Chapitre 31 Leslie

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Je me réveillais en pleine nuit, en sueur. S'il ne faisait aucun doute que je venais de faire un cauchemar, je n'en n'avais aucun souvenir. Mon mouvement brusque réveilla Quentin, contre qui j'étais blotti. Il s'enquit de mon état d'un regard interrogateur, et je le rassurais de la même manière, pour ne pas alerter les autres dehors. Il m'ouvrit les bras pour que je m'y glisse, et à peine fus-je de nouveau contre lui, se rendormit. Mais je ne parvenais à trouver le sommeil cette fois-ci. Lassé, je décidais au bout de longues minutes de sortir de ce tronc. Juste devant, je trouvais Hyppolite qui menait son tour de garde, assit devant quelques braises encore rougeoyantes. Je le rejoignais et il leva la tête vers moi.

- Je peux te remplacer, si tu veux, lui proposais-je en me laissant choir à ses côtés.

- C'est gentil, mais je viens juste de commencer, répondit-il. Tu devrais aller dormir encore un peu.

Devant le silence qui suivit son conseil, il comprit et reprit, gentiment :

- Ou alors tu peux rester me tenir compagnie, si tu en as envie.

J'acceptais, reconnaissante. Dehors, l'air était plus frais et par moment devenait glacial à cause du vent. Je grelotais, ce qui n'échappa pas à Hyppolite, qui me tendit sa cape.

- Enfile ça, me dit-il d'un ton attentionné. Elle ne sent pas très bon, mais elle devrait te tenir au chaud.

Sa remarque m'arracha un sourire et je m'enroulais dedans.

- Je ne dois pas sentir meilleur, remarquais-je, amusée. Le dernier bain que j'ai pris était au refuge...

- C'est vrai que j'ai déjà connu des compagnons à l'odeur plus agréable, me taquina-t-il en me donnant un petit coup d'épaule.

Je ris doucement, pour ne pas réveiller nos amis endormis, et il jeta une autre buche dans le feu, tisant les nouvelles flammes à l'aide d'un bâton.

- Dans combien de temps crois-tu que nous arriverons ? Demandais-je en fixant le feu, absorbée par ses mouvements vacillants.

- Le mieux placé pour te répondre serait Célian, éluda-t-il en se grattant la tête. Mais je crois que nous ne sommes plus très loin. La sombre forêt n'est pas très grande, Eve soit loué.

- Pourquoi s'appelle-t-elle ainsi ? Voulus-je encore savoir.

- Tu as de la chance, c'est une question à laquelle je peux répondre, annonça-t-il fièrement. Il y a deux ans lorsque le tyran est monté sur le trône, il a envahi cette portion de la forêt pour en extraire le minerai qu'elle dont elle regorgeait. Il a ravagé ces terres pour se faciliter la tâche, ne laissant derrière lui qu'une étendue désolée et inhabitable, qui est rapidement devenue le refuge des bêtes sauvages et autres immondices. Aujourd'hui, elle est devenue un lieu a évité à tout prix, si l'on ne veut pas s'attirer d'ennui.

Je frissonnais, repensant au cri lugubre que nous avions entendu plus tôt dans la journée.

- Je comprends mieux pourquoi mon grand-père était aussi réticent à nous y envoyer.

Il eut un rire nerveux, dont je ne saisis pas la raison.

- Je suis désolé, c'est juste que c'est étrange de l'entendre appeler ainsi, m'expliqua-t-il. Non pas parce qu'il est notre roi, mais parce qu'il n'est pas plus âgé que ne le sont mes parents.

- C'est vrai que je n'imaginais pas avoir un grand-père aussi jeune que lui, souris-je à mon tour. Il pourrait presque être mon père...

Ces paroles me firent l'effet d'un coup de poing dès que je les eu prononcé. Je ne m'étais pas encore habituée à l'idée que mon père n'était pas celui avec qui j'avais grandi, mais un illustre inconnu dont je ne savais que le nom.

IslynnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant