Ma première pensée fut que j'avais horriblement mal à la tête. Une douleur vive et fulgurante me traversait le crâne. Les souvenirs des événements me revenaient doucement en mémoire, quoiqu'encore flou et confus. Ma gorge se noua et alors que je reprenais progressivement conscience de mon corps, je fus confrontée à quelque chose d'aussi effrayant, qu'inattendu et inquiétant. J'étais ligotée à un arbre. Les cordes entravaient le moindre de mes mouvements. Je parvenais à peine tourner la tête.
Autour de moi, je ne pouvais discerner qu'une petite étendue d'eau sur ma droite et des arbres à perte de vue. Derrière moi, légèrement plus à gauche, je discernais une lueur vacillante. Un feu de camp, probablement, dont quelques voix émergeaient, trop faibles pour que je ne les distingue clairement. Devant moi, le soleil pointait le bout de ses rayons, projetant une jolie lumière orangée sur l'orée du bois qui s'étendait indéfiniment, qui contrastait définitivement avec la terreur qui grondait et montait de plus en plus en moi.
Soudain, des voix percèrent derrière l'arbre auquel j'étais attachée, et mon premier réflexe fut de fermer les yeux et de feindre un coma toujours aussi profond. Lorsque les voix se rapprochèrent, je ne pus discerner avec certitude leur nombre, mais il était certain qu'elles étaient exclusivement masculines. De même qu'il était évident que les voix se dirigeaient vers là où je me trouvais, et que cela me glaçait le sang.
Je fus bientôt en capacité d'entendre le son de leur pas sur l'herbe encore humide de la rosée. Ils se campèrent devant moi et restèrent ainsi un long moment, probablement à me contempler, et je l'espérais à me croire assommée.
- Toujours pas réveillée ! S'amusa l'une des voix, hilare. T'as dû y aller sacrément fort, Sébastien.
Ledit Sébastien ne répondit rien et laissa planer un silence, entrecoupé de quelques ricanements. Je sentis mon cœur s'accélérer et je fis de mon mieux pour le contrôler. Puis l'un des deux hommes se pencha sur moi, son visage à quelques centimètres du mien, de sorte que son souffle chaud n'effleure ma peau. Je dû faire un effort surhumain pour ne pas retenir ma respiration et ne pas reculer mon visage, priant pour qu'il ne perçoive pas le boucan que faisait mon cœur affolé. Au bout d'une poignée de secondes, qui me parurent durer des heures, l'inconnu se releva et je sentis un poids s'envoler de ma poitrine. Les pas s'éloignèrent dans la direction même d'où ils étaient venus, et s'évanouirent au loin, dans des rires gras.
Je n'osais pas relâcher mon attention et ouvrir les yeux. Au bout d'un long moment d'attente, je les entrouvris prudemment pour découvrir, au comble de mon effroi, un homme qui se tenait de dos devant moi. Il devait avoir la vingtaine, peut-être moins. Ses cheveux bruns, mi-long s'affolaient doucement sous l'effet du vent, frôlant ses épaules à la carrure carré, couvertes d'une cape sombre.
- Je savais que tu étais réveillée, me dit-il d'une voix douce et froide, qui me provoqua des frissons dans le dos.
Il se tourna vers moi, et je découvris un visage grave, impressionnant et presque menaçant, mais par-dessus tout qui m'étais totalement inconnu. Ses petits yeux d'un marron terne avaient une lueur de méchanceté qui me clouait sur place, et les traits tirés et anguleux de ses joues lui donnait un air très atypique. Il croisa les bras et s'agenouilla pour être à ma hauteur. Il me dévisagea, avant de défaire mes liens d'un coup de poignards agile, sans un mot. Paralysée par la peur, je ne bougeais pas, et attendis sans rien faire. Il se releva et me tendit la main.
- Tu devais savoir que nous allions te retrouver, Marie N'aie pas l'air si effrayée, nous ne te ferons aucun mal, me rassura-t-il en agitant sa main devant ma tête pour que je la saisisse.
Ce que je fis, abasourdie. Cet homme venait de m'appeler par le prénom de ma mère, sans la moindre hésitation. Ou alors ce n'était qu'une simple coïncidence, me souffla ma petite voix intérieure. Quoi qu'il en soit, je compris rapidement que j'avais plutôt intérêt à ne pas contredire mon ravisseur. Il tira sur mon bras pour me relever d'un coup brusque, me fit presque voler.

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Islynn
FantasyLeslie et Zora sortent tout juste du lycée, fraîchement diplômées, prêtes à affronter leurs études. Mais il semblerait que le destin en ait décidé autrement. Les voici donc toutes deux projetées dans un monde dont elles ne savent rien, excepté qu'e...