Chapitre 43

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Que ce soit Issam, le médecin, ou les infirmières je n'accepte d'aide de personne.
Layth vient vite avant que je ne meurs à mon tour.

Les yeux rivés vers la fenêtre, je ne pense à plus rien.
Tous ce qui prouve que je suis encore vivante est mon souffle, court. Je me sens vide, l'être qui m'étais le plus chère au monde nous as quittés il y a maintenant 23 minutes exactement.

Arrivée à l'hôpital, j'ai été prise en charge.
Une pince et un médecin ont suffit à me retirer mon bébé, inerte par le choc de ma chute.
Elle n'était pas encore correctement formée et pourtant tellement belle.
Ils m'ont proposés de la prendre avant de l'emmener à la morgue mais j'ai décidé d'attendre celui que je réclamais.
Il doit être présent dans ce mauvais moment. Après tout elle reste sa fille.

Il y a 23 minutes j'ai demandé à l'appeler, et maintenant qu'il est là depuis 16 minutes, je ne le regarde pas.
Je compte les minutes, les secondes sans détourner mon regard de cette fenêtre. L'heure tourne et la chance que j'ai de pourvoir la prendre avant de l'enterrer se fait moins propice. Si j'attends plus, aucun de nous ne pourrons la voir. Trop blanche et froide pour des parents si fragiles. Personne n'est fort dans cette épreuve.

Lui: Layal pourquoi t'es ici ?

J'avais demandé à lui annoncer.
Je me devais de lui avouer en personne que par ma faute, par un peu de jus renversé au sol, notre enfant est morte.
Il l'aimait je le savais, mais m'aimera t-il moi si je lui dit toute la vérité ? Le temps nous le diras...

Je tourne ma tête vers ce visage plein d'inquiétude.
Je me dis que dans quelques secondes des larmes orneront ces jolies joues, que des insultes habiteront sa jolie bouche.
Tous ça à cause d'une petite chute, tous ça à cause de moi !

Moi: ... Faut que je te dise quelque chose.
Lui: Ça fait un quart d'heure que j'attends.
Moi: 18 minutes !
Lui: C'est pareil.
Moi: Non...

Non mon amour ce n'est pas pareil...
Maintenant 25 minutes que notre bébé n'habite plus mes entrailles. Je me sens vide depuis 25 minutes et 15.. 16... 17 secondes.

Moi: Je suis tombée tout à l'heure... Sur le ventre.

9 mots. En 9 petits mots Layth a réussi à comprendre ce que je faisais dans ce lit d'hôpital.
Son visage se déforme en une grimace que je ne saurais décrire. De la tristesse ? Colère ? Haine ?
Oui c'est ce que je ressentais envers moi même aussi.

Lui: Elle... Elle est morte ? Loujayn est morte ?
Moi: Loujayn ?
Lui: C'est grâce à ta mère que nous avons été mariés, je me devais de lui rendre hommage !

Ses mots me fendent le cœur. Je pourrais citer ses défauts sans m'arrêter mais c'est un homme formidable.
Grâce à lui je ne me suis pas trouvée à la rue, j'ai connu l'amour d'un homme et celui donné à un enfant. Il m'a certes blessée mais je l'oublie de jour en jour. Je peux dire qu'aujourd'hui c'est comme si je voyais sous mes yeux l'homme parfait. L'homme de mes rêves, et celui-ci était Layth !

Moi: Je suis désolée...

Je craque. C'est sous ses yeux pleins de larmes que je tombe en sanglot.
Il vient à mes côtés et me prends dans ses bras. Je me fou de l'étique ou de la gravité de nos actes face à la religion, pour moi nous ne sommes que deux parents anéantis face à la mort de leur enfant. Notre Loujayn s'en est allée et j'espère que le seigneur l'accueillera les bras ouverts. Oh Allah, fait d'elle comme une de tes serviteurs les plus fervents.

Chronique - Sauvée par mon mariageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant