chapitre 4 Zora

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Je n'étais pas vraiment habituée à recevoir de l'empathie de la part de Leslie. Et, bien que j'apprécie son geste, une fois encore, elle se trompait. Je ne voulais pas marcher pour ne pas les avoir dans mes pattes. Enfin si, d'un certain côté, car l'idée d'un trajet avec eux ne m'enchantais guère, mais ce n'était pas la raison principale. Loin de-là.

- Tu n'as pas compris, rétorquais-je cyniquement, sans me préoccuper de baisser d'un ton pour ne pas être entendue. Il est hors de question que je monte dans une voiture conduite par des adolescents assez immature pour l'avoir volée à leurs parents, et qui, par-dessus tout, n'ont même pas le permis.

Je marquais une petite pause, puis en croisant le regard sidéré et furieux de ma sœur, je réalisais que j'avais jeté une sorte de silence sur le petit groupe. Réalisant que j'y étais peut-être allée un peu fort, je me rectifiais, m'adressant directement aux jumeaux :

- Ne le prenez pas mal.

Si Maxime se contenta de hausser les épaules pour me faire comprendre ce qu'il pensait de mon avis, Clément se montra plus acerbe.

- Je ne vois pas comment je pourrais, répondit-il apparemment vexé, en me jetant un regard noir.

Au moins, ma mère avait raison, je suis douée pour me faire des amis. Mon ironie m'arracha un sourire, et je remontais mon sac sur mon épaule, avant de conclure :

- Au moins, vous avez une place de libre en plus.

Puis je me retournais et pris le chemin du chalet, à travers les bois. Mais alors que je m'éloignais, savourant ce moment de solitude à marcher avec ma musique et celle de la forêt, une voix s'éleva derrière moi.

- Attends, je viens avec toi.

Je fis volteface, interdite. Je n'avais pas reconnu la personne qui avait parlé, mais il me paraissait peu probable que quelqu'un ne veuille réellement m'accompagner. Surtout quelqu'un que je ne connaissais pas.

- Normalement, en vous serrant bien vous pourrez vous épargner un trajet inutile, insista un jeune homme que je n'avais même pas remarqué.

- Non, Admen, ne te sens pas obligé, objecta Leslie dans toute sa bienveillance naïve. Et toi non plus Zora. Tu peux toujours changer d'avis, m'encouragea-t-elle d'un geste de la main.

- Sans façon, déclinais-je.

Je repris mon chemin, et dans mon dos, mon cauchemar se profilait.

- T'en fais pas Les', j'adore marcher, confessa Admen. Et puis au moins ça évite à tout le monde d'attendre. Crois-moi, d'une pierre deux coups, c'est pas si mal.

- Quel héro ! Se moqua une voix que j'identifiais comme celle de Johanna.

- Peut-être, mais je vous laisse quand même mes bagages. J'ai pas vraiment le courage de les porter moi-même.

- Tu ne connais même pas le chemin ! S'opposa encore ma sœur, en haussant la voix, ce qui signifiait qu'Admen se rapprochais de moi, à mon grand damne.

- Je suis sûr que Zora si, répondit effectivement ce dernier, presque à ma hauteur.

Il aurait été malhonnête de ma part de dire que je n'avais pas envisager de le laisser se perdre dans la forêt, mais Leslie ne me l'aurait jamais pardonné. Alors j'ai continué de marcher, les yeux fixés devant moi, ôtant l'oreillette droite de mes écouteurs, par pure civilité. Je n'ai pas ralenti le pas pour autant, et il du accélérer le sien pour me rattraper complètement. D'abord j'eus l'espoir qu'il ne me parle pas du tout, que mon aigreur l'intimide suffisamment. Ce ne fut pas le cas, à vrai dire, il était encore plus curieux et difficile à éconduire que ma sœur jumelle. À mon grand damne.

IslynnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant