L'infirmière continua de me regarder dans les yeux, attendant une réponse. Je ne savais pas quoi répondre, si je disais que oui, tout irait mieux pour moi et ma famille se ferait arrêter. Mais... Où serais-je allé ? Je n'aurais plus eu de toit. La tante d'Ashton ne voulait plus de moi, je ne pouvais pas aller chez Calum car je n'osais pas. Chez Hailey encore moins, je ne pense pas que sa mère aurait accepté qu'un garçon vive tous les jours avec sa fille. Et je refusais d'être dans une famille d'accueil, ma plus grande peur était de tomber sur pire famille encore. Si je lui disais que non, l'enfer continuerait pour moi mais au moins j'aurais un endroit où vivre. Il était hors de question que je vive seul dans la rue. Je n'avais pas d'argent, j'étais frileux, et j'avais peur du noir. Je levai les yeux vers l'infirmière.
« N..non ils me battent pas... Pourquoi...?
- Ah. J'avais un doute à cause du comportement de ton frère, mais je me suis trompée visiblement et tant mieux ! Dit-elle en souriant. Je souris légèrement à mon tour pour que mon mensonge passe crème.
- Oui tant mieux... Mh. Je pourrais contacter un ami ?
- Bien sûr. Prends le téléphone de l'hôpital juste là. » dit-elle en me le pointant du doigt.
Je le pris alors et composai le numéro d'Ashton que je connaissais visiblement par coeur, c'était le seul numéro que j'avais réussi à retenir de toute ma vie. D'ailleurs, je devrais apprendre celui d'Hailey aussi, ou du moins essayer. Je mis le téléphone à mon oreille et attendis longuement, avant de tomber sur la messagerie. Mon visage se décomposa lentement, j'avais vraiment besoin de lui et de lui parler, mais apparemment il était occupé. Je rendis tristement le téléphone à l'infirmière.
« Fais pas cette bouille Luke, il rappellera sûrement.
- C'est le téléphone de l'hôpital, il saura pas que c'est moi.
- Alors tu le rappelleras plus tard. »
Sur ces mots, elle me sourit avant de caresser mes cheveux pour me rassurer et quitter la pièce. C'était bizarre si je me sentais plus aimé à l'hôpital que chez moi ? Car c'était malheureusement le cas. Je finis par m'endormir, complètement fatigué par mes six jours de coma et par tous ces produits qui étaient introduits dans mes veines.
*
Quelques jours plus tard, l'infirmière m'annonça que je pouvais quitter l'hôpital après avoir vu que je m'étais bien remis de ce coma. Et contrairement à tout le monde, je n'étais pas heureux de devoir le quitter. Là bas, les infirmières me chouchoutaient, elles me disaient toujours que j'avais une bonne bouille, que j'étais mignon, sage, gentil, et j'en passe. Elles étaient toujours là pour s'occuper de moi et je commençais à les prendre comme mes mères. Mais malheureusement ça ne l'était pas et je devais revenir à la triste réalité: devoir retourner chez moi.
L'infirmière m'expliqua que je ne devais pas retourner à l'école pour le moment et que je devais rester me reposer chez moi quelques jours, histoire d'être bien en forme pour reprendre. Elle m'expliqua aussi que j'allais avoir un suivi psychologique suite à ma tentative de suicide, ce suivi allait être plus approfondi que le premier que j'avais eu à l'âge de mes treize ans lors de ma première tentative. Ça ne m'enchantait pas vraiment, je détestais voir des psys, j'avais l'impression qu'elles ne m'aidaient en rien et que c'était une perte d'argent pour pas grand chose. Mais j'y étais obligé.
Une fois toutes ses explications terminées, elle me laissa partir. Je sortis de l'hôpital, prit une grande bouffée d'air frais, puis avançais lentement vers la maison du malheur. D'un coup, une idée me vint en tête. Il était seulement quinze heures et Ashton finissait ses cours à seize heures. Je changeai donc de direction et me dirigeait vers le lycée pour pouvoir attendre Ashton à la sortie et enfin voir l'une des personnes qui me rendait heureux. Je préférais attendre une heure dehors plutôt que de rester chez moi. Une fois arrivé devant le lycée, je m'assis devant le bâtiment et m'allumai une cigarette. Mon dieu, ça faisait tellement du bien de fumer après plus d'une semaine sans rien. J'avais énormément ressenti le manque de cigarette après m'être réveillé du coma mais l'infirmière m'interdisait d'en fumer, ce qui était évident. Elle savait me dire ce qu'il fallait faire ou pas, c'était pas comme mon frère qui lui me disait "vas-y, fume le plus que tu peux, comme ça tu chopes un cancer du poumon et tu crèves plus vite". Elle me manquait déjà énormément, c'était fou à quel point je m'attachais vite aux personnes qui savaient prendre soin de moi.
VOUS LISEZ
Save me from hell - Lashton
FanfictionAvoir fait l'effort de lui parler malgré ma timidité et mon anxiété est bel et bien la meilleure chose que j'ai pu faire.