Le soleil déclinait dans le ciel, et la nuit menaçait de tomber. D'un commun accord, nous décidâmes de nous arrêter au détour d'une cavité rocheuse, qui bordait la rivière que nous longions. Je laissais tomber mon sac avec un soulagement certain. J'avais les jambes en coton et le dos en compote. Mais, pour la première fois, je commençais à apprécier le voyage.
Tous s'activèrent à la préparation du campement de fortune où nous passerions la nuit, à sa manière. Quentin et Hyppolite partirent chercher du bois pour le feu, tandis que Rosalie sécurisait le futur emplacement de celui-ci à l'aide de grosse pierre. Célian fureta les environs pour y trouver quelques racines comestibles, tandis que Léovia me réquisitionna pour préparer le repas.
Nous déballions des morceaux de viandes crues et pas franchement appétissants, avant de les mettre dans les écuelles de fer, que nous poserions sur les flammes par la suite. Célian revint le premier, les bras chargés de tout un tas de denrées, apparemment alimentaire, prenant le temps de me présenter chacune d'entre elles. Léovia ne se gênait pas pour y aller de ses commentaires, qu'ils soient taquins ou tout à fait sérieux.
Seul Rosalie, qui comme à son habitude, resta silencieuse et ne décrocha pas un mot. Mais à vrai dire, ce n'était pas ce qui m'importait le plus pour l'heure. Hyppolite et Quentin ne tardèrent pas à faire leur apparition, les bras chargés de branches presque trois fois plus imposantes qu'eux. Avant même que je ne me demande comment nous l'allumerions, sans briquet ni allumettes, Rosalie tendit sa main en direction des branches, et elles s'enflammèrent aussitôt.
J'écarquillais les yeux, stupéfaite, mais le visage fermé et peu aimable de cette dernière me poussa à ravaler ma curiosité et à garder pour moi mes questions. Heureusement, Hyppolite, bien que timide, se montra bien plus ouvert et nous proposa même une séance d'entraînement pendant que notre frugale repas cuisait. Ce que nous acceptions avec empressement.
Il se révéla être un professeur indéniablement plus patient et moins sévère que ne l'était Enguerrand. Durant l'un de nos combats, je me pris à penser à nos amis, rester au refuge, qui me manquaient déjà plus que je ne l'aurais imaginé. Ma distraction me valut un coup de bâton en pleine tête, qui me fit tomber à la renverse.
- Je suis vraiment désolé ! S'exclama Hyppolite en se précipitant à ma hauteur pour m'aider à ma relever. Parfois j'ai du mal à contrôler ma force.
- Ce n'est rien, le rassurais-je en frottant mon front endolori. Mais je crois que je vais prendre une petite pause.
Je me dirigeais vers Léovia, qui remuait les braises et surveillait que le repas ne carbonise pas. Je m'asseyais à ses côtés, et elle m'accueilli d'une remarque moqueuse sur la bosse qui venait d'apparaître sur le haut de mon crâne. J'aimais la façon dont elle prenait les choses à la légère et le fait qu'elle dise à voix haute tout ce qui lui passait par la tête. J'en profitais donc lui faire part de mes interrogations au sujet de son Arsif. Ce qui parut l'amuser.
- C'est vrai qu'elle peut sembler froide, admit-elle en détaillant cette dernière, assise un peu plus loin, à l'écart de notre petit groupe. Elle a toujours été ainsi. Et pour dire vrai, je crois qu'elle ne cherche pas vraiment à se faire des amis. Elle a beaucoup souffert par le passé. Son père les battaient, sa mère, sa sœur et elle lorsqu'elle était enfant. Il a fini par tuer sa mère lors d'une dispute particulièrement virulente, avant de se suicider par peur des représailles. Sa sœur, qui n'était qu'un bébé, est morte peu de temps après d'une maladie qui a causé des ravages au sein de notre royaume, il y a quelques années de ça. Elle est la seule survivante de sa famille, et elle tient à le rester, m'expliqua-t-elle avec compassion. Une survivante, pas la seule de sa famille, ajouta-t-elle dans un sourire.
VOUS LISEZ
Islynn
FantasiLeslie et Zora sortent tout juste du lycée, fraîchement diplômées, prêtes à affronter leurs études. Mais il semblerait que le destin en ait décidé autrement. Les voici donc toutes deux projetées dans un monde dont elles ne savent rien, excepté qu'e...