Chapitre 46

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A cette idée je me précipite de déchirer l'enveloppe.
Mes yeux parcours les lignes, des lignes qui commencent à devenir floues au fil des mots.
Flouées par mes larmes, des larmes qui menacent de couler.
Elles sont nombreuses, ça faisait un mois que je ne les avais plus vues sur mon visage.
La seule chose que je peux vous dire c'est que ce n'était pas des larmes de tristesse.
Ces larmes reflétaient mon pardon...

Oui les larmes coulaient, des larmes de pardon.
Je ne peux que pardonner un tel homme, un homme honnête dans sa démarche et sans arrières pensées.
Cette lettre contenait toute sa vie, son espoir, son désespoir.
Ibrahim a été l'homme qui m'a bousillé la vie, aujourd'hui je vais abréger ses souffrances.

Il dit m'aimer, mais ne me demande pas en mariage.
Il dit vouloir mon pardon, mais ne me le demande pas en face.
Il dit me protéger, mais ne daigne même pas m'approcher.
Certaines filles le considérerait comme un traitre, moi je le prend comme un homme droit et pieux.
Ibrahim tu n'es plus celui que tu étais, Ma Shâ Allah.

J'espérais certes que cette lettre viennent de celui que j'aime, celui qui a su dompter mon cœur, celui qui m'a fait mal mais qui en retour m'a fait tellement de bien. Celui qui a aujourd'hui le titre de père de mon enfant, celui qui a été mon mari, le seul que je puisse aimer.
J'espérais qu'il daigne me donner de ses nouvelles, j'espérais tellement de lui au final.

Je ne tombe pas de haut.
Cette lettre n'a pas été conçue par Layth mais je l'aime tout autant, je ne vais pas l'ignorer.
Elle m'en aura fait tombée des perles salées, ça m'a fait le plus grand bien.
Un homme honnête, une lettre honnête, un pardon honnête, une journée franche.

En voulant la ranger dans son enveloppe je découvre deux billets.
Deux morceaux de papiers qui contiennent une destination de rêve.
Un qui porte mon nom et l'autre qui n'est pas signé, encore un choix ?
Il me faut le voir, lui dire, lui demander, le remercier.
Je ne voulais plus le voir il y a encore quelques minutes et maintenant je ne souhaite que le prendre dans mes bras.

J'emporte avec moi son œuvre et sort de ma chambre en trombe sous le regard surpris de ma famille.
Sous le regard de beaucoup de personne je me rends au bloc 4, l'endroit où l'homme qui m'a touchée vit.
Je ne calcule rien autour de moi, je ne vois rien d'autres que ce grand bâtiment que je ne tarde de pénétrer.

Un coup d'œil à sa boîte aux lettres, quelques marches et je me surprends toquer à sa porte.
Généralement c'était les forces de l'ordre qui tapait, les temps changent.
Ibrahim n'est plus ce qu'il était, je ne suis plus ce que j'étais, les gens changent.
Trop de changements en si peu de temps.

Moi: As-Salam Aleykoum.

Il me regarde, n'a pas l'air de réaliser.
Sous les yeux j'ai cet homme en Qâmis blanc, celui qui m'évitait et pourtant qui m'observe.
Si contradictoire et pourtant complémentaire. C'est Ibrahim, un homme complexe.

Ibrahim: Aleykoum Salam Layal.
Moi: Ça va ?

Stupide question je vous l'accorde.
Je ne savais que dire face à lui, je pensais mais les mots ne savaient comment s'échapper.
Il me déstabilise, cet homme rayonnant me fait perde mes moyens.
Je me sens mal face à lui, je ne sais pourquoi...

Lui: Hamdûlillah, et toi ?
Moi: [...]
Lui: Layal je veux te l'entendre dire.
Moi: [...]

Les larmes se mettent à couler, encore une fois.
J'ai mal, je ne veux pas le dire.
Je me persuade du contraire, j'essaye de paraître devant les autres mais au fond je sais que rien ne va.
Aujourd'hui on me demande de briser cette carapace, la carapace que j'ai dû me forger depuis leurs départs.
Loujayn et Layth, deux personnes qui m'ont quittées.

Chronique - Sauvée par mon mariageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant