'entende. Je ne suis surement pas aussi démonstrative que tu l'aurais voulu, mais c'est un réel soulagement d'être enfin en ta présence.

- Pourquoi me dis-tu ça ? S'enquit-elle, pensive.

- C'est important pour moi que tu le saches, répondis-je en plongeant mes yeux dans les siens. Je...

J'hésitais un instant à poursuivre, mais je me ravisais bien vite. La gentillesse et la compassion que je lisais dans ces yeux me donnait l'impression que je pouvais lui parler de n'importe quoi. Elle avait comme une aura qui l'entourait, et qui me poussait à lui accorder ma confiance.

- Sébastien n'a pas bien réagi quand il apprit que tu venais me chercher, expliquais-je en détournant les yeux pour cacher la tristesse qui m'envahissait, bien que ce soit inutile. Je n'ai pas été capable de le rassurer, au lieu de ça je me suis énervée et je l'ai blessé. Je ne veux pas refaire cette erreur.

- Sébastien ? Réagis-t-elle, haussant un peu la voix et fronçant les sourcils. Le frère du tyran ? C'est lui, ton autre Arsif ?

- Je pensais que tu le savais, supposais-je en réalisant que je venais probablement de parler trop vite.

- Je l'ignorais.

Un léger silence suivit cette nouvelle, qu'elle s'empressa de rompre, me rassurant :

- Ça n'a aucune importance, je suis simplement surprise. C'est plutôt ironique, non ?

Je souris faiblement, me remémorant le moment où Aleister avait prononcé ces mêmes mots.

- Tu n'es pas la seule à le penser, lâchais-je amèrement.

- Qu'importe, décida-t-elle en balayant l'air d'un geste de la main. Nous ne sommes pas obligé d'en parler, si tu ne le veux pas.

- Ce n'est pas ça, c'est juste que je ne suis pas sûre d'être très à l'aise avec le fait d'être lié à deux personnes, avouais-je, livrant pour la première fois le fond de ma pensée. J'ai comme l'impression que c'est mal.

- Rien de tout ça n'est ta faute, me contredit aussitôt Allana en m'obligeant à la regarder. Tu ne l'as pas choisi.

- C'est bien la seule chose que je n'ai pas à choisir, me désespérais-je.

IslynnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant