chapitre 25 Zora

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Mon calvaire se poursuivit encore quelques jours. Chaque minute de chaque heure qui me séparait de ma prétendue évasion était rongé par la décision que je ne parvenais à prendre. Devais-je réellement choisir entre ma famille et mon Arsif ? Apparemment oui, et le temps filait à une telle vitesse, me rapprochant de plus en plus de ce moment fatidique.

Sébastien et moi étions de plus en plus proche, malgré la distance que j'essayais de mettre entre nous. Mais j'échouais lamentablement. Il m'était impossible de m'éloigner de lui, surtout lorsqu'il faisait de son mieux pour la briser, n'en comprenant surement pas les raisons. Cela me compliquait plus encore la tâche. Il ne rechignait devant rien pour me sortir de ma morosité devenue quasi constante, allant même jusqu'à me laisser gagner l'un de nos combats. C'était plus que je ne pouvais en supporter.

Rosa aussi se montrait à la fois compréhensive et la plus attentionnée qui soit, me voyant perdre la joie qui m'habitait à mon arrivée ici peu à peu. Le matin où elle s'assit sur le rebord de mon lit, une expression de tristesse compatissante sur le visage, m'annonçant que les Arsifs du roi arriveraient le soir-même fut le pire de tous. Je ne savais toujours pas ce que je devais faire, et l'échéance arrivait à son terme.

Lorsque Sébastien vint me chercher pour notre entraînement quotidien, je ne me sentis pas la force de passer la journée avec lui. Je prétextais que mon corps était trop douloureux pour que je ne me lève aujourd'hui, cherchant à tout prix à éviter son regard. Néanmoins, plutôt que de refermer la porte et de me laisser me lamenter sur mon sort, il s'approcha de moi me prenant les deux mains dans les siennes.

Comme lorsque que j'étais entrée dans une colère noire à la découverte de sa blessure au bras, je sentis une vague apaisante traverser mon corps. La douleur disparue presque instantanément, qu'elle soit physique ou mentale. Mes pensées furent soudain moins troubles, beaucoup plus claires, et lorsqu'il me lâcha, je savais avec exactitude ce que je voulais.

- C'est mieux ainsi ? Me demanda-t-il avec douceur.

- Je ne me suis jamais senti aussi bien, répondis-je sincèrement. Oublions l'entraînement, j'ai à te parler. Mais pas ici, il nous faut un endroit à l'abri des oreilles indiscrètes.

- D'accord, accepta-t-il, surpris de ce soudain changement de comportement de ma part. Je voulais justement te montrer quelque chose.

Quelques minutes plus tard, nous arrivions devant une petite cabane, perdue au milieu des champs. Nous laissions nos Cavalli devant l'entrée, et il me fit fermer les yeux avant que nous ne pénétrions à l'intérieur. J'obéis, et il me guida au milieu de l'unique pièce, me donnant enfin la permission de regarder ce qui m'entourait. Ce que je découvris me coupa le souffle.

Des dizaines de pots de fleurs de toutes sortes et toutes couleurs avaient été placés çà et là, embaument le cabanon de leurs parfums délicats. Le spectacle était d'une telle beauté qu'il me coupa le souffle, m'empêchant de prononcer le moindre mot.

- Tu aimes ? Voulu-t-il savoir, d'une voix assurée.

- C'est magnifique, réussis-je enfin à prononcer. Tu as fait ça pour moi ?

- Oui, confirma-t-il fièrement. Je sais que tu les aimes bien. Je me suis dit que ça te plairait.

Sa réponse ne fit que me conforter dans la décision que je venais de prendre, et avant que je ne puisse ajouter quoi que ce soit, il s'enquit :

- Alors, de quoi voulais-tu me parler ?

Je m'asseyais au milieu de ce décor idyllique, et il en fit de même. Là, je lui racontais tout, sans omettre le moindre détail. Je lui parlais de la prophétie, de ce que Rosa m'avait raconté, de ma sœur et de mon grand-père, de mon Arsif qui était en chemin, et de mon évasion prochaine. Il écouta sans m'interrompre, les yeux fixés sur les fleurs devant nous. Lorsque j'eus fini, il laissa un silence s'installer, probablement le temps de digérer ce qu'il venait d'apprendre. J'étais bien placée pour savoir ce qu'il devait ressentir en ce moment même, aussi je respectais cela et attendit qu'il soit prêt à parler.

IslynnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant