Chapitre 5 - Le Dôme

230 29 24
                                    


"Dans une société malade, c'est le sain d'esprit qui est fou."

Tu as déjà dû lire quelque part, ou eu par toi-même cette même idée. À écouter le récit d'Amandine, une étrange impression m'est venue : l'enfermement, l'oppression d'un système qui cherche à nous écraser, à nous imposer le silence, non pas directement, jamais directement ; les attitudes, les prémices d'un geste ou d'une parole, avec tout ce qui en découle comme intentions, suffisent à nous faire comprendre qu'on ne doit en rien perturber leur monde. Leur monde qui tourne si bien.

Nul besoin de violence ou d'insuffler la peur pour contrôler, chaque citoyen est une aiguille de la grande horloge qui règle la vie sous le Dôme. En rond, ils marchent chacun de leur côté aux bruits des tics et des tacs de leurs pas, au même rythme, standardisé. Il leur faut aller, on les attend. Pour quoi faire ? Leur fonction. Ils y vont, tout simplement.

Et si Amandine était la seule à en ressentir l'absurdité de ce mouvement, est-ce que ce ne serait pas elle qui aurait un problème ? Je pense bien évidemment le contraire, mais il est horrible d'en venir à une telle question... Rien ne devrait nous conduire à nous la poser ! Amandine n'avait alors vécu que sous le Dôme, elle n'avait pas connu autre chose. Pourtant, sans savoir comment cette idée lui était venue, elle était persuadée, encore aujourd'hui, que son monde est en souffrance.

Peut-être le lui avait-on soufflé à l'oreille... J'ai mon avis sur la question.

Mais parlons d'autre chose.

Je suis incorrigible, à peine l'histoire commencée, je nous en ai déjà sorties. Excuse-moi... Pourrions-nous, alors, profiter de cette hauteur pour explorer le monde d'Amandine avant de revenir à elle ? Demandons-lui d'où elle vient :

Imagine un Dôme gigantesque. Imagine que ce Dôme recouvre une ville immense. Imagine que cette ville soit construite en béton, seulement du béton. Imagine que le Dôme gigantesque empêche de voir au travers. Non pas que ce soit interdit de voir au-delà, mais parce qu'il est le ciel de la ville ; il est la voûte qui produit le jour, qui produit aussi la nuit, il produit la chaleur et la pluie aussi. Tout le monde vit sous le Dôme, dans une ville immense faite de béton, seulement de béton.

Alors, non ! Il n'y a pas que du béton, évidemment. De l'acier, du fer, du plomb, du verre, du plastique, du caoutchouc, et tout un tas d'autres trucs composent tous les machins qui permettent à la ville de tenir debout et au Dôme de fonctionner. D'ailleurs, on retrouve cette devise dans le monde d'Amandine :

 D'ailleurs, on retrouve cette devise dans le monde d'Amandine :

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


Ainsi vivent les citoyens de cet univers, sur cette planète, et cela depuis longtemps. Est-ce qu'il en a toujours été ainsi ? Non. Comment était-ce avant ? La première fois qu'Amandine entendit parler de ce temps-là, ce fut de la bouche d'un Intermittent du bonheur. Il lui avait confié ce que ses aïeux lui avaient confié en leurs temps. Cette parole, je te la transmets à mon tour.

Une nuit parmi les étoiles [Roman]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant