chapitre 13 Leslie

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Je fus réveillée par le crissement métallique du train sur les rails. Ma tête me paraissait lourde, comme encombrée. Je mis bien quelques minutes à me souvenir de la veille dans les moindres détails. Un rapide coup d'œil autour de moi, m'apprit que mes compagnons dormaient encore, Maxime bavant sur son siège, Johanna et Clément étant collés l'un à l'autre. Seul Quentin était assis en tailleur près de la fenêtre et regardais le paysage défiler à toute vitesse.

J'aurais voulu l'interpeller, lui signaler que j'étais éveillée, mais je ne savais quoi dire. Je pris le temps de me frotter les yeux et de m'étirer largement, cherchant intérieurement que dire. Mais en faisant cela, j'attirais son attention et ce fut lui qui parla le premier :

- Bonjour Leslie. Tu as bien dormi ? S'enquit-il d'un ton presque badin, chuchotant pour ne pas déranger les autres.

- J'ai déjà passée de meilleures nuits, répondis-je honnêtement. Et toi ?

- Je dors plutôt mal quand je suis angoissé, avoua-t-il à son tour.

Je hochais la tête, compréhensive, mais incapable d'ajouter quoi que ce soit de compatissant. Mon ventre s'en chargea pour moi, grognant sans vergogne et sans discrétion, manifestant son affamement. Quentin sourit, tandis que je pressais dessus pour le faire taire.

- Nous devrions essayer de trouver le wagon-bar, suggéra-t-il en se levant. Je meurs de faim, moi aussi.

Bien que le moment ne me paraisse pas des plus appropriés, je trouvais cette idée tout à fait excellente. Je me levais à son tour et le suivit hors de notre wagon, puis à travers le dédale du train. Même si j'ignorais l'heure qu'il était, le soleil dehors était déjà levé et dardait ses premiers rayons sur les fenêtres atrocement sales du train.

Nous passions rapidement commande d'un petit déjeuner, puis nous assîmes à l'une des tables du restaurant, vide. Je mordis avidement dans mon croissant, laissant mon regard traîner sur la campagne Italienne qui émergeait doucement. Le temps me parut soudainement étrangement suspendu. Comme si le train nous encapsulait dans une temporalité toute nouvelle et propre à elle-même.

- Que se passera-t-il ensuite ? Demandais-je brusquement, alors que Quentin avalait ses premières gorgées de café.

- Je l'ignore, répondit-il sincèrement. J'imagine que pour le moment nous devons nous fier aux jumeaux.

- Ça me terrifie, lâchais-je d'une voix blanche.

- De devoir faire confiance à Maxime et Clément ? Me taquina-t-il. Oui, ça me paraît être une réaction normale.

Sa blague m'arracha un sourire timide et je ne pris pas la peine de préciser ma pensée. De voir Quentin gérer la situation comme il le faisait, avec tant d'aisance, me donnait le courage nécessaire pour rester forte. J'avais envie de lui montrer que je pouvais rester maître de mes émotions, moi aussi.

Nous changeâmes de sujet de conversation, pour quelque chose de plus léger et anodin. Je profitais pleinement de ce petit moment de calme, qui prit fin un peu trop vite à mon gout. Bien assez tôt, le train entra en gare, et nous dûmes rejoindre nos compagnons, qui sortaient doucement et tour à tour de leur sommeil. Nous attrapâmes nos maigres paquetages et descendions du train. Nous quittions tout juste le quai, nous apprêtant à traverser le hall bondé de la gare pour en sortir, quand Clément se raidit.

- Nous sommes suivit, signala-t-il à voix basse. La femme avec tee-shirt noir et le chapeau rose. Elle ne nous a pas lâcher depuis le début.

- On doit l'éloigner de la foule avant que ça ne dégénère, ordonna Maxime en m'attrapant par la main. Suivez-moi.

IslynnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant