Chapitre 29 Leslie

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Dans mes songes, une voix m'appelait. Je mis un certain temps à ouvrir les yeux et comprendre que ce n'était nullement la voix que j'entendais d'habitude, mais celle de Rosalie, penchée au-dessus de nous. Ne me levant apparemment pas assez vite à son gout, elle me secoua vivement, ce qui était une très mauvaise idée puisque j'avais le cœur au bord des lèvres.

- Allez, debout, somma-t-elle d'une voix exaspérée et pressante. On a encore de la route à faire.

J'ouvrais avec difficulté les yeux, en me tenant la tête. Je me sentais vaseuse et nauséeuse, et j'avais la très désagréable impression de recevoir une centaine de coup de marteau dans la tête à la minute. Je maugréais, et regardais tout autour de moi, les souvenirs de la veille me revenant doucement et douloureusement en mémoire. Je devais bien admettre que le vin avait laissé quelques séquelles au sein de mon organisme et je regrettais déjà de m'être laissé aller de la sorte la veille au soir.

À mes côtés, je sentis Quentin bouger lentement et un grognement m'apprit qu'il était probablement dans le même état que moi. Je me tournais vers lui, et je me pris à penser qu'il n'avait rien perdu de sa beauté malgré la dure soirée que l'on venait de passer.

- Allez, nous pressa encore Rosalie en tapant impatiemment du pied. On devrait déjà être partis. Vous n'avez pas plus de deux minutes pour vous remettre et me rejoindre dehors. Je vais voir où en sont les garçons, soupira-t-elle d'un ton las.

Elle sortit sur ces mots, et le bruissement des feuilles qu'elle traversa résonna bien trop longtemps dans ma tête. Je m'assis, prenant ma tête entre mes deux mains pour tenter, vainement, de rassembler mes idées.

- Elle est encore pire que ma mère, se plaignit Quentin en se redressant à son tour.

- Je crois que nous ferions mieux de ne pas traîner, préconisais-je en relevant ma tête, lentement pour contrôler les bourdonnements de mon estomac.

Ce que nous fîmes, non sans sentir les ravages de la veille dans l'entièreté de nos corps. Mal en point, nous rejoignîmes Rosalie, une expression énervée gravée sur le visage, et Léovia qui ne paraissait pas plus fière que nous. Elle s'était laissé tomber sur le rocher le plus proche de son Arsif, les jambes repliées sur sa poitrine.

En attendant les garçons, nous restions tous trois simplement en place, sans chercher à faire bonne figure. Gonzales ne tarda pas à nous rejoindre, la mine plus fraîche et rayonnante que nous tous réunis. Il vint dans notre direction de sa même démarche guillerette, visiblement complètement remis de sa soirée de beuverie. J'ouvrais de grands yeux, surprise et envieuse d'une telle capacité.

- Eh bien mes amis, en voilà une tête, s'amusa-t-il en se postant devant nous. Ne vous en faîtes pas, Rita va vous apporter de quoi chasser cette vilaine gueule de bois.

- Eve soit loué, souffla Léovia. Je vais vraiment en avoir besoin.

La petite lutine ne tarda pas à arriver, se dodelinant jusqu'à notre hauteur, un petit pot de terre dans les mains, empli d'une substance visqueuse. Elle me le présenta, se mettant sur la pointe des pieds pour que je puisse y avoir accès.

- Tenez, mangez ça, nous conseilla-t-elle en souriant. Ça fera disparaître tous vos maux, efficacité garantie.

En dépit de l'apparence peu ragoutante du plat qu'elle tenait, je ne me méfiais pas et piochais dedans, songeant que leur vin n'avait pas meilleure allure. Je regrettais ce manque de scepticisme dès que la substance eut touché ma langue. J'eu un relent que je ne contenu que difficilement et portait ma main à ma bouche pour ne pas le recracher aussitôt. Me souvenant des promesses de Rita et de la mise en garde de Rosalie, je m'obligeais à déglutir, péniblement.

IslynnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant