Sur le chemin de la tanière des lutins de l'Est, Rosalie nous tira par les bras, Quentin et moi, marchant loin derrière Gonzales et ses soldats, qui se dodelinaient d'une démarche guillerette.
- Avant que vous ne fassiez une gaffe qui pourrait nous coûtez la vie à tous, il y a quelques petites choses que vous devez savoir sur ce peuple, nous annonça-t-elle à voix basse pour que nous seuls puissions l'entendre. Premièrement, même si c'est le cas, ne vous avisez jamais de leur dire qu'ils ressemblent à des trolls. Ils nourrissent une haine féroce envers ces derniers, et c'est pourquoi ils se font appeler lutins. Deuxièmement, ne refusez jamais, au grand jamais, la nourriture qu'ils vous offriront, même si vous n'avez plus faim ou que leurs plats vous semblent immangeables. C'est un manque de respect qu'ils ne sauraient tolérer. Troisièmement, ne faîtes jamais l'erreur de vous penser supérieur à eux, ils sont extrêmement susceptibles. Si vous respectez ça, tout devrait bien se passez, compris ?
Nous hochâmes tous deux la tête d'un même geste. Je commençais à me demander si c'était une bonne idée d'avoir accepté leur hospitalité pour la nuit.
- Oh, et une dernière chose, nous retint Rosalie. Juste pour que vous le sachiez, ils ont parfois la folie des grandeurs.
Elle ne mentait pas en disant cela. Ces petits êtres avaient élus domiciles dans des grottes souterraines, dont l'entrée était une porte de pierre cachée par d'épais feuillages. Nous n'eûmes aucun mal à y passer, n'ayant pas même besoin de nous baisser. Derrière cela, nous découvrîmes un espace immense et si haut que même si nous nous mettions tous bout à bout, nous ne pourrions en toucher le plafond. Là avait été installés des dizaines de petites chaumières faîtes de branchages dans lesquelles nous pourrions tout à fait tenir debout sans difficulté.
En y regardant de plus près, je m'aperçus que les murs de leurs maisons n'étaient pas seulement des branches posées çà et là, mais que ces dernières avaient été tressé entre elles avec beaucoup de soin. Autour de chacune d'entre elles avaient été placées de petites fleurs séchées, de manière tout à fait aléatoire. Au milieu du cercle que formaient ces petites habitations absolument charmantes, un grand feu brûlait avec ardeur, autour duquel des dizaines de lutins s'activaient sans que je n'arrive à voir avec exactitude ce qu'ils faisaient.
En nous apercevant les petites créatures s'arrêtèrent, et se mirent à nous suivre du regard, dans d'adorables murmures aigus. Gonzales se percha sur une pierre naturellement surélevée, me prit la main et la levant, annonça d'une voix forte :
- Mes chers lutins, préparez nos meilleurs plats et sortez nos meilleures barriques de vins, ce soir nous festoyons en l'honneur du retour de la reine d'Islynn !
La nouvelle résonna dans les profondeurs de la cavité où nous nous trouvions, et fut acclamée avec beaucoup d'enthousiasme. Gonzales redescendit de son perchoir et me tira par le bras.
- Viens, m'ordonna-t-il, je voudrais te présenter à ma chère et tendre et à notre petit. Il y a longtemps que nous attendons ta venue, elle ne me pardonnerait pas si je ne le faisais pas.
Je jetais un coup d'œil à Rosalie pour m'assurer qu'elle approuvait cette idée. Elle m'y encouragea d'un signe de tête et disparue avec le reste du groupe, entrainés par les lutins. Gonzales me traîna jusqu'à une petite maison, en tout point identique des autres, si ce n'est un peu plus en retrait. Il poussa la porte, qui s'apparentait plus à un rideau de feuilles verdoyantes, et m'invita à y rentrer. L'intérieur était aussi joli que l'extérieur, composé d'une seule mais grande pièce, où trônait de petits meubles semblables à ceux d'une maison de poupée, en bois ou terre cuite. Devant une petite table, nous tournant le dos, s'agitait une petite lutine. Gonzales se racla la gorge et elle se retourna vivement, un adorable bébé dans les bras.

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Islynn
FantasyLeslie et Zora sortent tout juste du lycée, fraîchement diplômées, prêtes à affronter leurs études. Mais il semblerait que le destin en ait décidé autrement. Les voici donc toutes deux projetées dans un monde dont elles ne savent rien, excepté qu'e...