Eden est une jeune coréo-américaine, fille de yakuza. Depuis son enfance, son destin est étroitement lié à son ami et garde du corps Jungkook. Installés au Japon, ils vivent sous le même toit. Secrètement amoureuse de lui, Eden va tenter de se rappr...
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Alitée, madame Sato était épuisée par la maladie. Ses cheveux blancs semblaient ternes tout comme son regard sans vie. Allongée dans son futon, elle restait désespérément immobile, si bien qu'en entrant, Eden crut qu'elle était morte. Jungkook, agenouillé près du lit japonais, tenait la main de la vieille femme : de son pouce, il caressait sa peau ridée. Comme elle a l'air maigre, s'inquiétait Eden. Sa grand-mère allait bientôt la quitter à son tour. La jeune fille regrettait d'être venue la voir : elle garderait cette image si triste de la personne qui s'était si bien occupée d'elle. Un médecin auscultait la vieille femme. Crispée, Eden attendait le verdict du docteur Mashima. Derrière elle, adossé contre un mur, Taehyung observait la scène d'un air grave. Enfin, le médecin se releva.
- Elle a contracté des problèmes pulmonaires l'hiver dernier. Ses poumons sont obstrués en plus de la tumeur qui l'a transformé à l'état végétatif en quelques jours. Je ne pense pas qu'elle survive à la nuit prochaine.
- Mais ce n'est pas opérable ? Je veux dire : on ne peut plus rien faire pour elle ?, s'agita Eden en s'avançant vers le docteur Mashima.
- Mademoiselle, madame Sato frôle les 80 ans. Une telle opération serait trop lourde pour une femme aussi fragile. Laissez-la partir au chaud dans son lit plutôt que sur une table d'opération. Faites-lui vos adieux avant qu'elle ne parte.
Jungkook serra un peu plus fort la main de la mamie. Même en condition de légume, elle conservait son visage doux et chaleureux. Eden semblait même apercevoir un léger sourire aux coins de ses lèvres fines. À la voir ainsi, la jeune fille préférait la voir s'en aller en paix. Dans peu de temps, la vie allait quitter ce corps qui avait contenu la personne la plus douce que l'on puisse connaître. Eden se laissa glisser au sol et rampa jusqu'au lit. Elle s'installa délicatement en posant sa tête contre le cœur de madame Sato. Jungkook posa la main de la vieille femme qu'il tenait sur les cheveux d'Eden. Celle-ci ne put contenir quelques larmes. Elle entendait son cœur qui battait encore. Les derniers battements d'un cœur affaibli par le temps.
- Obaasan ?, chuchota Eden.
Eden était consciente qu'elle ne pouvait lui répondre, mais ce n'était pas sa voix qu'elle écoutait mais son cœur. L'amour se transmet par le cœur,et non par de vaines paroles. Écoute mon cœur ma chérie, il te dira toujours je t'aime. Si un jour, on m'empêche de parler, on n'empêchera pas mon cœur de battre pour te dire je t'aime, lui avait un jour soufflé sa grand-mère adorée. Jungkook contemplait avec Taehyung les adieux d'Eden pour sa très aimée obaasan. Pendant un instant, Eden crut sentir une pression sur sa tête : la main de madame Sato. Elle ne sut jamais si ce fut une caresse ou bien simplement sa main qui avait légèrement glissé sur ses cheveux. Les pulsations du cœur étaient de plus en plus atténués. Non ! Continue à me dire que tu m'aimes obaasan !, criait intérieurement la jeune fille. La vie s'échappait d'elle. Jungkook se pencha vers son amie et l'incita à quitter la pièce. Sans lutter, Eden sortit mollement de la chambre. Elle se rendit compte qu'elle avait une folle envie d'en découdre avec quelqu'un. Peu importe qui subirait son courroux mais elle devait cogner sur un être humain. Jungkook, occupé à accompagner madame Sato dans une mort douce, ne serait pas présent pour calmer les pulsions nerveuses d'Eden. Elle était totalement incapable de gérer seule ses émotions. Sa montre indiquait 11h26. Elle irait au lycée. Rapidement, elle enfila un sweat-shirt à capuche, une paire de Vans et fila à son école. La tête pleine d'idées de torture, de sang et même de meurtre, elle avançait d'un pas décidé. Chaque passant était une cible potentielle. Le regard froid, elle s'imaginait en train de frapper sur toutes les personnes qu'elle croisait. Eden était dangereusement incontrôlable. Peu de personnes pouvaient la maîtriser lors de ses crises nerveuses qui parfois devenaient de l'hystérie pure et dure. Un sac de frappe ne suffisait plus à soulager son agitation : elle devait faire du mal à quelqu'un. Au portail du lycée, un surveillant l'interpella en la retenant par l'épaule :
